Wikipedia

Résultats de recherche

17 févr. 2010

Analyse d'images 2/3


Pour décoder des informations et les interpréter, notre cerveau utilise deux zones dont le fonctionnement détermine la manière de percevoir les signes. Ils sont le siège de deux types de lectures fondamentalement différentes que l'on appellera analogique ou digitale.
- La lecture analogique décode les éléments d'une façon immédiate, globale (lecture analogique d'une image, par exemple : hémisphère droit )
- La lecture digitale décode les éléments les uns après les autres, de manière analytique, progressive (déchiffrage d'un texte, par exemple, hémisphère gauche).


De plus, le langage iconique, comme le langage verbal, offre deux types de significations: les dénotations et les connotations.
- Les significations dénotées sont répertoriées dans les dictionnaires et sont théoriquement communes à tous ceux qui partagent la même langue. La plage : endroit plat et bas d'un rivage où les vagues déferlent, et qui est constitué de débris minéraux plus ou moins fins (limon, sable, galets).
- Les significations connotées, elles font écho en notre imaginaire et réveillent des notions qui nous sont propres ou que nous partageons avec d'autres locuteurs sans que le lien entre le signe et les notions évoquées en nous aient un caractère obligatoire. La plage peut évoquer le salut (pour un naufragé), les vacances, le soleil, l'amour, les bonnes affaires (un marchand ambulant), une plaine de jeux.
Une image peut représenter un objet, une personne, elle peut aussi représenter des concepts. Et cela de manière très souple car il est rare qu'une image impose un sens unique, ce qui arrive plus souvent lorsqu'on s'exprime avec des mots. C'est ce qu'exprime le terme de "polysémie ", particulièrement adapté à l'image.
Pour parler d'une image, on peut la regarder comme un objet, comme un signe renvoyant à d'autres sens ou encore comme un média nouant une relation avec le sujet qui la regarde. Ces trois "lectures" qui ne sont pas successives mais simultanées, seront séparées ici pour la facilité de l'analyse.




1. L'image-objet

Observer l'image comme un objet, permet d'en décrire la géométrie.

Le cadre : L'image inscrit le réel dans un cadre plus ou moins souligné rectangulaire, carré, losangé, ovale, circulaire. Lorsque le cadre est souligné, on parle de bordure. Certaines images s'insèrent dans d'autres, ce sont les incrustations.

Les lignes de fuite : dans la perspective classique, elles peuvent être tracées dans l'image ou virtuellement reconstituées en prolongeant les segments ou les directions indiquées. Elles déterminent le point de fuite, même s'il se situe hors de l'espace de représentation. L'espace sera ainsi ouvert ou fermé.

Les axes et structures : les lignes verticales, horizontales, courbes, droites, brisées, spirales, constituent des formes. Leur tracé est précis, net ou flou.

Les masses : des surfaces sont définies par les contours des formes en fonction des couleurs et du rapport des ombres et de la lumière. Le dessin est dit figuratif (quand il s'attache à représenter des objets ou des personnes), non figuratif ou abstrait dans le cas contraire.

Couleurs : couleurs primaires ou secondaires, couleurs chaudes ou froides ; nuances, dégradés, contrastes. Noir et blanc, camaïeu (peinture où l'on n'emploie qu'une couleur avec des tons différents), polychromie, évoquent le nombre de couleurs utilisées. Les nuances : variations de tonalité, claires ou foncées.
La lumière : le photographe utilise en outre les termes d'exposition (sous- ou sur-exposition), positif et négatif, contre-jour.

Les plans : l'image se présente dans une échelle des plans (ensemble, moyen, américain, rapproché, gros plan, très gros plan), selon un certain point de vue (frontal, plongée, contre-plongée). Elle offre, en outre, une certaine profondeur de champ (avant-plan, second plan, arrière-plan,...) voire, quelquefois, un hors-champ, espace non représenté mais susceptible d'entretenir une relation avec le visible, le champ.

Les lignes : verticales et horizontales qui séparent l'image en tiers sont les lignes de force de cette image et les intersections entre ces lignes sont les points forts de l'image. Ce sont ces lignes et ces points qui créent l'ossature de l'image et guident le regard.

2. L'image-signe

En même temps qu'elle est réellement un objet autonome, l'image renvoie le regardant à la réalité qu'elle signifie. Les aspects sémiologiques de l'image concernent les codes sociaux, les connotations, les références culturelles et symboliques, la rhétorique des signes.

Repérage des codes sociaux : Toute image a été réalisée dans certaines conditions socio-économiques, elle en porte les traces.

Exploration des connotations : Polysémique , l'image offre, au delà du sens dénoté, un vaste champ de connotations qui dépendent, d'une part du lecteur, de sa mémoire, de sa culture, de sa pratique sociale, de son inconscient, de son imaginaire. Elles dépendent aussi de la répartition des signes dans l'espace de représentation.

Références culturelles et symboliques : Il s'agit de reconnaître les codes gestuels propres à une culture : codes techniques et ornementaux du corps (vêtement,...) et de l'espace (architecture,...); les codes symboliques (consulter par exemple Chevalier, 1982) (emblèmes,...), typographiques et les signalisations (code de la route,...). Certaines images-citations renvoient à des modèles connus. Toute image exprime une certaine conception de la représentation du réel, s'inscrit dans un courant artistique, dans l'histoire de l'art.

Rhétorique des signes : L'image peut suggérer, voire créer le mouvement. Les messages iconiques sont disposés selon des figures telles que métaphore, personnification, antithèse, parallélisme, chiasme, métonymie, mise en abyme, etc.


3. L'image-communication

Objet et signe, l'image ne prend son sens que par l'œil d'un regardant. Entre eux une relation particulière s'établit.
L'identification primaire, technique, fait que le spectateur devient l'œil de l'objectif ou du dessinateur, oublie la médiation réalisée. Il est, par conséquent, intéressant d'étudier l'effet de réel produit par une image (réalisme, semi-réalisme, abstrait, surréalisme ).
L'identification secondaire à un personnage ou à une situation est la preuve d'une participation active. Elle peut être encouragée par certains procédés ainsi, le point de vue frontal (axe y-y , les yeux dans les yeux) et possède une force prescriptive puissante. On parle de projection lorsque le spectateur se focalise individuellement sur un personnage, une scène, un élément de situation, y trouvant une occasion d'extérioriser une préoccupation personnelle (en ce sens, parler d'une image, c'est autant parler de soi que de ce qui est représenté.)
On peut donc, devant chaque image, s'interroger sur la façon dont elle interpelle le regardant. Chaque image propose un moment d'un récit que le spectateur est invité à reconstruire en imaginant une situation initiale et une situation finale. D'ailleurs, le temps (époque et durée) y est représenté, au même titre que l'espace, de multiples façons.

L'image et le texte

Enfin l'on peut s'interroger sur la relation entre l'image et le texte (titre, légende) qui exerce :
- tantôt une fonction d'ancrage lorsqu'il impose parmi la masse de significations possibles, un sens unique de lecture;
- tantôt une fonction de relais lorsqu'il apporte ce que l'image ne dit pas.
Parfois le texte est décalé par rapport à l'image, il acquiert à ce moment une valeur poétique et incite le lecteur à un effort d'imagination ("Ceci n'est pas une pipe " Magritte).