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26 févr. 2010

Tina Modotti, la passionnaria photographe



Je mets trop d'art dans ma vie, par conséquent il ne me reste plus grand chose à donner à l'art.

Etrange destin que celui de Tina Modotti, l'une des plus fascinantes photographes du 20ième siècle. Sa vie est digne d'un roman, faite de passions, de fougue, de revirements.
Née un 17 août 1896 à Udine en Italie, dans un foyer très modeste, elle ne peut suivre des études et commence à travailler dès l'âge de 12 ans comme ouvrière textile. Ses parents émigrent en Autriche, puis à San Francisco, où elle les rejoint en 1913. Elle s'installe comme couturière indépendante.

Mariée à un poète, elle fréquente un milieu artistique proche des studios d'Hollywood. Elle obtient des petits rôles dans des films muets où elle joue les femmes fatales (The tiger's coat en 1920, puis Reading with death en 1921 et I can't explain en 1922). Sa rencontre avec le photographe Edward Weston en 1921, va profondément bouleverser sa vie.
Weston lui enseigne la photographie : il devient son amant, elle est son modèle et son assistante, dans une relation souvent difficile mais particulièrement enrichissante pour Modotti. Un an après la mort de son mari, Tina et Weston partent s'installer au Mexique (1923).
On la retrouve à Berlin, puis à Moscou où elle travaille pour une organisation gouvernementale communiste. Elle se rend Paris, puis en Espagne en pleine guerre civile (1936) où elle assiste les républicains. Après la victoire de Franco en 1939, elle retourne au Mexique sous un faux nom en compagnie de Vittorio Vidali, un agent à la solde du KGB rencontré en Espagne.
Elle est retrouvé morte le 5 janvier 1942, dans un taxi à Mexico. Certains spécialistes pensent qu'elle aurait été assassinée sur l'ordre de Vidali, dont elle n'ignorait pas les troubles activités durant la guerre d'Espagne. Les médecins légistes ont conclu à une mort naturelle due à une congestion cérébrale.
Enterrée à Mexico, Pablo Neruda composera son épitaphe.
Il faudra attendre 1996 pour qu'une exposition lui soit consacrée.

Tina Modotti commence sa carrière de photographe par des clichés romantiques, inspirés de natures mortes. Mais son arrivée au Mexique va modifier son regard. Là où son mentor, Weston, cherche à fixer le folklore mexicain dans des compositions originales, Modotti va rechercher l'humain. Elle photographie des ouvriers, des paysans et des femmes, parfois saisies dans leur nudité. Pourtant, elle doute de ses talents d'artiste, se trouvant plus légitime dans l'engagement politique.
Souvent qualifiée de formelle, on oublie que l'artiste a réalisé des compositions originales pour l'époque. Ce fut aussi l'une des premières photographes à travailler sur le nu. Même si ses clichés ont parfois des allures d'allégorie, elle a aussi su saisir des instants de vie. Chez Modotti, la conception de l'art est totalement liée à son engagement politique. Photographier des ouvriers, des travailleurs, des femmes nues était tout à fait compréhensible dans le contexte du Mexique à cette époque, assez choquant pour l'opinon publique européenne ou nord-américaine, ce qui explique le peu de succès de Modotti jusqu'aux années 1990.
Elle sera aussi la photographe des Muralistes. Après son adhésion en 1927 au Parti Communiste, elle publiera dans la presse ses clichés.

Avec son retour en Europe dans les années 30, elle délaisse la photographie, se contentant de publier quelques clichés dans les journaux berlinois et madrilènes. Sans doute parce que, dans les milieux politiques qu'elle fréquente, la photo est uniquement documentaires.
Le Mexique est un pays en pleine effervescence : guérillas, luttes militaires, rebellions des religieux et des anciennes classes dirigeantes qui n'acceptent pas le régime communiste. Très vite, Tina Modotti fréquente le milieu intellectuel et les artistes du mouvement "les Muralistes", engagés dans la révolution : Diego Riviera, Frida Kahlo, le poète russe Maiakovski. Tina affirme son style en photographiant les femmes et les gens du peuple. Ses relations avec Weston se distendent. En 1926, elle se lie avec un peintre révolutionnaire qui part en URSS en 1928. Elle rencontre alors un exilé cubain, Julio A. Mella, qui est abattu sous ses yeux en 1929 par des agents du gouvernement de la Havane.
Militante, engagée, assez radicale, elle est accusée d'espionnage pour le compte de Moscou et se fait expulser du Mexique en 1930.

Pure your gentle name, pure your fragile life,
bees, shadows, fire, snow, silence and foam,
combined with steel and wire and pollen to make up your firm
and delicate being. Pablo Neruda