Wikipedia

Résultats de recherche

17 févr. 2010

Vaudou, voyage aux Antilles 11/11


Pour clore notre série sur le vaudou, petit voyage aux Antilles. Rappelons que sous le terme générique de vaudou on désigne des religions (parfois des sectes) qui se sont inspirées des cultes et croyances des peuples africains soumis à l'esclavage, particulièrement les cultes yorubas, fons et bakongos.

Le quimbois est le nom donné aux antilles française à la pratique du vaudou, tel qu'il est pratiqué en Haïti.

En Jamaïque, on pratique la Kumina, religion et culture. La kumina provient de la kromanti, religion des premiers noirs déportés sur l'île et qui se sont insurgés contre les Anglais en 1840. Le kromanti est un dialecte parlé au Ghana par les peuples ashantis et fantis.
La Kumina s'inspire des cultes bakongos, et donc ne présente pas un panthéon structuré comme dans la religion yoruba. Les esprits (inquices) portent parfois le nom et les attributs des orishas yorubas. Omniprésents, les esprits des ancêtres qui vont aider les vivants et sont remerciés par des présents et des danses.
Plus confidentiel est le convince qui dérive de la kumina. Répandu sans organisation particulière, ces cérémonies sont donc aléatoires. Sur le plan musical, les danses kuminas sont accompagnés de tambours, alors que le convince fait appel à d'autres instruments de percussions.
Certains spécialistes musicaux affirment que le reggae proviendra des rythmes kuminas, eux même mélange de chants créoles et bakongos.




A la Barbade, on suit les rites de l'Obeah.
Al'inverse des colons espagnols ou français qui imposèrent à leurs esclaves la conversion au catholicisme, les Britanniques ne recherchèrent pas l'adhésion à tout prix à la foi anglicane de leurs migrants. Aussi tous les courants du protestantisme purent se développer dans ses régions lointaines, des quakers, baptistes, moraviens, et les pentecôtistes se retrouvaient aux Antilles pour affaires et non pour évangéliser à tout prix.
Aussi les esclaves vont se tourner vers leurs racines africaines et on assistera même à des échanges de bons procédés : les baptistes et moraviens vont adopter la pratique de la transe et du spiritisme.
Le culte Obeah ou obi vient des cultes bakongos et ashantis. On y trouve un mélange de pratiques de sorcellerie par les prêtres nommés myal-men. L'obi-man est lui un sorcier magicien et aussi l'objet destiné à symboliser l'acte magique qu'il soit positif (favoriser la chance, l'amour) ou négatif.
Le myal-man est aussi un guérisseur.
Ce culte prit tellement d'importance qu'il fut interdit en 1760 par les britanniques, notamment en raison de luttes entre les Obi et les myals - ces derniers dénonçant le pouvoir maléfiques des premiers. Les myals-men furent emprisonnés et réprimés.
L'obeah a pu se maintenir et ses rites sont toujours pratiqués à la Barbade et dans les Iles Vierges, avec de spéctaculaires danses sur échasses.



Enfin évoquons un étrange métissage entre les rites fons et les rites baptistes qui a donné lieu, à Trinidad aux Spirtuals Baptistes. Déportés de l'ancien Dahomey sur l'île, les yorubas.
Infliuencés par l'amimisme africain, les SB sont structurés en une hierarchie complexe : Leader ou Mother, puis teacher, puis berger ou guide, chaque membre a une fonction selon son dégré d'engagement. Notons la présence du guérisseur qui utilise des herbes médicinales, et de la nurse chargée de vieiller au bien-être de chacun lors des cérémonies.
Si les SB empruntent beaucoup à la Bible, avec baptèmes, et croyance dans un saint-esprit, les divinités africaines sont honorées comme saints et intègrent une vision plus globale du monde, comme faisant partie d'un tout.

Bibliographie
Liste non exhaustive mais pour ses articles m'ont été utiles :
- le Vaudou haïtien d'Alfred Métraux - livre de poche
- Vaudou de Michel Lebris aux éditions Hoëbeke
- Dialogue avec la religion africaine traditionnelle d'Albert Vianney (Editions de l'Harmattan)
- Au pays des fons : us et coutumes du Dahomey de M. Ouenum - Editions Maisonneuve Larose
- Bakongo et la pratique de la sorcellerie de Mbemba Ndoumba Gasto aux editions de l'Harmattan
- les religions africaines au Brésil de R. Bastide aux PUF
- Histoire de l'Afrique noire de Joseph Ki-Zerbo aux éditions Hatier - ses autres ouvrages sur l'histoire de l'Afrique sont remarquables.