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26 févr. 2010

Calder, la révolution de la sculpture 2/2


La forme qui sous-tend mon œuvre est le système solaire.

Calder, on le sait, fut fasciné par l’abstraction géométrique de Mondrian. Très vite, il utilise des feuilles de tôles, qu’il peint dans des couleurs vives et qu’il suspend. Ces formes simples viennent remplacer le cirque imaginaire, tout en gardant une poésie. Car c’est bien là le génie de Calder, susciter avec des formes simples, des moyens simples, l’émerveillement.

Calder ne cherche pas à détourner des objets de leur quotidien, mais d’utiliser ceux-ci comme moyen artistique, de les transformer.

Pourtant, lorsqu’il expose en 1928 à New-York des sculptures en fil de fer, la critique le traite de fou et ne le prend pas au sérieux.

Calder règle aussi le problème du socle dans la sculpture : en suspendant ces œuvres, il le supprime purement et simplement. Sans grand discours théorique, mais avec une incroyable inventivité, l’artiste révolutionne la sculpture. Il n’était pas le premier à rechercher le mouvement, le sculpteur Julio Gonzalez et Picasso travaillaient aussi sur ce thème. Mais Calder a su le mettre en œuvre de façon simple.

Faire bouger des plans différents dans l’espace et composer aussi avec les ombres qu’ils dessinent, tel est le pari réussi de Calder, qui composent avec les principes physiques de statique et de dynamique.

Calder a souvent dit qu’il s’amusait. Marteau, pinces, perceuse, scie sont ses outils, fil de fer et ficelle ses matériaux. Bien avant ses mobiles, Calder avait commencé par mettre au point ce fameux cirque, animé par des poulies, un moteur de batteur à œufs, de manivelles ou de ficelle.

Le cirque est un terrain ludique mais aussi un laboratoire pour les expérimentations du jeune sculpteur. Calder avait passé de longues heures à dessiner les acrobates du Cirque Barnum à New-York, étudiant le mouvement, les trajectoires et les lignes. Et si son cirque s’enrichit de nouveaux personnages, cette troupe espiègle réinvente une esthétique et une légèreté, entre poésie et dérision. Calder aimait mettre en scène et jouer pour son public avec ses personnages. Son cirque remplissait quand même 5 malles.

Calder mettait au point des maquettes en tôles d’aluminium de 50 cm de haut environ. Il faisait agrandir sa maquette par des professionnels de la tôlerie et pouvait ainsi monter des mobiles de 10 m de haut, sans assistant.

Décrit comme jovial, avec beaucoup d’humour, Calder fut aussi un homme engagé : contre la guerre au Vietnam, pour le désarmement nucléaire. Il a réalisé des affiches pour les candidats démocrates et se serait sûrement félicité de la victoire d’Obama.


L’œuvre de Calder, par son esthétisme réconcilie des aspirations antagonistes comme la tentation du bricolage, l’art populaire et la technicité.

Calder libère la sculpture d’un carcan figé et ouvre la porte à un Jean Tinguely qui va créer de drôles de machines animées.

Il inspire aussi l’art dit cinétique, représenté par Vasarely, et qui réunit à travers le monde des artistes influencés par l’épopée technologique de la conquête spatiale. Les groupes Zen (fondé en 1957 en RFA) et GRAV à Paris en 1961 cherchent à donner à l’art une fonction sociale, s’interroger sur l’esthétique et abandonner les deux dimensions du dessin au profit du volume et du mouvement. Bury et Takis en 1958 expérimentent le mouvement électromagnétique.

Plus prêt de nous, l’utilisation des matériaux de récupérations est revendiquée par bon nombre de plasticiens (voir les œuvres d’Annette Messager).

Calder ouvre aussi la porte à l’installation et à la mise en scène de l’œuvre et à toute une partie de l’art contemporain qui utilise les techniques les plus modernes pour réinventer la matière, le mouvement, et incorporer une notion de sensitif dans l’art.


Les œuvres de Calder sont aussi des œuvres en constante métamorphose, en raison de leur mouvement dans l’air, un microcosme animé par un potentiel d’énergies et de vibrations, permettant à l’œuvre de susciter chez son spectateur des émotions, des impressions. Malgré leur taille imposante, elles symbolisent un état indéterminé entre suspension et apesanteur, entre apparition et disparition de l’œuvre.

Mon but c’est de faire quelque chose qui soir comme un chien ou comme des flammes. Quelque chose qui est une vie en soi.