Wikipedia

Résultats de recherche

9 sept. 2010

Gérard Garouste, l'intranquille


Peintre emblématique des années 80, exposé partout dans le monde, Gérard Garouste revendique la peinture, entre tradition et rupture.
Garouste nait un 10 mars 1946, dans un milieu petit bourgeois, dominé par la figure paternelle. Tyrannique et violent, l'homme a fait fortune pendant la guerre en revendant des meubles volés aux déportés juifs. Il affiche un anti-sémitisme revanchard mais n'empêchera pas son fils d'épouser une femme juive.
Terrible poids de la culpabilité.Terrible attirance pour la fuite, quitter ce domicile étouffant, et trouver refuge chez une tante excentrique à la campagne, ou dans des pensions dont il se fait renvoyer : les études ne l'intéressent pas.

 Même si il noue des amitiés durables dans l'adolescence avec Patrick Modiano ou le metteur en scène Jean-Michel Ribes, Garouste met du temps à trouver sa voie. Doué en dessin, il suit des études aux Beaux-Arts de Paris, mais l'enseignement l'ennuie. Devant subvenir au besoin de son ménage, il travaille comme livreur puis vendeur chez son père. Et il se met à lire, Dante, puis la Bible, puis la Torah et les Evangiles. Il prendra des cours d'hébreu afin de mieux appréhender les grands textes fondateurs, entrer dans la complexité du langage, du Verbe fondateur.


Que peindre après un début de 2oème siècle fécond, après Picasso, après Duchamp ?
Garouste affirme sa tradition classique, figurative, et reprenant les techniques oubliées des grands maîtres, fabriquant ses huiles. et racontant des histoires.
Au sujet de sa première grande toile exposée à New-York, Garouste écrit : "Adhana, c'est le nom d'une constellation. Je suis allé au Centre d'Astronomie et j'ai demandé un détail du ciel que j'ai méticuleusement reproduit. Je suis le seul à le voir sur la toile. Ce n'est pas un hasard si cette toile m'a ouvert les portes. Elle dit mon rêve, mon choix, l'imbroglio de mes pensées, mon langage des signes et cette idée à laquelle je tiens : qu'on représente une chose et qu'on en raconte une autre. Celui qui la regarde n'y verra pas forcément tout ce que j'y ai mis, mais c'est l'intensité qui doit passer".

Dans son autobiographie, Garouste évoque aussi sa maladie, ses délires et ses nombreux séjours en hôpitaux psychiatriques, les traitements, les moments de répit, les nouvelles crises.
Parce qu'il fallait bien vivre aussi, Garouste travaille en tant que décorateur pour Jean-Michel Ribes, et pour la boite de nuit, le Palace qui connait un succès fulgurant à la fin des années 70. Il peint mais lentement. C'est sa rencontre avec le marchand d'art Léo Castelli va lancer sa carrière de façon fulgurante. Il expose à New-York, Berlin. 

Il lui faudra attendre encore quelques années pour obtenir la reconnaissance des officiels français, alors trop tournés vers l'art conceptuel, l'installation considérées comme avant-garde. Ce qui n'empêche pas Garouste d'honorer des commandes publiques, dont les plafonds de l'Elysée. Son dessin surréaliste, les histoires (inspirées de la mythologie ou de la bible) forgent son style.


Garouste explique qu'il dessine beaucoup, des études préliminaires, puis :
"Quand je traverse le jardin (vers son atelier), je deviens un artisan. Quand je peins, c'est comme si mes mains décident. j'aime ce moment où il n'y a plus qu'elles, la tête se relâche. Je vis la peinture au premier degré, comme une matière, une chimie, une alchimie. Je ne la fabrique plus maintenant, mais elle reste à mes yeux des pigments et de l'huile sur une palette. Elle ne prend son sens que lorsqu'elle donne vie au sujet, à l'histoire que j'ai choisi de raconter.


Lucide sur l'art, Garouste n'est pas tendre avec l'art contemporain : "les artistes sont aujourd'hui comme les alpinistes une fois l'Everest vaincu. Ils peuvent décider de monter sans cordes ni piolet, à reculons, torse nu, surenchérir toujours sur la performance. Ou au contraire, mettre leur pas dans ceux des maîtres, chercher leurs propres sensations, leurs propres vibrations sur le toit du monde".


Garouste explique sa démarche, simplement : "si j'ai peint des textes qui ont irrigué les siècles, fabriqué la pensée et conditionné la notre, à notre insu, c'est pour regarder en nous, révéler notre culture, notre pensée dominante, notre inconscient. Je veux être le vers dans le fruit."


