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17 févr. 2010

Vaudou, voyage aux Antilles 11/11


Pour clore notre série sur le vaudou, petit voyage aux Antilles. Rappelons que sous le terme générique de vaudou on désigne des religions (parfois des sectes) qui se sont inspirées des cultes et croyances des peuples africains soumis à l'esclavage, particulièrement les cultes yorubas, fons et bakongos.

Le quimbois est le nom donné aux antilles française à la pratique du vaudou, tel qu'il est pratiqué en Haïti.

En Jamaïque, on pratique la Kumina, religion et culture. La kumina provient de la kromanti, religion des premiers noirs déportés sur l'île et qui se sont insurgés contre les Anglais en 1840. Le kromanti est un dialecte parlé au Ghana par les peuples ashantis et fantis.
La Kumina s'inspire des cultes bakongos, et donc ne présente pas un panthéon structuré comme dans la religion yoruba. Les esprits (inquices) portent parfois le nom et les attributs des orishas yorubas. Omniprésents, les esprits des ancêtres qui vont aider les vivants et sont remerciés par des présents et des danses.
Plus confidentiel est le convince qui dérive de la kumina. Répandu sans organisation particulière, ces cérémonies sont donc aléatoires. Sur le plan musical, les danses kuminas sont accompagnés de tambours, alors que le convince fait appel à d'autres instruments de percussions.
Certains spécialistes musicaux affirment que le reggae proviendra des rythmes kuminas, eux même mélange de chants créoles et bakongos.




A la Barbade, on suit les rites de l'Obeah.
Al'inverse des colons espagnols ou français qui imposèrent à leurs esclaves la conversion au catholicisme, les Britanniques ne recherchèrent pas l'adhésion à tout prix à la foi anglicane de leurs migrants. Aussi tous les courants du protestantisme purent se développer dans ses régions lointaines, des quakers, baptistes, moraviens, et les pentecôtistes se retrouvaient aux Antilles pour affaires et non pour évangéliser à tout prix.
Aussi les esclaves vont se tourner vers leurs racines africaines et on assistera même à des échanges de bons procédés : les baptistes et moraviens vont adopter la pratique de la transe et du spiritisme.
Le culte Obeah ou obi vient des cultes bakongos et ashantis. On y trouve un mélange de pratiques de sorcellerie par les prêtres nommés myal-men. L'obi-man est lui un sorcier magicien et aussi l'objet destiné à symboliser l'acte magique qu'il soit positif (favoriser la chance, l'amour) ou négatif.
Le myal-man est aussi un guérisseur.
Ce culte prit tellement d'importance qu'il fut interdit en 1760 par les britanniques, notamment en raison de luttes entre les Obi et les myals - ces derniers dénonçant le pouvoir maléfiques des premiers. Les myals-men furent emprisonnés et réprimés.
L'obeah a pu se maintenir et ses rites sont toujours pratiqués à la Barbade et dans les Iles Vierges, avec de spéctaculaires danses sur échasses.



Enfin évoquons un étrange métissage entre les rites fons et les rites baptistes qui a donné lieu, à Trinidad aux Spirtuals Baptistes. Déportés de l'ancien Dahomey sur l'île, les yorubas.
Infliuencés par l'amimisme africain, les SB sont structurés en une hierarchie complexe : Leader ou Mother, puis teacher, puis berger ou guide, chaque membre a une fonction selon son dégré d'engagement. Notons la présence du guérisseur qui utilise des herbes médicinales, et de la nurse chargée de vieiller au bien-être de chacun lors des cérémonies.
Si les SB empruntent beaucoup à la Bible, avec baptèmes, et croyance dans un saint-esprit, les divinités africaines sont honorées comme saints et intègrent une vision plus globale du monde, comme faisant partie d'un tout.

Bibliographie
Liste non exhaustive mais pour ses articles m'ont été utiles :
- le Vaudou haïtien d'Alfred Métraux - livre de poche
- Vaudou de Michel Lebris aux éditions Hoëbeke
- Dialogue avec la religion africaine traditionnelle d'Albert Vianney (Editions de l'Harmattan)
- Au pays des fons : us et coutumes du Dahomey de M. Ouenum - Editions Maisonneuve Larose
- Bakongo et la pratique de la sorcellerie de Mbemba Ndoumba Gasto aux editions de l'Harmattan
- les religions africaines au Brésil de R. Bastide aux PUF
- Histoire de l'Afrique noire de Joseph Ki-Zerbo aux éditions Hatier - ses autres ouvrages sur l'histoire de l'Afrique sont remarquables.

