
Depuis l’âge de 17 ans, je rêvais de devenir une star. Je songeais à tous mes héros, Charlie Parker, Jimi Hendrix… J’avais une image romantique de la célébrité.
Jean-Michel Basquiat est sans doute l’un des rares grapheurs des années 80 à avoir connu un succès fulgurant. Sans doute à cause de sa personnalité, son charisme et ses innovations artistiques.
Sa fébrilité, son parcours, et sa mort prématurée ont contribué à transformer l’artiste en mythe. La peinture néo-figurative de Basquiat est aussi arrivée à un moment où le grand public délaissait les galeries d’art présentant des œuvres conceptuelles et minimales trop hermétiques.
Jean-Michel Basquiat naît le 22 décembre 1960, à Brooklyn. Sa mère l’emmène souvent visiter les musées de New-York. A 7 ans, après un accident de circulation, il subit l’ablation de la rate. Sa mère lui offre un livre d’anatomie, qu’il étudie passionnément. Après le divorce de ses parents en 1968, Basquiat est confié à la garde de son père, avec lequel il ne s’entend pas. Mauvais élève, il se fait renvoyer des écoles et n’obtiendra pas de diplôme.
Seul intérêt pour le dessin et pour la fondation de SAMO avec un ami d’école graffiteur. Nous sommes en 1977 et les murs de Soho et de Brooklyn sont recouverts de sentence. Dérivé de l’expression ‘ « this same old shit », SAMO veut combattre une société trop matérielle.Après une brouille avec son comparse Al Diaz, Basquiat taggue un peu partout « SAMO is dead ». Il a 18 ans, quitte définitivement le domicile paternel et vit chez des connaissances.
Pour gagner de l’argent, il vend des collages ou des tee-shirts peints. Avec son iroquois blond, il devient une figure de New-York et fréquente les clubs les plus en vue.
Il fonde aussi un groupe d’art noise music, Gray, rejoint par le futur acteur Vincent Gallo, et se produit au célèbre Mudd Club, entre quelques célébrités nommées David Bowie, Brian Eno, Iggy Pop ou Klaus Nomi.
Très vite le succès va arriver. Avec un autre artiste des rues, Keith Haring, il participe à la première grande exposition « Times Square Show » présentant des œuvres de jeunes artistes, qu’ils soient grapheurs ou autres. Son organisateur Diego Cortez sera le premier agent de Basquiat.
S’en suite en 1981 une autre exposition « New-wave/New York » qui mêle grapheurs et musiciens (Blondie, Alan Vega, David Byrne). Basquiat présente 15 œuvres qui frappent par leur mélange de simplicité, la présence de sigles et le thème majeur dans l’œuvre de Basquiat la ville.
Presque du jour au lendemain Basquiat devient célèbre. Il abandonne alors le pseudonyme de Basquiat pour signer de son nom. En 1982, sa galeriste lui organise sa première grande exposition personnelle. S’en suivent des invitations à Los Angeles, puis à la Documenta VII de Cassel (grande manifestation d’art contemporain).
Cette même année il rencontre Andy Warhol. Une collaboration amicale et artistique qui durera jusqu’en 1985. Pourtant si des tensions existent entre les deux artistes, Basquiat restera inconsolable après la mort de ce « père spirituel ».
Sur l’initiative d’un galeriste, les deux artistes vont réaliser 15 collaborations qui seront exposées en 1984. Les deux artistes travailleront à d’autres collaborations. Basquiat peint sur les sérigraphies de Warhol. Hélas les critiques ne sont pas élogieuses : manque de cohésion, facilités et thèmes éculés. Alors que l’on pouvait attendre une rencontre forte à travers ces deux personnalités, aussi célèbres que médiatiques, les résultats décevants et les conceptions différentes du rôle de l’artiste devaient éloigner les deux vedettes. Si Basquiat rêve d’être reconnu en tant que peintre, Warhol se contente d’être une star.
1985 est l’année Basquiat. Avec plusieurs grandes expositions, des ventes records, Basquiat qui change pour la 3ème fois de galeriste est partout. Il peint un panneau mural pour un club en vogue de New-York et voyage à travers le monde de Hong-Kong à l’Italie. Une première rétrospective est organisée en 1986.
Mais Basquiat commence à perdre pied dans un monde de l’art toujours plus exigeant. Après la mort de Warhol, il se sépare de sa compagne. Il s’intéresse aussi à l’art africain, à la culture égyptienne et se met à réfléchir sur son identité raciale. Il se fascine aussi pour le vaudou.
Mais Basquiat est sujet au doute. Il déclare tantôt qu’il veut abandonner la peinture pour l’écriture ou pour la musique et dit vouloir s’installer en Côte d’Ivoire. Consommant alcools et drogues, Basquiat est retrouvé mort d’une overdose dans son atelier de New-York le 12 août 1987. Il avait 27 ans.
Les critiques ont voulu voir dans ces dernières œuvres, plus sombres, un pressentiment de mort, oubliant que c’est l’un des thèmes du peintre : squelettes, tête de morts et le mot « Death » sont récurrents dans l’œuvre de Basquiat.