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26 févr. 2010

Art tribal : Hopi 2/2


Le mot kachina désigne tout à la fois, les Esprits, les hommes qui les personnifient, et les poupées sculptées les représentant.

Pour les indiens des hauts plateaux, toutes les puissances surnaturelles peuvent être représentées. Ces esprits, vivant dans le cosmos sont le plus souvent bienveillants. Aussi lors des cérémonies, les danseurs masqués offrent des cadeaux à l'assistance : poupées kachinas, vannerie, instruments de musique ou nourriture.
Néanmoins quelques esprits sont plus espiègles, terrorisant notamment les enfants désobéissants.
Les célébrations des kachinas durent les 6 mois, les hopis pensent que l'autre moitié de l'année les esprits se reposent dans leur hameau dans le monde sous-terrain.
Essence de chaque composante du monde, les Kachinas se manifestent sous des formes diverses : humaines, végérates, animales, minérales et astrales. Il existe quelque 400 personnages mais leur rôle diffèrent d'un village à un autre. A coté des esprits immuables comme ceux de la pluie par exemple, de nouveaux personnages sont créés à chaque saison. La renommée d'un masque repose sur l'élégance de son costume, la grâce de sa danse, et la beauté de son chant.

Element essentiel du danseur, le masque. Dès que le masque est porté, le danseur est investi des attributs de l'esprit choisi, et permet donc de le faire revivre, de lier le temps profane au temps universel.
Les Tuvi'ku, les masques, sont de 5 types : masque facial, demi masque, masque rond fait en vannerie, masque sac, masque heaume en peu de daim ou de bison. Les masques sont entretenus, repeints et redécorés chaque année. Le danseur revêt aussi un costume spécifiques et son torse est orné de peintures rituelles.
Pendant 6 mois, les cérémonies kachinas vont se succéder, avec des temps forts, comme la célébration du solstice d'hiver, le Powamun ou fête-du-haricot où sont plantées des graines de maïs, suivie d'une procession et de danses.
Le Niman ou "Danse du retour" clôt la saison. Pour l'occasion les plus beaux masques, fraîchement décorés et peints de couleurs éclatantes dansent toute la journée, avant de racompagner les kachinas vers le pic de San Francisco qui symbolise la porte d'entrée du monde sous-terrain. Plus aucun masque ne sortira mais, en souvenir de cette période, les poupées kachinas orneront les autels de kivas et murs des habitations.

Le secret de poupées Kachinas
Entre deux cérémonies du culte des kachinas, des poupées sont sculptées secrètement par les membres de la communauté. Elles sont offertes aux enfants et aux femmes lors des danses. Objet pédagogique pour les enfants, les tihu renferment un élément magique. Copie conforme des masques et des costumes, elles seront accrochées aux murs et auront un rôle protecteur pour la maisonnée. Elles permettent aussi de lier l'univers religieux réservé aux hommes au monde des femmes en leur assurant protection et longue vie.
Les premières tihu étaient assez rudimentaires, un morceau de bois décoré et peint. Petit à petit les poupées ont pris forme, se sont enrichies de coiffes et de vêtements.
Pour répondre à la demande des touristes, la production mercantile a été confiée aux femmes, qui peuvent laisser libre cours à leur inventivité. Certaines poupées sont aussi coulées dans le bronze et les artistes actuels n'hésitent pas à utiliser des matériaux nouveaux (argiles polymères, fer) pour faire évoluer les kachinas vers de véritables sculptures, en renouvellant les formes.

Fabriquer une kachina
Traditionnellement, le bois utilisé est le peuplier américain, trouvé le long des berges du Petit Colorado. Soit taillées à partir d'une seule pièce de bois, soit à partir de plusieurs, les "tihu" sont ensuite soigneusement poncées puis recouvertes d'une couche de kaolin ou de peinture acrylique pour boucher les pores du bois.
Le concept de tihu implique la couleur. Sans elle, la poupée n'existe pas. Les couleurs corespondent à une signification symbolique et permettent l'identification du personnage. Le sculpteur termine son travail par l'ajout d'accessoires caractéristiques de l'esprit choisi, puis par l'ajout de plumes d'oiseaux choisies selon un symbolisme codifié (plumes d'aigle pour les kachinas-porteurs-de-pluie-printanière). Depuis peu les artistes fixent les figurines sur un socle et signent leurs oeuvres : J. Kewanwytewa, A.J. Makya, V. Monongya, D. Tewa sont des artistes réputés et célèbres outre-Altantique.
De nombreuses expositions, festivals ou concours consacrés aux poupées kachinas sont organisés sur tout le continent américain.

Les autres Arts
Les Hopis sont certainement les indiens qui ont le mieux perpétué leurs artisanats ancestraux.
La vannerie
Les tressage du yucca, les formes et les motifs datent de la préhistoire, tout comme la fabrication de pièces traditionnelles (plaque de mariage, plateau Piki). Le travail de l'osier est la spécificité de Troisième Mesa, et propose un choix inégalé de motifs géométriques et de coloris obtenus par des teintures minérales et végétales.
Ce sont les femmes qui le plus souvent travaillent la vannerie, les hommes aidant pour la création d'objets volumineux.
Spécificité des hopis de Première Mesa, les motifs variés, géométriques et zoomorphes sont accompagnés de mises en couleurs grandioses. Si l'inventivité est de mise, les techniques de cuisson sont ancestrales : le feu est composé de buches et d'éxcréments. Les pots sont placés à l'envers et recouverts de charbon. Les pièces sont conservées 8 à 10 jours sous la cendre après l'extinction du feu pour parfaire la cuisson.

Le textile
Le tissage du coton est toujours très présent, et chaque foyer hopi possède son métier à tisser. La fabrication actuelle est limitée aux vêtements, aux couverture cérémonielles, et aux ceintures, dans le respect des motifs ancestraux et des couleurs (blanc et crème, enrichis de zones vertes, rouges ou noires).

La joaillerie
Le travail des pierres (turquoises, azurites, serpentines, argilites) est renommé ainsi que le sertissage. Longtemps confondu avec la joaillerie navajo, la joaillerie hopi reprend désormais les motifs des poteries, vanneries et tissage. Une joaillerie de grand luxe se dévéloppe actuellement avec le travail d'orfévrerie unique associant pierres précieuses et non précieuses, corail et argent.

la poterie
Sculpter une poupée, créer un bijou, une poterie ou une jarre en vannerie est pour le hopi un acte de protection contre un éventuel anéantissement. En utilisant le concept kachina, chaînon majeur de sa religion, l'indien des Mezas dévoile une parcelle de sa foi et fait bénéficier le reste du monde des bienfaits des Esprits. Bien vivante, très dynamique, la culture hopi traverse désormais les frontières pour s'inscrire dans les grandes traditions artistiques de l'humanité.


Bibliographie
Sur les Zunis
- Rituels et Pouvoirs chez les indiens Zunis : Voyage d'un anthropologue au Nouveau Mexique de
Barbara Tedlock aux éditions Terre Humaine
- Les Indiens zunis de
Jean Cazeneuve aux éditions du Rocher

Sur les Hopis
- Les hopis, ouvrage collectif, collection sagesse indienne aux éditions du Rocher
- Spiritualité de indiens d'Amérique, tome 3 : Les Hopis de
Robert Boissière aux éditions du Mail

Sur les Kachinas (livre en anglais)
- Kachinas: Spirit Beings of the Hopi (Relié) de J. Brent Ricks - éditions Hanayu
-Kachinas in the Pueblo World