Vaudou, et à Cuba ..


Nous l'avions évoquée dans un article précédent, mais sans la développer, la santéria est la religion la plus populaire à Cuba.
Elle reprend le panthéon des yorubas mais se métisse aussi avec les traditions des amérindiens et le catholicisme, chaque saint représentant en fait un orisha. A Cuba, les colons ont peu métissé les ethnies, ce qui a permis de garder une religion assez proche de l'originelle.

Le monde a été créé par un dieu unique Olofi, qui engendra 2 principes, Olodumare, la nature et Olorun, le soleil. Mais déçu du comportement des hommes, le dieu créateur se retire. Il répartit alors son pouvoir entre les esprits pour qu'ils guident et accompagnent les hommes. Seul Eluggua, son messager peut communiquer avec lui.
Orisha majeur, il détient les clés du destin, bonheur et malheur. Il personnifie le hasard mais aussi la mort, la montagne et la savane. Ses adorateurs portent un collier noir et rouge. Il correspond à Saint-Antoine de Padoue dans la religion catholique.

Mais d'autres esprits sont célébrés, à l'aide d'offrandes (fleurs, tabacs, menus présents) et appelés à l'aide par le biais de transes.
L'orisha Oggun est le patron des mécaniciens, des chimistes, des soldats. Il correspond à Saint-Pierre ou Saint Paul selon les régions. Ochosi est le magicien, celui qui détient les clés des magies blanches et noires, mais aussi un guérisseur. Sa mère Yemaya, mère de tous les esprits incarne le principe féminin et la mer.



Obtala est un orisha qui n'existe pas chez les yorubas. C'est le dieu de la terre, propriétaire des songes et de la justice et de la miséricorde.
Citons encore Ochun, déesse de l'amour et de la charité (son culte se confond avec celui de la Vierge Marie), la redoutée Oya Yansaa, déesse du vent et des contrastes, Chango dont le culte s'assimile à celui de Santa Barbara et enfin Babalu Ayé, dieu des malades - on le rapproche de Saint-Lazare.

A coté de ce panthéon, les esprits des ancêtres sont également fêtés.
Selon les regions, la santéria prend des aspects plus occultes et des pratiques de sorcellerie y sont développées.

Mais d'autres avatars des religions africaines sont présents sur l'Ile.
Le Palo, s'inspire des cultes bantoues et indiens et opte pour l'espagnol au début du 20ième siècle. Inspiré par les religions bantoues.
Ici, pas de panthéon structuré, ni d'emprunts à la religion catholiques, mais des cultes aux inquises, les esprits, laissant une large place à la sorcellerie et parfois à des mises en scènes macabres : pactes avec les esprits, envoûtements, désenvoûtements...
Le palo s'est également répandu dans toute l'amérique latine, avec des spécifités locales.

Mais il y a d'autres religions, parfois plus proches des sectes à Cuba et dans les antilles.
Une petite anecdote, pour vous montrer que la croyance à des rituels de sorcellerie existe toujours aujourd'hui. Hier, dans une enseigne bien connue de produits "made in ailleurs", une jeune femme - qui avait oublié ses lunettes me demande si il y avait de l'encens au camphre. Il n'y en avait pas. Elle cherchait un encens capable de refouler les mauvais esprits et de désenvouter sa maison. Elle était originaire de Cuba et bien que catholique, elle croyait qu'on lui avait jeté un mauvais sort.
à suivre...

Vaudou, l'umbanda


Dans l'article précédent, nous regardions comment les religions africaines se sont transformées au Brésil et en Amazonie.
Mais la religion la plus populaire est l'umbanda.
Issue de la macumba, qui métissait les croyances importées d'Afrique noire et celles des amérindiens, l'umbanda va ajouter le spiritisme d'Allan Kardec. En 1908, un métis, Zélio de Moraes est mystérieusement guéri d'une maladie incurable. Inspiré par le spiritisme, il fonde le culte Umbanda. Mais peu importe la réelle naissance de cette religion. Elle a permis de fédérer et de donner une cohésion nationale à un peuple aux racines métissées, et aux croyances diverses.

L'umbanda comporte un panthéon, des esprits mais aussi la croyance en la réincarnation (déjà présente dans les religions animistes africaines). Elle comporte aussi un volet moral et éthique.



