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26 févr. 2010

Art tribal : l'art des Fang


L'art sculptural des Fang (Afrique Equatoriale) est sans doute le plus connu car le plus exposé dans les musées occidentaux. Art rituel, qui influença les plus grands artistes de Picasso à Derain, il a aujourd'hui disparu.

Les Fang sont un groupe ethnique reparti sur 3 pays : le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale. Probablement venus d'une région de plateaux, ils ont traversé les fleuves Nyong et Shanga du Cameroun pour s'installer dans les terres avoisinantes. La plus grosse communanuté s'est installée au Gabon où aujourd'hui 30% de la population est de souche Fang. Divisés en plusieurs tribus, ils étaient majoritaires aux début du 20ième siècle.
Peuple nomade, l'organisation sociale des Fang se faisait d'abord au sein de la famille, le nda bot, regroupé en villages confiés à l'autorité d'un chef, souvent un guerrier ou un religieux qui lui même faisait partie d'une confrérie d'initiés. Assez secrète, la société Fang semble avoir rejetté la hiérarchie - hormis en temps de guerre pour protéger son territoire.

La religion Fang est complexe. Elle se divise en une mythologie légendaire et en des croyances animistes, où le cultes des ancêtres tient une grande place.
Un dieu, créateur du monde visible Mebeghe donna naissance à Nzame (ou Zambe) le premier homme et à sa soeur Nyingono Mebeghe, la première femme. De l'inceste du premier couple naquirent les maux de la société. Néanmoins, Nzame fut considéré comme le héros civilisateur des humains, auxquels il enseigna la chasse, la culture, la métallurgie. Il est aussi le fondateur de tous les clans fang. Contrairement à d'autres civilisations africaines, les figures mythiques ne sont jamais représentées dans l'art fang.

En effet tous les cultes fang tournent autour des ancêtres, le byeri. Les reliques des ancêtres étaient honorées et parées de poudres colorées, parfois de métal, afin de protéger la famille et de favoriser la chance et la fertilité. Les reliquaires étaient des coffres en écorce cousue, décorés soit de statuettes en pied assises sur le coffre, soit, le plus souvent, de visages aux grands yeux incrustés de cuivre. Derrière ces yeux, étaient placés de discrètes inclusions au pouvoir magique, mélanges d'herbes ou fragments osseux, le plus souvent des dents.
Les statues du byeri étaient aussi utilisées lors des rites de melan, rite d'intégration clanique et familial. D'autres statues de grandes tailles étaient aussi utilisées.
Les reliques étaient sacrées et objets de nombreux rites, le plus connu étant celui du ngil qui utilisait des ossements humains (pour récuperer la force du défunt et le détourner de sorcelleries néfastes dans l'au-delà. Des grands masques étaient de bois (asu ngi) à figure humaine stylisée, parfois portant des cornes étaient utilisés. Ces cérémonies furent interdites par les colonisateurs.

Figure centrale de la religion traditionnelle, les ngengan, les chamanes étaient à la fois de devins et des guérisseurs. Eux seuls pouvaient fournir les fétiches bénéfiques ou byan, ayant chacun un rôle de protection précis, en liaison souvent avec un animal sacré (serpent, antilope, torture, gorille). Ils étaient aussi considérés comme les initiateurs des jeunes, lors de cérémonies aux rites complexes (la cérémonie du so qui peut être interprétée comme l'entrée du jeune homme dans la vie sociale). A ces occasions des effigies, des masques et des statues venaient compléter les chants et danses.

Dans l'art de Fang, tous les objets sculptés sont à vocation rituelle. Vivant dans la grande forêt équatoriale, ils ont privilégié l'usage du bois, du bambou et des fibres végétales. Gens de l'oralité, les Fang transmettaient de génération en génération leurs coutumes, croyances et symboles en l inscrivant partout comme des rappels ces signes de l'univers communs des morts et des vivants : sur leur propres corps, tatoués, parés de coiffes et bijoux, sur les murs de leurs maisons peintes, sur leurs armes et sur leurs sculptures et masques.

Chaque sculpteur a bénéficier d'une liberté totale de représentation. Toutefois on note l'importance du visage, qui symbolise le crâne de l'ancêtre, la proéminence du torse par rapport aux autres membres (signe de fécondité), et la rondeur des épaules, centre de la force. Les masques blanchis au kaolin, (le blanc est ici couleur de la mort) en forme de coeur, ornés de scarifications bien précises (dont hélas la symbolique a été perdue) sont les plus connus. Les sculpteur mba étaient aussi des forgerons, qui étaient initiés non seulement à leurs techniques mais aussi aux secrets des rites. Certains étaient très réputés et reconnus comme de très grands artistes. On pense souvent, à tort que l'art africain est anonyme
Les bois utilisés, bois tendres comme le dzile ou l'ekuk, étaient recouverts de pigments colorés pour les patiner et les foncer. L'ébène, bois dur, n'était employé que pour la fabrication de très petits objets. Le bois rouge, le padouk, très recherché, était uniquement utilisé pour fabriquer les instruments de musique, tambours ou lames de xylophone.

Après le passage du colonisateur, la culture Fang a été disséminée dans le monde et dans les musées des plus grandes villes occidentales. Toutefois, de jeunes sculpteurs gabonnais cherchent à faire revivre les techniques anciennes et le travail du bois si hautement maitrisés par ce grand peuple.

Bibliographie
- l'ouvrage de référence Fang de Louis Perrois, collection Visions d'Afrique aux éditions Cinq continent
- Fang, ouvrage collectif aux éditions Dapper
- l'Art fang de Louis Perrois, aux éditions Cercle de l'Art
- Pierre-claver zeng et l'art poetique fang : esquisse d'une hermeneutique de Marc Mve Bekale (Auteur) aux édition l'Harmattan