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31 août 2010

Vous avez dit "Roms"


En ces temps où les charters pour Bucarest ou Sofia sont plus courants que les points de croissance, je vous propose de faire connaissance avec les "rom's", peuple méconnu, et de tordre le cou à quelques idées reçues.
La stigmatisation dont ils sont victimes, à grand renfort médiatique, véhicule aussi des clichés, alors que la civilisation romani est l'une des plus anciennes au monde.
Décryptage.
Les rom's viennent de l'Inde, de la vallée du Gange, où ils exercaient des métiers d'artisans réputés. Vers 1018, ils ont été déportés vers l'Afghanistan, en raison de leur compétence en art et artisanat d'art. Ils participent à l'avancée des seljoukides vers l'Asie Mineure et vers la Grèce (qui a donné naissance aux turcs), et puis se s'avancent dans les Balkans puis en Europe de l'Ouest au XIVème siècle.


Leur langue le romani (proche de l'Indi),est toujours parlée, vient du sanskrit et veut dire "artiste, artisan". Ils seraient aujourd'hui entre 10 et 12 millions en Europe, 3 millions en Amérique. La littérature romani s'est développée en Russie,Yougoslavie, Hongrie et Tchéquie, le plus souvent sous forme de poésie ou de proses ironiques.
La majorité des rom's sont chrétiens, souvent rattachés à des églises évangéliques. Mais on trouvera des roms musulmans, protestants ou catholiques, selon les pays où ils vivent. Plus qu'une religion c'est un état d'esprit, qui permet aux différentes religions de se greffer.
Surnommés Gypsie (en Anglais, en raison de leur supposée origine grecque) qui donnera Gitano en espagnol,  Zingaro (en italien), Tsigane et Gitan (en français) Zigeuner (en allemand), Ciganie (en langues slaves) et Cikani en tchèque. 


Leur arrivée en France remonte au 14ème siècle. On les surnomme bohémiens, mais ils sont relativement bien accueillis par les populations et les seigneurs en raison de leur savoir-faire en métallurgie. Mais ces populations nomades, refusant une totale assimilation les désigne vite comme des nomades responsables de vols ou de petits délits. Au début du 20ième siècle, alors qu'ils sont environ 100 000 sur le territoire français, l'administration leur demande de faire viser chaque semaine un carnet anthropométrique. Après la guerre, on surnomme les Rom's "gens du voyage".
Or seulement 15% des roms français sont mobiles, spécificité française car en Europe et dans les Balkans, seulement 2% des roms sont nomades. Sédentarisés, exerçant le plus souvent des activités artisanales, ils ont leur quartier dans les grandes capitales, d'Istambul à Berlin. 

Les roms ne sont pas des communautés recluses sur elles-même. Par leur passage par toute l'Europe de l'Est, ils ont été métissés, et selon les régions où ils vivent, ils vont plus ou moins échanger avec les autres populations. Rien n'interdit (à part un peu de bouderie) un mariage avec un non-rom (un gadjo, un étranger) à partir du moment où celui-ci se fond dans la cohésion familiale.



Il est difficile de savoir combien de roms circulent en France. D'une part parce que les statistiques ethniques sont interdites, de l'autre parce que d'autres populations sont regroupées sous le terme "gens du voyage". On estime toutefois que 80 à 100 000 individus sont nomades. Selon des raisons économiques (travail, marchés), la taille des aires de stationnement, l'accueil ou non des villes, les pélerinages religieux, les convois varient. Mais souvent les communautés évoluent à l'intérieur d'un même département ou d'une même région. Les roms français sont attachés à leur territoire, même si ils aiment retrouver d'autres communautés. Paradoxe, le carnet de circulation qui souvent leur sert de pièce d'identité doit être obtenu en préfecture, au service des étrangers.

La majorité des roms sans être riche peut vivre correctement. La majorité a un emploi, et les enfants sont scolarisés. En Europe, on trouvera aussi bien des pdg, des commerçants respectés d'origine romani que des mendiants. 
La mendicité est plus le fait des roms venus de Roumanie ou de Bulgarie. Mais ils ne seraient que 8 à 12000, alors que les ressortissants non roms de ces pays seraient une centaine de milliers, recrutés par des entreprises pour des bas salaires.

En Roumanie, malgré des efforts et des aides de la CEE, l'intégration des populations roms est difficile : corruption, gestion catastrophique des aides, racisme ordinaire. Les roms décident alors de tenter leur chance dans des pays riches, comme la France ou l'Allemagne. Mais ils ne peuvent en aucun cas compter sur l'aide de leurs compatriotes non roms.
Il est important de savoir que les roms venus des Balkans sont évangélistes et pieux, et qu'à ce titre, le vol ou les actions malhonnêtes sont interdites (mais comme partout il peut y avoir des exceptions). La mendicité leur permet de récolter quelques euros pour subvenir à leur besoin, parfois d'économiser pour envoyer un peu d'argent à la famille restée au pays.
Il est aussi difficile parfois, contrairement à ce que l'on pense, de faire scolariser les enfants romanis en France : certaines écoles, an mépris de la loi n'acceptent pas les enfants nomades. On trouve aussi difficilement des livres sur l'histoire des roms, sur leur philosophie de vie, entre respect sacré de la famille et plaisir d'une liberté de plus en plus restreinte. Comme partout dans le monde, les peuples nomades ne sont pas aimés, parce qu'ils ne sont pas contrôlables et pas soumis à une forme d'autorité sociétale.

Et c'est bien ce qui les désigne, en France, comme boucs émissaires, alors que les faits divers les concernant sont très limités (et toujours sans violence, quelques vols à l'arraché ou dans les supermarchés, uniquement pour subsister). 
Notons aussi que la France n'a jamais demandé à l'Europe (selon une information diffusée lors du JT de France 2 le 24 aôut à 20h) les 17 milliards d'euros de subventions permettant la meilleure intégration des roms non-français. 
(à suivre).