Le dieu créateur, inspiré des yorubas, Olorum (nommé aussi Nizambi par les peuples d'origine bantoue est unique - emprunt au Christianisme.
Les orishas, ou esprits sont hierarchisés, et correspondent à 7 lignées, elles-mêmes divisées en section. La lignée des purs esprits correspond aux anges. Les bons esprits sont les guides spirituels du savoir. Les cabocles sont les ancêtres devenus esprits des indiens, les pretos vehlos ceux des noirs, et les crianças ceux des enfants décédés. Les balanos sont les esprits des religieux umbandas et les boiadeiros, ceux qui ont mené une vie juste.
A chaque ligne correspond un jour de fêtes, un saint ou une sainte catholique et des protections spécifiques.

Mais l'umbanda s'est progressivement divisée en plusieurs cultes, selon les régions. Les 3 principaux cultes sont :
- l'umbanda blanche, qui est fondée sur la charité
- l'umbanda croisée, qui est la seule à accepter le sacrifice d'animaux
- enfin l'umbanda spirite, qui intègre l'occultisme.
Toutes tendances confondues, l'umbanda (en opposition à la quimbanda) se veut une religion du bien et intègre la notion de karma et d'amélioration de l'âme à travers des vies successives.
Les cérémonies umbanda se tiennent dans un temple (le terreiro) et sont présidées par un prêtre. Le public est admis. On offre aux orishas du tabac, des fleurs, mais aussi de l'alcool. Les cérémonies sont suivies de danses et de transes.

Si l'Umbanda se veut une religion du bien, la quimbanda est son pendant chamanique. Considérée comme une secte parfois satanique, la quimbanda a repris tout l'héritage de sorcellerie et de magie noire de la macumba.
Elle a son propre panthéon, et ses démons et forces. Le dieu unique, Nzambi d'origine bantoue a créé l'univers et 2 entités, des esprits bénéfiques et les Exus, forces maléfiques. Ici, l'équilibre du monde repose sur des forces opposées mais complémentaires.
Le premier humain créé, sorte de Prométhée, reçoit les 7 pouvoirs et donne naissance à l'humanité.


De nombreux rites existent dans la quimbanda, des plus tolérants (les esprits sont des entités à haut pouvoir spirituels qui aident l'homme à s'élever et faire faces aux Exus) à des rites plus occultes puis à des pratiques de pure magie noire.
Les exus peuvent aussi être considérés comme des complexes au sens psychanalytique du terme, des désirs non maitrisés que l'homme doit sublimer.

Comme dans l'umbanda, les esprits sont répartis en 7 royaumes et 7 lignes. A chaque royaume correspond une catégorie d'esprit : royaume des carrefoirs qui gouverne la magie, royaume des croisements, des forêts, des cimetierres et de la magie noire, des âmes et de la mort, des lyres (arts) et des plages (rapport avec l'eau). Pour chaque ligne, un esprit est désigné pour conserver les pratiques shamaniques et magiques.
La quimbanda est aussi un culte qui se renouvelle en incorporant des esprits assez facilement, ceux de personnalités décédées ou de cultures particulières.

Vaudou, les rites en Amérique latine


Très nombreux sont les cultes issus de la religion yoruba au Brésil. On les regroupe sous le mot de candomblés, mais ils ont chacun leur spécificité. Rappelons que le culte yoruba vénère les orishas, les esprits, et que selon les régions, tel ou tel esprit est mis en avant.

Historiquement beaucoup de yorubas ont été déportés au Brésil et ils ont pu dans un premier temps continuer à pratiquer leur culte. Mais les épidémies de peste vont entraîner un déplacement des esclaves vers les régions de Rio et de Sao Paulo, où les yorubas vont retrouver des bakongos. Si les yorubas déportés venaient d'une société structurée, fortement marquée par sa religion et par son sentiment d'appartenance à son ethnie, les bantous sont plus un groupe linguisitique, sans réel panthéon.

Les saints catholiques ont servi de paravent aux divinités africaines. Si les colons avaient cherché à métisser leurs esclaves pour attiser les haines ancestrales et donc mieux les contrôler, l'Eglise, qui cherche à évangéliser et regroupe pas langues les esclaves.
Le terme candomblé est le nom donné par les Portuguais aux danses africaines, qu'ils trouvaient folkloriques. Mais c'est un terme générique, qui a donné lieu à de très nombreux courants religieux.

