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28 nov. 2011

Edvard MUNCH


L'œil Moderne – jusqu'au 9 janvier 2012 – Centre Beaubourg

Considéré comme un peintre intimiste, tourné vers la vie intérieure, Munch est souvent considéré comme un grand artiste du 19ième siècle, symboliste ou expressionniste.
C'est oublier toute la richesse de l'œuvre de ce peintre né en un 12 décembre 1883 à Loten (Norvège), son intérêt pour le cinéma et la photographie.
La très belle exposition du Centre Pompidou nous permet de découvrir les faces cachées de ce peintre moderne.

Munch grandit à Oslo (Christiana). Une enfance marquée par la mort de sa mère et de son frère aînée, et par la maladie – dépression ou mélancolie comme l'on disait à l'époque – de deux de ses sœurs. Admis à l'école royale d'Art de Norvège, il suit un enseignement artistique complet, et reçoit une bourse qui lui permet d'aller travailler à Paris en 1889 où il découvre la peinture des impressionnistes et la photographie. Mais Munch cherche à affirmer son style, et peindre « les impressions de son âme).
En 1892, il est invité à Berlin, où ses peintures font scandales. Il se lie à un cercle intellectuel composé d'auteurs et de peintres d'origines scandinaves, dont l'écrivain Stringberg. Il s'initie aussi à la gravure et à l'eau forte.
Si il choisit de rester vivre à Berlin, Munch voyage souvent : Paris, Venise, Florence, Rome avec sa compagne Tulla Larsen. Mais les relations avec Tulla sont difficiles, et Munch, pourtant reconnu comme peintre souffre de dépressions. Il est hospitalisé en 1908.
En 1916 Munch achète une maison près d'Oslo, où il vivra, assez solitaire jusqu'à sa mort en 1944.
Considéré par le régime nazi comme artiste dégénéré, Munch laissera un millier de tableaux, près de 4500 œuvres sur papiers. En son honneur, la ville d'Oslo construit le musée Munch qui fut inauguré en 1963.

Si il y a chez Munch un coté sombre, dépressif, il ne faut pas oublier que Munch est aussi un homme qui voyage énormément, lit, et a toujours entretenu des relations permanentes avec toute l'intelligentsia du 20ème siècle. Très vite, il prend conscience de l'importance des « nouveaux médias », la photographie et le cinéma. On retrouve d'ailleurs dans certaines de ces œuvres une approche cinématographique : composition dynamique, où le « plan rapproché » met en valeur le sujet, par des effets de perspectives. Munch n'hésite pas à utiliser la perspective inversée, le gros plan, ou le dépassement des marges du tableau. Des techniques qui nous semblent acquises aujourd'hui, mais qui étaient novatrices au début du 20ième siècle.
Proche du théâtre, Munch met en scène, dans des toiles rarement présentées au public, des hommes (des soldats, des paysans ?) marchant dans la neige, et qui me semblent encore très actuelles, par le message politique qu'elles envoient : paupérité, lutte des classes, ou simple condition de l'homme. Certains visages, effrayant, portent l'expression de la mort.
Des œuvres qui tranchent avec l'univers intimiste ou psychologiques du peintre du Cri. Ainsi, les thèmes des vampires, de l'enfant malade, de l'hôpital ou des jeunes filles sur le pont sont déclinés tout au long de sa vie. Les visages sont renvoyés à des formes géométriques audacieuses, et les couleurs sont riches de mauves, de noirs, l'éclairage est soigné.

Munch a peint quelques autoportraits mais c'est surtout au travers de la photographie qu'il se représente, à tous les âges de sa vie. Développant lui-même ses photos, il utilise quelques « trucages » (variations du temps de pose) pour renforcer l'état d'âme du moment. Bien souvent, l'artiste se représente à coté d'une toile qu'il vient de peindre, malice ou fierté du peintre ?
Il tournera aussi quelques petits films à Paris, jouant sur l'architecture et la vie urbaine.

Le travail du peintre tourne autour du regard et de la lumière. En 1930, à 67 ans, Munch, une hémorragie dans le corps vitré de l'œil droit altère sa vue. Avec une précision méthodique, Munch va dessiner pendant 3 mois ce que voit son œil malade. Introspection de la vision, au delà de l'autoportrait et analyse des formes que son œil perçoit, où revient l'étrange figure d'un corbeau.

Avant tout Munch reste un peintre. Du fauvisme, il gardera dans ses toiles d'après 1900, une auréole floue, de Cézanne, il reprendra, bien avant les demoiselles de Picasso en 1908, le visage cubiste d'une femme (en 1903). Mais c'est son travail de matière qui est le plus impressionnant. Extrême matité de certaines toiles, touches fluides aquarellisées ou au contraire épaisses mais toujours maitrisées, finesse des couches ou empâtements (surtout dans les tons clairs pour mieux en faire ressurgir la lumière), c'est une grande leçon de peinture qui est exposée là, sous nos yeux, sans jamais perdre de son originalité et de sa modernité. Mais Munch ne se souciait pas de recherches théoriques, mais seulement de perceptions, et c'est peut-être là, le secret de ce peintre si complexe, si actuel, dans la richesse et la diversité de son œuvre.

Si vous passez par Paris, c'est surement l'exposition à voir actuellement.