J'ai trouvé au plus profond de moi, de ma honte, des choses que je pense universelles. J'ai démonté les textes, et les catéchismes, j'ai voulu briser le moule qui a modelé et rendu passif notre rgard.
J'ai peut-être fait une oeuvre en forme de circonstance atténuantes.


Les citations de Gérard Garouste sont tirées du livre 'Lintranquille" aux éditions l'iconoclaste - 2009.

31 août 2010

Vous avez dit "Roms"


En ces temps où les charters pour Bucarest ou Sofia sont plus courants que les points de croissance, je vous propose de faire connaissance avec les "rom's", peuple méconnu, et de tordre le cou à quelques idées reçues.
La stigmatisation dont ils sont victimes, à grand renfort médiatique, véhicule aussi des clichés, alors que la civilisation romani est l'une des plus anciennes au monde.
Décryptage.
Les rom's viennent de l'Inde, de la vallée du Gange, où ils exercaient des métiers d'artisans réputés. Vers 1018, ils ont été déportés vers l'Afghanistan, en raison de leur compétence en art et artisanat d'art. Ils participent à l'avancée des seljoukides vers l'Asie Mineure et vers la Grèce (qui a donné naissance aux turcs), et puis se s'avancent dans les Balkans puis en Europe de l'Ouest au XIVème siècle.


Leur langue le romani (proche de l'Indi),est toujours parlée, vient du sanskrit et veut dire "artiste, artisan". Ils seraient aujourd'hui entre 10 et 12 millions en Europe, 3 millions en Amérique. La littérature romani s'est développée en Russie,Yougoslavie, Hongrie et Tchéquie, le plus souvent sous forme de poésie ou de proses ironiques.
La majorité des rom's sont chrétiens, souvent rattachés à des églises évangéliques. Mais on trouvera des roms musulmans, protestants ou catholiques, selon les pays où ils vivent. Plus qu'une religion c'est un état d'esprit, qui permet aux différentes religions de se greffer.
Surnommés Gypsie (en Anglais, en raison de leur supposée origine grecque) qui donnera Gitano en espagnol,  Zingaro (en italien), Tsigane et Gitan (en français) Zigeuner (en allemand), Ciganie (en langues slaves) et Cikani en tchèque. 


Leur arrivée en France remonte au 14ème siècle. On les surnomme bohémiens, mais ils sont relativement bien accueillis par les populations et les seigneurs en raison de leur savoir-faire en métallurgie. Mais ces populations nomades, refusant une totale assimilation les désigne vite comme des nomades responsables de vols ou de petits délits. Au début du 20ième siècle, alors qu'ils sont environ 100 000 sur le territoire français, l'administration leur demande de faire viser chaque semaine un carnet anthropométrique. Après la guerre, on surnomme les Rom's "gens du voyage".
Or seulement 15% des roms français sont mobiles, spécificité française car en Europe et dans les Balkans, seulement 2% des roms sont nomades. Sédentarisés, exerçant le plus souvent des activités artisanales, ils ont leur quartier dans les grandes capitales, d'Istambul à Berlin. 

Les roms ne sont pas des communautés recluses sur elles-même. Par leur passage par toute l'Europe de l'Est, ils ont été métissés, et selon les régions où ils vivent, ils vont plus ou moins échanger avec les autres populations. Rien n'interdit (à part un peu de bouderie) un mariage avec un non-rom (un gadjo, un étranger) à partir du moment où celui-ci se fond dans la cohésion familiale.



Il est difficile de savoir combien de roms circulent en France. D'une part parce que les statistiques ethniques sont interdites, de l'autre parce que d'autres populations sont regroupées sous le terme "gens du voyage". On estime toutefois que 80 à 100 000 individus sont nomades. Selon des raisons économiques (travail, marchés), la taille des aires de stationnement, l'accueil ou non des villes, les pélerinages religieux, les convois varient. Mais souvent les communautés évoluent à l'intérieur d'un même département ou d'une même région. Les roms français sont attachés à leur territoire, même si ils aiment retrouver d'autres communautés. Paradoxe, le carnet de circulation qui souvent leur sert de pièce d'identité doit être obtenu en préfecture, au service des étrangers.

La majorité des roms sans être riche peut vivre correctement. La majorité a un emploi, et les enfants sont scolarisés. En Europe, on trouvera aussi bien des pdg, des commerçants respectés d'origine romani que des mendiants. 
La mendicité est plus le fait des roms venus de Roumanie ou de Bulgarie. Mais ils ne seraient que 8 à 12000, alors que les ressortissants non roms de ces pays seraient une centaine de milliers, recrutés par des entreprises pour des bas salaires.

