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26 févr. 2010

Navajo 5/8



La voie de la Nuit, médecine de l'âme

Je vous propose de nous arrêter quelques instants sur la Voie de La Nuit, une pratique de guérison destinée à rétablir l'odre et la beauté chez des personnes souffrant d'un mal de tête, de vue ou d'ouie, et au-delà de resserer les liens dans la communauté. C'est une voie masculine, qui met en scène un des héros des légendes navajos..
Tl'eé i hataal, la voie de la nuit se déploie sur 9 nuits, seulement l'hiver. Comme dans les autres voies navajo, elle a recours à des esprit et à des insinuations d'ordre surnaturel, pour nous occidentaux.

Chez les Navajos, les être surnaturels n'existent pas au sens où nous le comprenons. Ce qu'ils appellent "esprits, ce sont des êtres humains, des ancêtres qui ont pu un jour être visibles mais ne le sont plus. Les Navajos n'ont pas de dieux mais des "êtres sacrés" qui ont un jour cotoyés les gens ordinaires mais qui occupent désormais, de façon invisible les lieux sacrés. Il n'y a pas de notion de Dieu unique qui serait créateur de tout, ni de paradis ni d'enfer. Pas de récompense de l'Au-déà, mais dans cette vie, par la beauté et l'harmonie, la longévité. La causalité est dans les mains des individus. Un être malade est quelqu'un sur lequel on n'a pas porté assez d'attention pour le maintien de la beauté, ou par violation délibérée.

Une fois le diagnostic établi, l'homme-médecine va procéder à la voie choisie.
La voie de la nuit durera 8 jours. Pendant les 4 premiers jours, il faut exorciser le mal : bain de vapeur, offrandes pour inviter les Etres Sacrés, pour qu'ils soient présents, témoins de la cérémonie et gardiens de l'ordre tel que les navajos le concoivent. Il ne s'agit pas d'un ordre précis, comme une union avec la Nature, mais d'un très général agencement de la vie, incluant aussi les relations sociales, l'inconscient de l'individu. Un "lien" a été rompu et il faut rétablir ce lien non seulement pour la personne mais pour la bonne marche sociale et cosmogonique. On est très proche des philosophies bouddhistes qui enseignent un chemin spirituel. Mais ici le chemin est balisé par les chants, les peintures, qui se répétent sans cesse.

Les navajos ne boudent pas la médecine occidentale moderne. Ils font appel à elle, mais si ils sentent que quelque chose ne va pas, ils font appels aux chanteurs. De même si un individu est blessé par sa propre faute, il n'ira voir le chamane que si il pense que son comportement asocial doit être soigné. Les navajos savent qu'ils naviguent entre la beauté, et la laideur. Dans les légendes navajos, cette dualité est traduite par le mythe des Jumeaux Sacrés, qui tuèrent tous les monstres qui empoisonnaient les humains, tout en sachant que ni le mal, ni la mort ne seraient détruits, et qu'il faut faire avec.
La voie de la nuit pourrait être considérée comme ayant des vertus curatives d'ordre psychique. Elle vise aussi à restaurer un ordre social non violent, mais ferme. Il permet aussi de rappeler à l'homme sa filiation avec le monde, au sens le plus général, y compris le monde sacré.

Une douzaine de peintures de sable sont effectuées lors de la Voie de La Nuit. La dernière peinture, dite des troncs tournoyants permet de replacer le patient dans le hozho. Le malade prend place au centre de la peinture et participe à la fin de sa confection en déposant du pollen sur les personnages dessinés. Puis le chamane prélève un peu des couleurs des personnages pour l'apposer sur le visage du patient, sorte de transfert de la beauté sacrée sur la beauté perdue.
Ensuite les peintures de sable sont soigneusement brassées et dispersées aux quatre vents. Parce que la vie est éphémère et qu'elle se renouvelle sans cesse. Avec ces cycles de beauté et de laideur. L'homme doit seulement agir pour que règne l'hamonie et l'ordre, cette notion navajo subtile, difficilement compréhensible qui exclut la rigidité.

Les 4 jours suivants sont destinés à rétablie l'harmonie et l'équilibre chez la personne qui souffre.
La Voie de la Nuit est aussi une cérémonie qui vise à rétablir aussi une autorité défaillante. Son héros, nommé le Rêveur est un jeune homme visionnaire qui ne se résoud pas à s'impopser pour conduire sa vie. Aimé de tous, il laisse les autres lui modeler son destin, en dépit de ses intuitions justes. Encore très pratiquée aujourd'hui, cette cérémonie rassemble jusqu'à un millier de personnes, les rituels navajos se faisant le plus souvent avec l'aide de toute la communauté, ou le clan.