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26 févr. 2010

L'art des Dogons 3/9


De l'étude des masques rituels.
On doit la découverte des fabuleux masques dogons aux missions de recherches archéologiques et ethnographiques qui commencèrent au début du 20ième siècle.
En 1931, à l'initiative du Muséum national d'Hisoire Naturelle, une mission d'envergure font confiée à Marcel Griaude (la mission Djibouti-Dakar), et a donné lieu à un minitieux travail d'ethnologie. Le Docteur Griaude publia en 1938 une thèse sur les Masques Dogons, des mythes au langage spécifique des initiés le sigi so. Il a aussi étudié les différentes catégories de masques en les replacant dans leur contexte mythique et symbolique, mais sans nier le pouvoir créateur des sculpteurs. Marce Griaude explique aussi la théorie dogon de l'aura, qui à travers des rituels et des croyances diverses donne un sens spirituel à la vie et assure la cohésion sociale et la pérennité de peuple. Les artistes sont initiés à l'aura, ce qui ne les empêche pas de renouveler leur savoir faire et de rechercher d'autres formes plastiques.
Conscients de la mort, de la décomposition des corps, les Dogons cherchent avant tout à durer. En ce sens, comme l'a démontré Marcel Griaude l'art est une lutte contre la pourriture, le temps qui passe, la mort, physique et spirituelle de l'âme.
Marcel Griaude retournera en 1935 et en 1937 au Mali pour poursuivre ses études.

La société des Masques
Dans les régions de la falaise, tous les hommes adhèrent à la religion traditionnelle, l'awa. Ce terme désigne à la fois les costumes, les masques et l'ensemble des sociétaires.
Après la circoncision, le jeune homme est initié aux mythes des masques par ses aînés. Il ne pourra commencer à porter le masque qui lui correspond qu'après deux ans d'initiation, vers l'âge de 15 ans.
La société awa est hiérarchisée par l'âge. Les vieillards (mulono) forment un conseil de sages et transmettent leurs savoirs aux initiés (Olubaru) qui sont les chefs de la société des masques et qui assureront la pérennité des savoirs après la mort des anciens. Mais si les jeunes sont en bas de la hiérachie, pour maintenir un équilibre, ils ont rôle important de danseurs. L'awa est interdit aux femmes, à l'exception de la yasigine. On raconte que la femme mythique Yagemme introduisit les masques chez les hommes.

La légende de l'apparition des masques
Avant la migration qui fit quitter le pays mandé aux Dogons, une jeune fille s'éloigna du campement. Elle surprit les Andoumboulous, très petits hommes aujourd'hui disparus, qui fétaient leurs morts. Ces hommes étaient vétus de fibres rouges et portaient des masques en écorces ou en bois. La jeune femme chassa les petits hommes, et blessa le plus âgé, Albarga, qui ne peut s'enfuir. Elle vola les masques et les costumes. Rentrée chez elle, elle cacha son butin mais son mari lui reprit de force. Les hommes pensèrent que les masques des Andoumboulous étaient un moyen de domination sur les femmes. Ils se rendirent au camp des petits hommes et emmenèrent le viel Albarga qui délivra sa connaissance des masques.
Albarga expliqua aux jeunes dogons le danger de revêtir des masques sans initiation. Transformé en serpent, il surprit des jeunes en train de transgresser l'interdit et les insulta en utilisant la langue dogon et non la langue des esprits. Transgressant lui-même l'ordre établi, il perdit son pouvoir surnaturel et mourut, introduisant la mort dans le monde. Il envoya sur terre son "fantôme", le nyama. Pour le conjurer, il fallut tailler un grand masque, faire des offrandes et danser. Ainsi eut lieu le premier sigi.

Le nyama est une énergie impersonnelle, inconsciente, repartie dans toute chose : humains, animaux, végétaux, esprits. On pourrait parler d'âme même si le concept du nyama est plus subtil, parce qu'il comporte une notion d'équilibre et d'harmonie. Le nyama augmente avec l'âge.
Quand les hommes ont cessé d'être immortels, ils devinrent susceptible d'impureté et leur nyama perdit de sa force. Il ne fut plus capable de se défendre contre les nyamas des animaux chassés par les hommes. Sur les conseils des devins, les Dogons fabriquèrent alors des masques à l'image des animaux pour se protéger et faire circuler le nyama. De même lors des guerres, des masques de ennemis défunts furent sculptés. Pour fixer le nyama des défunts, les dogons sculptèrent aussi des masques pour les cérémonies du Dama qui est un rite funéraire qui a lieu après les cérémonies de funérailles et qui vise à accompagner le défunt dans l'au-délà, auprès de ses ancêtres.