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26 févr. 2010

Mucha, le triomphe de l'Art nouveau


Peintures, affiches, vitraux, bijoux, Alfons Mucha marqua de son style généreux et symbolique les arts que l'on dit "mineurs" opposés à la peinture ou la sculpture. Célébré et estimé par le public, on en oublie le génie de cet artiste, virtuose de la forme et profondément symboliste.

Mucha est né le 24 juillet 1860 en Moravie du Sud.
Il suit des cours de dessin, puis rentre à l'académie des Beaux-Arts de Munich. Très actif dans les milieux artistiques, il s'oriente toutefois vers l'illustration, et réalise des affiches publicitaires. En 1894, il s'installe à Paris et réalise les affiches et portrait de la comédienne Sarah Bernhardt.
Il expose par ailleurs dès 1897 à Paris, tout en voyageant à travers l'Europe. En 1900, il reçoit la médaille d'argent à l'Exposition Universelle de Paris, pour l'aménagement du pavillon de la Bosnie-Herzégovine. Il travaille pour le bijoutier Fouquet, dont il aménage la boutique, tout en créant de bijoux, des plaques décoratives.
De 1904 à 1908 Mucha enseigne à New-York et à Boston, tout en continuant ses activités de décorateurs.
De 1910 à sa mort en 1939, l'artiste partagera son temps entre son atelier à Prague, Paris, New-York et Chicago où il régulièrement exposé.
En 1931, il conçoit un vitrail pour la chapelle de la cathédrale Saint-Guy de Prague. Il publie ses mémoires "Trois déclaration sur la vie et l'oeuvre en 1936".
Il meurt des suites d'une pneumonie le 14 juillet 1939 à Paris.

Inimitable, le style de Mucha. Modèle pour toute une génération de dessinateurs et d'artistes. Si il représente des jeunes femmes stylisées, entourées de fleurs et motifs ornementaux, symboles et arabesques poétiques. Peintre de l'Art Nouveau et du Jurgenstil, Mucha puise pourtant ses influences dans l'art religieux (position sacrée de ses personnages, surfaces en mosaïque, croix ou auréoles) et byzantin, dans le Baroque de la Renaissance, mais aussi dans la gravure japonaise, au dessin linéaire.

Proche des Symbolistes et de francs-maçons, Mucha entretenait des contacs amicaux avec Odilon Redon et Gustave Moreau. Sa représentation de la femme oscille entre l'idéal féminin mythique et la femme fatale. On le sait aussi fasciné par les affiches de Toulouse-Lautrec.
Très vite, Mucha impose son style et le formalise : il pousse à l'extrême la stylisation et les motifs ornementaux, pour créer une atmosphère à la fois raffinée, mais aussi décadente. Les chevelures imposantes deviennent volutes et arabesques, les vêtements sont des étoffes drapées, les parures et bijoux sont recherchés et travaillés.

Mucha ne se limite pas aux affiches. Il réalise des panneaux décoratifs, des paravents, des calendriers, des cartes postales. En 1898, Mucha dessine des bijoux qui seront réalisés par le joaillier parisien Fouquet. Mélant or, pierres semi-précieuses, ivoire et émail, ses bijoux sont un hommage à l'art oriental et byzantin. Mucha réalise également la décoration de la boutique de Fouquet. Une oeuvre d'art totale, puisque Mucha s'occupera de tout, des meubles, des facades, des vitrages et même des ferrures. Renovée en 1923, le Musée Carnavalet a conservé toutefois certaines parties de l'installation.

Mucha réalisa des projets décoratifs de vaisselle, meubles, couverts qu'il regroupa dans l'ouvrage "Documents décoratifs", publiés en 1902.
Hélas, l'art nouveau allait décliner avec l'arrivée du 20ième siècle. Il part aux Etats-Unis en 1904. Si il jouit d'un succès en tant que décorateur ou affichiste, Mucha n'est pas reconnu comme un artiste, à l'instar d'un Monet ou d'un Seurat. De retour dans son pays en 1910, Mucha peint une série de toiles représentant la mythologie slave, mais sans rencontrer de succès. Son style est qualifié de maniéré, et le thème même de cette oeuvre n'est plus au goût du jour.

L'oeuvre de Mucha tomba dans l'oubli, avec les conflits du siècle passé, et les avancées de l'art vers l'abstraction et des façons de faire nouvelles.
On le redécouvre aujourd'hui, non seulement comme un dessinateur génial, mais comme un créateur qui a su élever l'art "utilitaire" au rang d'art, par la finesse de ses compositions, et par un esprit inventif, qui ne limitait pas le mot "art" à la seule surface d'un tableau.