Le candomblé orixa

On va donc retrouver pour la langue yoruba le culte des orixas, mot portuguais pour orishas, et une permutation des esprits originels : Exun par exemple, le Dieu créateur des yorubas devient un messager entre les esprits et les hommes. Ogun est assimilé à Saint-Antoine. A chaque orixa correpond un saint cathlique et une couleur, que l'on retrouvera dans les costumes traditionnels.
Le candomblé Fon
La religion originelle des fons a pu survivre un certain temps au Brésil, avant de se retrouver métissée au début du 20ième siècle avec le chamanisme indien. D'autres croyances en sont issues, comme la Macumba et l'Umbanda.

Le candomblé Cabocle
Il est né dans la région peuplée d'indigènes, le Catimbo. C'est la rencontre entre les esprits des amérindiens et des bantous qui a donné ce courant qui lui-même s'est transformé. Dans le candomblé cabocle, les 2 communautés ont gardé chacune leurs esprits, qui sont honorés tour à tour. La pratique de la transe, après absorption de substances hallucinogènes se répand également dans la populaton noire.
La macumba est une évolution du candomblé, qui va métisser les esprits indiens et africains. En revanche, elle intègre la sorcellerie et le sacrifice d'animaux.
L'umbanda, dernière évolution de la fusion entre amérindiens et africains va se dégager du coté magique de la macumba pour devenir une religion à part entière.
à suivre dans un prochain article...

Vaudou, les rites en Amérique du Nord


Moins importants qu'en Amérique du Sud, les rites liés aux religions africaines sont tout de même présentes aux Etats-Unis. Le protestantisme anglo-saxon, tout en demandant une forte adhésion, n' a jamais empêché les regroupements communautaires et le développement de cultes ethniques. Mais comparé aux pays d'Amérique du Nord, les pratiques sont bien moins importantes et ne concernent qu'une minorité d'individus.

Le culte Orisha - Lucumi
C'est avec l'arrivée de réfugiés cubains que les pratiques vont se préciser. La santoria cubaine se mêle aux coutumes locales et donne naissance, dans le sud des Etats-Unis au culte Orisha-Voodoo.
Walter King, fondateur du mouvement et initiés par les mystiques cubains s'intéresse au culte de ses ancêtes yoruba et notamment aux cérémonies Ifa. Il en profite pour se débarasser des tendances hispaniques.
Le culte Lorumi se rapproche aussi des religions des Indiens, par un amour de la nature. La Church de Lucumi Babalu Aye a été créée en Floride (1974) et est reconnue comme religion légitime aux Etats-Unis. Débarassée des pratiques de sorcellerie, influencée par la mode "new-âge", cette église connait un grand succès auprès d'un public avide d'authenticité.

Le Hoodoo
Bien différent est le Hoodoo pratiqué en Caroline du Nord, en Georgie et en Louisiane. Là le métissage avec la santéria cubaine et les rites bakongos n'a pas permis de fonder un culte mais de laisser court à des pratiques de sorcellerie. Le seul Dieu nommé Black Man ou Dark-man selon les états est un maître initié aux pratiques de magies noire et blanche.
Le hoodoo s'est développé par les esclaves noirs des états du sud-est, mélangeant magie, médécine à base de plantes. Le terme de "conjure" désigne à la fois le sorcier et le guérisseur.
Mais le Hoodoo est aussi imprégné de christianisme. La Bible est considérée comme un puissant grimoire, et les notions de péchéset de redemption justifient des pratiques magiques voire folkloriques , aujourd'hui utilisées dans un but commercial. Le Hoodoo est probablement l'une des croyances les plus éloignées des cultes africains originels, et surement l'une des plus fantaisistes qui soit sur le continent américain.

Bien sur d'autres cultes, comme la santéria ou le vaudou, sont toujours pratiqués aux USA où ils sont considérés comme secte. Mais l'influence la plus marquante des religions africaines se trouvent aux Antilles et au Brésil.

A suivre dans nos prochains articles.

Vaudou, les rites en Haïti. 6/11


Plusieurs rites sont présents en Haïti, et certains mots ne vous seront pas étrangers.

