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19 sept. 2010

André Abbal, la taille directe





André Abbal est né en 1876, à Montech (Tarn et Garonne). Fils et petit fils de tailleur de pierres, il commence à sculpter dans l'atelier familial.
Il étudie à l'école des Beaux-Arts de Toulouse, puis à Paris et travaille dans les ateliers des sculpteurs Falguière et Mercié. Il participe alors au salon des artistes français où il reçoit des prix.
En 1913, il envoie une oeuvre qui fait polémique "Le Génie Luttant", taillée directement dans la pierre, sans passer par le modelage par l'argile.
Aux beaux arts, on apprend aux sculpteurs à modeler la terre puis faire mouler un plâtre de l'oeuvre, avant de confier à un fondeur le soin de couler du bronze.
Dès lors Abbal s'affirme comme l'un des rares sculpteurs dit de "taille directe". Sans croquis préalable, sans étude, et sans passer par un système de point qui permet de recopier dans la pierre un modèle dessiné ou modelé. Le sculpteur doit avoir une parfaite connaissance de son matériau, mais il peut aussi jouer avec les "accidents" et la forme de la pierre.


Considéré par ses pairs comme un "simple tailleur de pierre", Abbal ne se décourage pas, et, si les années de guerre le privent de sculpture, il dessine et écrit. On le considère en 1919, comme l'apôtre de la taille directe, mais il refuse de présider l'association du groupe des sculpteurs de taille directe.


En 1921, il se marie et se retire à Carbone, près de Toulouse, dans une maison atelier transformée en musée en 1972 et toujours dirigé aujourd'hui par sa fille Anne-Marie. Il conserve toutefois son atelier de la Villa Brune à Paris.
La reconnaissance officielle d'Abbal commence en 1937, où il honore une commande d'état pour l'Exposition Internationale. Il réalise 3 sculptures monumentales, La moissonneuse, le labour et un bas- relief qui sera installé sur la facade du Palais de Chaillot à Paris. Dès lors, il participe aux grandes expositions, en compagnie des plus grands peintres Picasso, Bonnard, Rodin, Modigliani.  Il reçoit plusieurs prix et des commandes pour les villes de la région Midi-Pyrénées.


André Abbal meurt en 1953. 




Abbal fait surgir la forme de la pierre (marbre, granit), sans chercher la perfection de la statuaire classique, mais en "écoutant" sa pierre lui suggérer la forme. Portraits des membres de sa famille, maternité, oiseaux, son univers recherche la forme simple, débarassée de tout maniérisme. Abbal s'inspire de son univers quotidien, la nature, les proches ou les personnages croisés lors de ses promenades à Carbone.
La pierre brute est ciselée, martelée donne naissance à une vie intérieure.
Abbal a étudié l'art préhéllinistique et les oeuvres des tailleurs de pierre médiévaux. On retrouve d'ailleurs dans certaines de ces sculptures un "art primitif" et une simplicité voulue des formes. Seul devant son bloc, Abbal doit faire surgir ce qu'il ressent et  qu'il nous communique : la douceur brillante du marbre, la rugosité du granit, la force imposante du bloc de pierre, poli ou brut.
La taille directe n'est pas seulement une technique, mais une "règle de vie, une éthique, une esthétique et une ligne de conduite. C'est une reconquête de la matière vivante, et un communion avec le minerai. L'oeuvre de taille directe est avant tout un travail de l'esprit. Les seules préparations sont des dessins, la parfaite certitude de ce que veut l'artiste et la connaissance du bloc."


'Vous me demandez ce qu'est la vraie sculpture, écrit-il en 1920. Je ne saurais mieux vous répondre que ne ferait n'importe qui, même un enfant ! Et en effet, tout de suite, à la question posée, les deux mains s'élèvent et figurent le maillet frappant sur le ciseau contre un bloc idéal"


Qui ne voit pas dans la pierre, l'oeuvre qui s'y trouve, ne doit pas y toucher.