
Le plus romantique des peintres allemands est né un 5 septembre 1774 à Greifswald en Poméranie.
Il suit une très rigoureuse formation en peinture, dessin et architecture auprès d'un professeur d'université. Mais surtout, il apprendra à "regarder avec l'esprit", une idée qui deviendra importante dans sa pensée et dans son oeuvre.
Friedrich poursuit sa formation à Copenhague, puis s'installe à Dresde, ville marquée par l'influence française. Il expose avec succès.
Engagé contre l'occupation Napoléonnienne, Friedrich ajoute des motifs symboliques à son oeuvre. Nommé professeur à l'académie de Dresde, il partage son temps entre son atelier, son foyer, ses cours et des voyages du coté de la Baltique.
Vers 1827, le peintre tombe gravement malade, et s'enferme dans une solitude à peine ponctuée par la visite de ses amis. Paralysé en 1835, il s'éteint en 1840. Il faudra attendre 1906 pour qu'une exposition à Berlin fasse redécouvrir ce peintre qui aimait tant dire "l'art est infini".
Influencé par une enfance pieuse, Friedrich est nourri par des idées mystiques, et par la communion entre l'homme et la Nature. Pour lui l'art est spirituel, l'atelier une cellule de méditation.
"L'homme n'est pas le but inconditionnel de l'homme mais le divin. L'infini est son but. Il doit tendre vers l'art, et non vers l'artiste. L'art est infini, alors que tout le savoir et les capacités de l'artiste sont finis."
Toute fois, il se marie, et sa vie familiale le ravit. Les personnages féminins font leur apparition dans ses oeuvres, avec poésie et discrétion, pour sublimer une vision romanesque de l'amour. C'est aussi à partir de cette époque que la représentation humaine se fait plus présente dans les oeuvres du maître, mais sans être le sujet. Le sujet c'est la Nature, les éléments.
Vers la fin de sa vie, dépressif, Friedrich peint des paysages crépusculaires, sans doute les plus beaux de l'Art. Visions nocturnes, auréolées de mystère, mais aussi délicat passage vers la nuit, la mort (on sait que le peintre avait fait plusieurs tentatives de suicide), Friedrich refuse le pur naturalisme : "l'art doit naître à l'intérieur de l'homme, il dépend de ses valeurs morales et religieuses".
Ses marines tourmentées reflètent ses états intérieurs, la maladie. Une fois de plus, le peintre veut immerger son spectateur dans l'absolu de sa vision. Ses compositions resserrées sur le sujet (et en cela assez novatrices dans l'Art, ce qui lui vaudra l'admiration de ses pairs, mais aussi des critiques acerbes) tendent aussi vers ce but
Si les compositions de Friedrich sont soigneusement étudiées, la vibration subtile de la couleur explose. Maitre des ambiances de pénombre, le peintre magnifie la nature, la sublime par une vision exaltée.
Les représentations humaines sont rares, les personnages toujours dessinés de dos, comme contemplant l'infini d'un ciel, d'une mer démontée ou d'une forêt mystérieuse.
"Je dois me donner à ce qui m'entoure, m'unir aux nuages et aux rochers, pour être ce que je suis, j'ai besoin de la solitude pour parler avec la Nature," écrit-il en 1817. Après la chute de Napoléon, les poètes, artistes et philosophes allemands rêvaient de construire un
monde meilleur, libre, novateur. Hélas, les réalités politiques furent autres. Déçu, Friedrich abandonna toute activité politique pour se recentrer sur son art.
Parler de Friedrich est presque un sacrilège. Il faut juste rentrer dans ses oeuvres, les contempler et se laisser emporter par une méditation sur le temps qui s'arrête entre le devenir et le disparaître ou se laisser aller à une douce rêverie sur l'infinie beauté et le plus vibrant des silences.