Le culte rada vient du Bénin et vénère des loas pacifiques. Le plus connu, Papalegba est l'intermédiaire entre Dieu et les hommes. On lui offre du riz, des bananes vertes, de la cassave.
Mais citons aussi les esprits Serpent (Dambala-Oueddo, symbole de fertilité et de richesse), l'Ogun, dieu du feu, l'Agoué, esprit de la mer et son épouse Erzulie qui règne sur l'amour.
Les esprits de moindre importance, les gedé sont les loas de la mort. Paillards, parfois burlesques, certains sont redoutés comme Baron Samedi, invoqué pour les opérations de magie noire.
Enfin notons un emprunt yoruba avec le vodun Fa, qui représente l'ange gardien de l'individu.

Moins répandu est le culte bakongo originaire de congo et de l'angola. Ici les esprits se nomment loas ou radas et on dit qu'ils aiment à recevoir des chiens en sacrifice.

Le rite le plus répandu, le pétro, est la fusion entre les esprits bantous et les croyances créoles. Ici les esprits sont violents, et leurs pouvoirs de sorcellerie infini.
Dans le culte pétro on retrouve les zombis, les âmes des morts qu'un boko (sorcier) met à son services. Pratiquant la magie blanche comme la magie noire, le boko connait les secrets de plantes et des substances pouvant ralentir le rythme cardiaque et simuler une mort réelle. Mais seul les ugas pour les hommes et les mambos pour les femmes, prêtres sorciers peuvent prier les loas, dessiner des vévés, dessins au sol destinés à purifier un lieu et préparer le macoute, la sacoche en paille contenant des herbes médicinales.
Très important est le culte des morts, afin qu'ils ne viennent pas déranger les vivants et soient de bons intermédiaires avec les loas. Certaines cérémonies comme le désounen (rite de séparation de l'esprit du mort initié vaudou) sont toujours pratiquées.

Mais les religions animistes africaines ont donné lieu à des cultes multiples, en Amérique du Nord et dans certains pays d'amérique du Sud. Panorama dans un prochain article.

Vaudou, la mutation américaine.5/11


Hasard des articles et de l'actualité, une pensée à toutes les victimes du tremblement de terre en Haïti, pays déjà tant démuni.

Dans les articles précédents, nous avons vu comment la religion vaudou qui alimente tant de fantasmes, prenait ses origines dans des grandes civilisations africaines, Yoruba et sa sous-ethnie fon, et Bakongo. Mais quelle est la religion pratiquée en Haïti ?

Laissons les clichés de côté. Le vaudou est une religion, animiste, et donc très éloignée pour nos esprits occidentaux de ce que nous nommons religion. Dans les religions animistes, le lien avec Dieu est pragmatique et se fait par le biais d'esprits, émanations d'un dieu créateur mais invisible et jamais représenté.
Ces esprits sont attachés d'une part aux forces de la nature qui gèrent et relient l'homme au cosmos, et d'autre part à la lignée, aux ancêtres, qui vont réguler les relations sociales. Né au Bénin, le vaudou évolue et intègre à ses esprits propres d'autres cultes locaux. On devrait parler de vaudous et non pas d'un ensemble figé. Selon la ville, l'ethnie, tel ou tel esprit sera mis en avant ou chassé selon l'histoire du clan.


Avec l'esclavage, les peuples déportés aux Amériques se sont vus dans l'interdiction de vénérer leurs esprits et de se convertir au catholicisme. De plus la structure sociale a volé en éclats, et des ethnies diverses se sont retrouvées. Tout en assimilant les saints catholiques comme esprits, les africains ont continué à pratiquer leur religion, notamment quand le regroupement d'ethnies a été possible ou alors ont métissé leurs divinités pour faire retrouver leurs racines.

En Haïti, tout comme en Lousiane, les esprits ont perdus leur nom de voduns pour devenir des loas (ou lwas ou misté du mot mystère, ou zanji - les anges ou saints). Les esprits dans la religion originelle sont regoupés en famille, par exemple celle des Oguns qui regroupe l'agressivité, bonne ou mauvaise et qui se décline en esprit de la guerre, en orage, en tonnerre ou en esprit des forges.

Selon les régions, des esprits différents et des cultes différents ont émergés, même s'ils interfèrent entre eux. C'est là une différence majeure avec nos modes de pensée occidentaux, les religions et les cultes évoluent et ne restent jamais figés dans le temps. Car derrière des "déités" aux noms et attributions poétiques et profondément humains, ce sont les énergies qui sont vénérées pour garder l'équilibre d'un monde, dans lequel l'homme n'est qu'un élément, certes un peu turbulent, mais qui doit garder sa place dans l'immense univers mais aussi dans la société (le clan) afin que le "bon vivre" y règne.

