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26 févr. 2010
Art Tribal, Chowké
Les cultes des hambas et de Chibinda
Le peuple Chokwé vit dans un territoire immense à la frontière de l'Angola et de la République démocratique du Congo. Quelques tribus vivent en Zambie. Selon la légende, les Chokwe descendent de l'empire Lunda, dont l'ancêtre mythique Chibinda Lunga rest omniprésent dans la mythologie de ce peuple.
Ses représentations sous forme de statues de guerriers ou de chefs abondent.
L'art des Chokwé, comme l'art ethnique en général repose sur deux piliers : l'art séculaire, et l'art religieux.
Peuple conquérant, ayant soumis d'autres tribus, les Chokwé connurent un âge d'or, juste avant la colonisation portuguaise du début du 20ième siècle. L'art est alors mis au service du pouvoir royal : trônes, sceptres, armes, bijoux, mobilier finement sculptés témoignent du raffinement de ce peuple. Cet art de cour allait décliner avec la période coloniale et le partage du territoire Chokwé entre portuguais, belges et britanniques.
Seul l'art religieux a pu survivre, de façon appauvrie certes en raison de la main mise sur les richesses du pays par les occidentaux, mais les techniques ont été protégées par les "tagis" , les prêtres.
L'art rituel des Chokwé est complexe
les paniers du Tagi
D'une part on trouvera les objets de culte destinés aux devins. En aucun cas les devins ne prédisent l'avenir mais soignent les maux et les malheurs, en expliquant les causes possibles du mal, en s'adressant au "hamba" , l'esprit tutélaire invoqué. Le tagi utilise un panier divinatoire, fabriqué par les femmes, à parti du tressage de l'arbustre sacré mukenge, orné de peaux, de grelots et de peintures rouges et blanches. Les hochets ou misambo contenus dans le paniers symbolisent les attributs des hambas. Le devin interprête le message du hamba dans des buts de guerison.
Les statuettes des cultes de chasse et de fertilité
Parmi tous les esprits hambas, certains sont particulièrement célébrés. Peuple chasseur, les chokwé invoquent régulièrement les esprits de la chasse et de la fertilité. Très souvent, ceux-ci sont honorés par des batons de bois peints, présents dans chaque village, souvent plantés à coté d'un arbre qui fait office d'autels. Des offrandes y sont déposées: pièces de tissu, petites figurines, amulettes contenant des plantes médicinales. Les hambas sont célèbrés lors de cérémonies publiques, avec chants et danses rituelles.
Les satutes de Chibinda Llunga
Les repésentations du dieu-héros Chibinda sont considérées par les collectionneurs et les professionnels comme de véritables chéfs d'oeuvres. Nous l'avons dit, cette figure mythique est omniprésente dans la culture des Chokwé.
Selon la légende, le prince Chibinda, un chasseur de l'ethnie Luba épousa la princesse lunda Lueji. Il fonda le peuple des Chokwé et lui enseigna l'art de la chasse, de la guerre et de la magie.
Figure imposante, Chibinda est toujours représenté avec une barbe saillante, une coiffe, et des attributs guerriers, arc, flèche, couteau, plus tardivement fusil. Il est circoncis selon la coutume.
Parfois représenté tenant des enfants dans ses bras, ou avec son épouse, il incarne le principe masculin, la puissance solaire. Il faut dire que le rôle de la femme chez les Chokwé est réduit à la reproduction, et la seule initiation qu'elles recoivent est celle de la fécondité, avec des prières à la lune, qui représente, comme dans d'autres civilisations l'esprit féminin.
Avant l'ère colonial, les chefs étaient vénérés. Outre leurs pouvoirs politiques, militaires et judiciaires, ils sont investis du pouvoir divin. A eux de célébrer les ancêtres devenus esprits, d'enseigner aux jeunes adultes l'art traditionnel de la chasse et les rituels de possession mais aussi de la fertilité.
Les effigies de Chibinda étaient possession des chefs qui devaient l'honorer. Seuls les meilleurs artisans avaient le droit de sculpter ces statues qui devaient évoquer la puissance (bras, mains et pieds proéminents), et le recueillement.
Les masque en bois des rituels de ciconcision
Même si les masques chokwé sont très divers, par les expressions qu'ils suggèrent, ils sont la plus part du temps peints dans les 3 couleurs rituelles : noir, blanc, rouge (femme, homme, esprit). Fabriqués en bois, en fibres végétales, tissu, papier, ils interviennent dans la mukanda, l'initiation des jeunes garçons. Toujours portés par des hommes, il existe des masques féminis (pwo) scarifiés et des masques masculins (chihongo). Ce sont ces derniers, plus puissant et plus abstraits qui sont utilisés lors de la cérémonie de circoncision. Ils étaient brûlés à la fin de la cérémonie, coutume vite abandonnés par les artisans.
Le masque (ainsi que le costume traditionnel) symbolisent d'autres réalités, des messages d'un autre monde, celui des esprits et du divin en ce mode. Il a une existance propre, car il est "chargé" de pouvoir et de puissance.
Les masques sont toujours fabriqués aujourd'hui. Chaque artiste, selon sa créativité, diversifiera les motifs, les couleurs et les matériaux employés. Hormis les masques chihongo qui doivent rester sobres, il n'y a pas de codes spécifiques de représentation. Le masque ne prend vie que lors des cérémonies rituelles.
Riche, diversifié, complexe aussi, l'art Chokwé a dominé l'afrique orientale pendant des siècles. Même si les plus belles pièces sont aujourd'hui visibles dans les musées, la tradition des masques et des statuettes "domestiques" continue, pour prolonger une religion encore pratiquée par quelques tribus. A l'abri des regards occidentaux.
Bibliographie
- Chokwé de Boris Wastiau, aux éditions 5 Continents
- le numéro spécial de la revue Arts d'afrique Noire, N° 19
- L'art chokwé, ouvrage collectif aux Editions Dapper