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22 févr. 2010

L'île du bout du monde


Je t'ai tout de suite reconnu dans la foule.
Tu as veilli, tes cheveux sont passés du noir au gris, ton visage évoque cette terre sèche et sombre, mais tu as toujours au coin des lèvres ce sourire que j'aimais temps.
J'ai attendu qu'à ton tour tu me reconnaisses, et tout naturellement nous avons marché vers le port.
Tu n'avais, disais-tu, jamais quitté l'ïle, parce que perdue et oubliée des hommes. Tu sortais encore en mer, pour des rares nuits de pêche, ou pour camper sur les rochers des archipels.
Te souviens-tu de ce soir-là, très loin versl'infini, sous la houle ? Une nuit étrange, où ciel et mer s'épousaient et de rejettaient dans un incessant rythme. Nous avons dérivé vers le Rocher du Temps, et trouvé refuge dans la crique.
Je me suis blottie contre toi, ou l'inverse.
Cet amour ne pouvait être qu'ardent, je voulais que cet instant dure le plus longtemps possible, l'exalter jusqu'à sa dernière limite, car il serait fugace et céderait la place au souvenir brûlant de ce qui n'a pu durer.
Mais voilà qu'aujourd'hui nous marchons côte à côte. Nos pas nous mène vers l'ancienne église, perdue dans les rochers. La Madone a le visage des femmes du peuple, auréolée d'un voile déchiré par les ans, ou par les larmes des pécheurs. Une douce lumière tombe sur son visage : les voeux seront exaucés.
En sortant tu as serré ta main dans la mienne.
J'ai senti dans mon coeur le doux battement des vagues, et dans mon âme, un doux sentiment de paix.