Vaudou, du coté des Bakongos 4/11



C'est l'un des très grand peuple d'Afrique : les bantous originaires d'Afrique de l'Ouest se répartissent du Congo au Gabon et jusqu'en Namibie. Regroupant plusieurs ethnies, le peuple qui nous intéresse vit au Congo et en Angola, et a "exporté" ces cultes et rites en Amérique.

Proches des yorubas, les bakongos croient en un dieu unique (Nzambi mpongo) qui a créé l'Univers, puis les animaux et les humains. Comme chez les yorubas et les fons, ce dieu a créé aussi des esprits, les kimpungulu, chargées de veiller sur l'équilibre du monde. Mais les kimpungulu ne font pas l'objet d'un culte ritualisé, mais de magie. Les ancêtres deviennent aussi esprits.
A l'instar des religions animistes, un dialogue se crée avec le monde invisible et les ancêtres, élévés au rang de divinités, sont des guides destinés à aider et conseiller les individus. Le culte de l'ancêtre permet aussi la transmission des valeurs de la famille ou du clan et sa préservation.

Chez les Bakongo, les forces invisibles peuvent servir le bien comme le mal. C'est par des rituels de magie blanche que le clan se protège des méfaits des esprits, mais la magie noire, pour jeter un sort à un ennemi est aussi utilisée. Pas de prêtre, ou de chamane (ce terme incluant un pouvoir de guérison), mais la présence de sorciers ou d'initiés.

Seuls les anciens ou le chef du village peuvent envoyer un sort négatif à un ennemi menaçant la communauté ou sur la communauté pour lui donner une leçon, en faisant appel aux esprits des ancêtres. Pour une action positive, ou pour favoriser les récoltes - les kobongo sont des cultivateurs - , les bisimbi, esprits bienveillants attachés à des lieux particuliers sont sollicités.

Dans la sphère privée, le sorcier (ndoki) va mettre à son service une âme errante ou fantôme (celle d'un ancêtre ayant mené une vie dissolue) pour jeter un sort. Le ndoki est habité par le kundu, un organe spécial qui mange l'âme. Mais un particulier peut être habité par le kundu.



Le magicien (Nganga) va lui utiliser la magie blanche pour la réalisation d'un voeu ou pour contrer l'action du ndoki. Pour cela, le nganga utilise des statuettes antropomorphes contenant un sachet de plantes, d'os ou de pierre positives.
Ainsi la mort d'un enfant est pour les kobongo l'oeuvre d'un sorcier ou d'un esprit ancêtre.
Parmi les ngangas, le nganga ngombo décèle les individus habités par le kundu. Selon les réactions du suspect a des potions magiques, il sera guéri ou condamné à mort si il se révèle sorcier.

Les bakongos ont aussi payé un lourd tribu à l'esclavage. Mais privés de leurs racines et de leurs ancêtres, les pratiques magiques liées à leur croyance sont devenues des actes de sorcellerie. Mélangées aux croyances yorubas (où les esprits dépendent d'un culte religieux) elle a donné le vaudou.
Mais quand la culture bantou n'a pas pu se métisser avec d'autres croyances, elle est devenue sorcellerie, sans la notion d'équilibre du clan, et de la vie et a donné le Hoodoo en Amérique du Nord et le Myal-man aux Antilles. En Amérique latine, elle s'est métissé aux croyances locales pour donner le palo cubain, le kumina jamaïcain ou le candomblé brésilien.
Tous ces religions ou croyances peuvent aussi être regroupés sous le terme vaudou. Elles incluent plus ou moins une vénération des esprits ou des morts, et des pratiques de sorcellerie.

Vaudou, les racines Yoruba 3/11


Les yorubas comme nous l'avons vu dans l'article précédent, ont une religion animiste, fondée sur un dieu créateur. La vie de ce peuple, l'une des civilisations les plus raffinées d'Afrique Noire est rythmée par les cérémonies.