En Roumanie, malgré des efforts et des aides de la CEE, l'intégration des populations roms est difficile : corruption, gestion catastrophique des aides, racisme ordinaire. Les roms décident alors de tenter leur chance dans des pays riches, comme la France ou l'Allemagne. Mais ils ne peuvent en aucun cas compter sur l'aide de leurs compatriotes non roms.
Il est important de savoir que les roms venus des Balkans sont évangélistes et pieux, et qu'à ce titre, le vol ou les actions malhonnêtes sont interdites (mais comme partout il peut y avoir des exceptions). La mendicité leur permet de récolter quelques euros pour subvenir à leur besoin, parfois d'économiser pour envoyer un peu d'argent à la famille restée au pays.
Il est aussi difficile parfois, contrairement à ce que l'on pense, de faire scolariser les enfants romanis en France : certaines écoles, an mépris de la loi n'acceptent pas les enfants nomades. On trouve aussi difficilement des livres sur l'histoire des roms, sur leur philosophie de vie, entre respect sacré de la famille et plaisir d'une liberté de plus en plus restreinte. Comme partout dans le monde, les peuples nomades ne sont pas aimés, parce qu'ils ne sont pas contrôlables et pas soumis à une forme d'autorité sociétale.

Et c'est bien ce qui les désigne, en France, comme boucs émissaires, alors que les faits divers les concernant sont très limités (et toujours sans violence, quelques vols à l'arraché ou dans les supermarchés, uniquement pour subsister). 
Notons aussi que la France n'a jamais demandé à l'Europe (selon une information diffusée lors du JT de France 2 le 24 aôut à 20h) les 17 milliards d'euros de subventions permettant la meilleure intégration des roms non-français. 
(à suivre).

8 juil. 2010

Mursi



En Ethiopie, sur les bords de la rivière Omo, vous pouvez croiser des Mursis, tribu nomade. S'ils commencent à s'ouvrir au monde, les Mursis vivent encore selon leurs rites ancestraux, et sont en conflits avec les autres ethnies qui peuplent le sud ouest du pays : vol de bétails, ou de femmes.

C'est aussi le seul peuple d'Afrique où les femmes portent un plateau labial,  le labret, disque plat d'argile inséré dans la lèvre inférieure. Si il est considéré par certaines ONG comme mutilation du corps, il reste un critère de beauté pour ce peuple. Vers 10 ans, on retire les incisives aux fillettes et la lèvre est percée. Au fil des ans, des disques de plus en plus grand sont posés.  Plus le plateau est grand, plus la femme est de condition sociale importante, et sa dot en tête de bétails est gravée sur le plateau.
Toutefois, la coutume du port du plateau est de moins en moins fréquente, les jeunes mursis préférant les jeans et les baskets.


Les Mursis se percent aussi les lobes de façons spectaculaire pour allonger celui-ci, et pratiquent des scarifications sur le corps. Leur peinture corporelles (craies et argiles) sont aussi réputées, lors des cérémonies rituelles.


Très attachés à leur clan, les Mursis ont plus de mal avec les touristes, n'aimant pas être considérés comme des objets de curiosité. Même si ils ont bien compris l'intéret des retombées financières du tourisme, ce peuple tend surtout à protéger son mode de vie et vivre dans un environnement hostile. Les mouches tsé-tsé, les crues de la rivière Omo, les périodes de sécheresse rendent la vie quotidienne difficile pour ce peuple réputé belliqueux.

5 juil. 2010

Massai

De plus en plus réduit le territoire massaï ?
Dans un climat chaud et sec, entre Tanzanie et Kenya, ce peuple d'éleveurs voit ses terres se réduire et sa population migre vers les grandes villes.
Les terres massaï ont été transformées en réserves et parcs nationaux par le Kenya, plus profitables au tourisme. De plus, pour éviter les flux migratoires non contrôlables entre les états, les massaï ont été contraints de se regrouper en village, et abandonnent l'élevage pour l'agriculture. Des villages en dur si construisent, et les anciennes huttes qui étaient brulées lors de chaque départ disparaissent ou ne survivent que pour le plaisir des touristes, tout comme les cérémonies traditionnelles où hommes et femmes revêtent d'imposantes parures.

On disait de ce peuple, originaire du soudan, parlant sa propre langue, le maa, qu'il ne se nourrissait que de lait mélangé au sang des animaux. Chaque famille possède une dizaine de bovins qui sont sacrés. Dans la religion traditionnelle, le Dieu créateur Enkaï a donné aux massaï le bétail. On dit qu'il se manifeste à travers les nuages et la pluie et est marié à la Lune, la déesse Olapa. Pour d'autres tribus proches des massaï, Enkaï vit retiré au sommet du mont Kenya, loin des affaires des hommes.