1/ Ifa, une divination complexe
Le chiffre 4 (les 4 points cardinaux) et son carré 16 fondent la méthode de divination yoruba. 16 comme les 16 enfants du roi mythologique Oluda, lié au dieu créateur Olodumare, et les 16 quartiers de la ville mythique d'Ifé-ifé. Les 16 fils fondèrent les 16 royaumes yorubas et ce nombre représente les 16 possibilités de vie humaine (Odu). Chaque Odu comporte aussi 16 "nuances". Au total 4096 possibilités, ou scénari de vies possibles. La divination yoruba, tout comme le yi-king chinois comporte 4096 combinaisons ou poèmes. Le tirage est fait par des devins et à l'aide de noix sacrées ou d'un jeu divinatoire de 16 signes et 16 maisons. On nomme ifa ce jeu et la méthode de divination.

2/ Le culte des ancêtres
Si la divination est l'art de devins, l'egungun, le culte de ancêtres est pour les yorubas la persistance du lien entre les vivants et les morts. L'esprit du mort vient revisiter ses descendants. Il est symbolisé par un masque anamorphe et par des danses et de s transes. L'esprit du mort permet aussi le maintien d'un lien social et de l'indentité communautaire. Tout comme dans le bouddhisme, le mort se réincarne, mais dans sa famille (élargie).



3/ Babalawo et Ogboni
Hormis les catastrophes naturelles qui sont du ressort des dieux, les maladies ou les actions maléfiques sont toujours le fait d'un acte de sorcellerie. Il faut alors consulter l'un des prêtre d'Ifa, le babalawo (selon la méthode de divination ci-dessus), ou à défaut de rentrer dans une communauté occulte et apprendre les rites de désenvoûtements. La plus puissante de ces communautés est l'Ogboni, infiltrée dans la sphère politique, et aux méthodes parfois expéditives.

4/ Le culte des orishas

C'est le culte le plus important de la société yoruba. Esprits chargés de l'harmonie du monde, ils sont 800 - 400 dans le monde des esprits et 400 qui se promènent entre la terre et le ciel (200 de bénéfiques et 200 de maléfiques). Chaque Orisha a sa propre personnalité, et représente un concept, nos doutes, nos forces et faiblesses.
Chaque orisha a son histoire et un culte particulier, et selon les régions, un orisha est mis en avant. Le plus célèbre est Olorun, émantation du dieu créateur Olodumare. Créature androgyne, il est dieu de la paix, et du blanc. Mais citons aussi :
- Aganju, esprit des déserts et du vent
- Babalu Aye, esprit de la maladie et de la guérison, toujours invoqué pour guérir du sida
- Eshu, protecteur des voyageurs et maître du hasard
- Yemala (Yemanana ou la Sirène dans le vaudou), esprit de la maternité
- Shango, esprit du tonnerre et Oya esprit de l'éclair et de la fertilité
- Ogun, premier orisha à descendre sur terre
- Oxossi, chasseur et chaman et Ozain, le gardien des herbes médicinales
- Nana Bukulu, esprit de la lune
- Oshun, déesse de la beauté
- Ochumare, serpent, gardien du cordon ombilical et des enfants.
On le voit, le panthéon yoruba est riche et englobe tous les domaines de la vie. Masques, statues et costumes représentent chaque orisha, invoqué lors de cérémonies, chants et danses rituelles. Mais seules les sociétés occultes ont des pouvoirs de magie - blanche ou noire - qui ne sont jamais communiqués au profane, et encore moins aux étrangers.

Dans la Vaudou, tel qu'il est pratiqué en Haïti, et dans les Amériques, le dieu créateur est nommé Mawu, et les esprits les Lwas qui reprennent les principaux orishas des yorubas.
Mais le vaudou emprunte aussi au christianisme (notion d'enfer et de paradis) et à la sorcellerie et notamment à la sorcellerie des peuples bantous. A suivre dans notre prochain article...

Vaudou, les racines Yoruba 2/11



Le peuple Yoruba est avec sa sous-ethnie Fon, l'une des plus grandes civilisations de l'Afrique Noire. Son art est présent dans tous les musées, et il a exporté ses croyances et coutûmes au délà des océans.

Pour certains historiens, les yorubas sont originaires d'Egypte, en raison d'un panthéon assez proche des divinités indoues. Implantés au Nigéria, c'est un peuple rassemblant plusieurs tribus partageant les mêmes croyances et une langue proche. Yo-ru-béo veut dire ceux qui font des offrandes aux orishas, les esprits.
La mythologie des yorubas se confond avec son histoire, ce qui ne permet pas toujours de donner des précisions historiques.
Gouvernés par un roi, des villes ont été fondues au Bénin et au Togo sur le modèle d'Ife-ifé (Nigéria) considérée comme la capitale du royaume yoruba.
Des luttes avec d'autres ethnies, comme les fulanis (qui ont tenté de convertir les yorubas à l'Islam), ont affaibli ce peuple qui a été capturé et déporté aux Amériques en tant qu'esclaves.
Ils sont tout de même aujourd'hui plus de 14 millions d'individus répartis au Bénin, au Togo, et au Nigéria.


Animiste, la religion yoruba propose une conception du monde, divisé en 2 sphères : celle du moonde vivant et celle des esprits bons et mauvais, des ancêtres. Un dieu unique Oluddumare est le créateur du monde et le maître de l'Ashé, le souffle divin. Les orishas sont des esprits envoyés par Oluddumare pour maintenir l'harmonie sur terre et aider les humains dans leur quête de spiritualité.
L'ashé (âme ou énergie divine) est présente en toute chose, humain, animal,végétal et minéral mais aussi esprits et ancêtres. Le dieu créateur engendre 2 principes, Olorun qui donne la vie (sphère sprirituelle) et Olofin qui répartit l'ashé et préside les orishas (sphère matérielle). C'est aussi lui qui guide les humains pour leur prochaine réincarnation.


L'être humain est composé de 3 éléments : Ara, le corps physique qui devient oku ou cadavre à sa mort, Emi, l'esprit et le siège de la conscience et enfin Ori, l'âme et toutes les incarnations passées dont le souvenir sera accessible avec la mort. Emi et Ori forment une identité qui soit deviendra un orisha, soit finira son évolution par une autre réincarnartion. Egun signifie mort, et donc celui qui ne reviendra plus sur terre pour se réincarner. Il pourra devenir un esprit bienveillant (Omaluabi) ou obscur (Ajogun) lorsque les dernières incarnations n'ont pas permis à l'être de progresser.
C'est cette notion qui fonde la sorcellerie en Afrique. Les maux qui frappent l'homme ne sont pas seulement de son fait, mais du fait d'entités obscures et malveillantes. La sorcellerie a pour but d'éloigner les pires des ajoguns, et au passage de dédouaner l'homme de certaines de ses actions.

Mais nous verrons dans le prochain article, comment le culte des divinités et des morts va permettre au vaudou actuel de se développer.

Vaudou, les racines africaines 1/11


S'il est très populaire en Haïti, à Cuba et en Amérique Latine, avec des connotations de sorcellerie et de magie noire, le vaudou vient d'Afrique de l'ouest, où il est encore pratiqué dans sa forme originale, celle d'une religion animiste.
Ce sont les esclaves envoyés aux Amériques qui ont propagé le culte du vaudou, qui, au fil des ans et des vagues successives de ces migrations forcées, s'est transformé, métissant souvenirs des esprits de l'Afrique, religion chrétienne et autres croyances.

Religion des Fons, éthnie du Bénin qui a payé un lourd tribu à l'esclavage, le vaudou serait encore pratiqué en Afrique, dans la région de l'ancien Dahomey, l'actuel Bénin, mais aussi, le Togo, le Ghana, et le Nigéria. En général les peuples de langue kwa (Ewés au Togo, Ashantis au Ghana, Fon au Bénin) pratiquent encore une religion animiste inspirée des cultes Fon et Yoruba.


Le mot vodun vient d'ailleurs du Fon, et signifie "esprit", lien entre le Ciel et la Terre. Le panthéon Fon laisse une large place à un principe créateur, jamais défini ni représenté : le dieu créateur tout puissant, Nana Buluku, qui engendre une fille Mawu, déesse de la fertilité - principe féminin éternel - puis un fils Lisa, dieu du soleil et de la guerre.
L'union de Mawu et de Lisa crée la terre, et les humains. De leur 7 enfants, on retiendra le dieu Serpent Dan, qui est le père des voduns.

Contrairement aux panthéons grecs ou romains, le panthéon vaudou tend vers un Dieu unique : le divin est partout, dans le minéral, le végétal, l'animal, l'humain.
Intermédiaires entre le divin et les hommes, les voduns, qui peuvent prendre la forme de phénomènes naturels, inscrivant l'homme dans un grand tout qu'il ne dirige pas, mais dont il fait partie.

Comme les Ewés, les Fon descendent du peuple Yoruba - leur langue et leur religions sont très semblables.