Wikipedia

Résultats de recherche

25 févr. 2010

Claude Cahun, l'héroïne singulière


Inclassable Claude Cahun !
Photographe, écrivain, comédienne,elle affiche une personnalité peu conventionnelle, et ouvre des portes créatives inédites. Peu connue du grand public, on redécouvre aujoud'hui son oeuvre, et ses inventions photographiques, à une époque où l'ordinateur et les appareils numériques relevaient de la science-fiction.

De son vrai nom Lucy Renée Mathilde Schwob, elle nait en 1894 à Nantes, dans un milieu littéraire. Son père, Maurice Schwob est le propriétaire du journal "Le phare de la loire" et son oncle est écrivain.
Marquée par une enfance peu heureuse - sa mère sombre dans la folie, elle poursuit des études littéraires et devient chroniqueuse dans le journal familial dès 16 ans.
Peu avant, elle rencontre Suzanne Malherbe, dessinatrice et plasticienne, avec laquelle elle partagera sa vie et ses passions.
Après de études à la Sorbonne, elle collabore à diverses revues parisiennes. En 1917, elle change son nom pour Claude Cahun. Quelques années plutard, elle se rase la tête, et optera désormais pour des cheveux ras
Amie d'Henri Michaux, puis d'André Breton et de Robert Desnos, membre d'une troupe de théâtre, elle multiplie ses activités littéraires et militantes.
Aidée par la fidèle Suzanne, elle s'oriente en 1929 sur un travail photograpique innovant où elle se met en scène et se raconte.

Amie fidèle du groupe surréaliste, puis de Jacques Lacan -elle avait suivi des études de psychologie à la Sorbonne, elle rend régulièrement visite aux malades des services psychiatriques.
Discrète mais toujours présente, elle gardera toute sa vie des liens amicaux avec les surréalistes.
En 1937, elle s'installe à Jersey, avec Suzanne où elle vivra jusqu'à sa mort. Résistante passionnée, elle est arrêtée en 1944 par les allemands. Elle échappe à la condamnation à mort, mais restera en prison jusqu'en 1945. Sa maison est pillée, ses oeuvres son détruites, notamment ses photographies. Très éprouvée par son incarceration, ellle entreprend malgré sa santé fragile, la rédaction d'une autobiographie, et de ses aventures de résistante. Elle meurt en 1954.
"Il faut dire que j’étais naïve, insouciante, indépendante aussi … C’est à partir de 1937 que j’ai recommencé à remettre en question mon travail au milieu de tous ces artistes. J’ai perdu confiance en moi. Et là, pendant quinze ans, il y a eu un énorme trou noir, fait de désespérantes difficultés intérieures. Je n’ai émergé et recommencé à travailler qu’en 1954, où je me suis retrouvée dans la situation d’un « jeune artiste » qui avait tout à prouver, ce qui a été terriblement stimulant."

Malgré son image de "touche à tout", ou de "provocatrice", qui en ont fait une icone pour certains, Claude Cahun a construit une oeuvre autour des thèmes de l'autobiographie (préfigurant ainsi tout un courant d'art conceptuel, je pense notamment à la photographe-plasticienne Sophie Calle), l'androgyne, la métamorphose. Elle nous interroge sur ce que nous sommes, nos reflets divers, notre identité profonde.

Héroïnes
"Quand on renonce à créer, il ne reste plus qu'à détruire, car aucun vivant ne peut se tenir immobile sur la route du destin."
"l'art est moyen de " voyager à la proue de soi-même ".

« Je sentais que, par le soleil, j’étais androgyne, la lune, le Saint-Esprit, une gitane, une acrobate, Leonora Carrington
et une femme. Je vais être aussi, plus tard, Elisabeth d’Angleterre"

Sur la photographie :
Comment dire ? En elle, je me ressemble. Non pas : je me reconnais. Mais me ressemble. Il n'y a plus distinction, mais indistinction. Il n'y a plus différenciation, ni même différence, mais absorption. Mais plus - ou moins - que cela, il y a soustraction et non accumulation comme on pourrait le croire : soustraction l'une de l'autre, soustraction dont l'aboutissement est l'obnubilation, l'annulation de nous deux.
La photo s'offre comme gouffre.


Bibliographie
Les Héroïnes, Mercure, 1925.
Aveux non avenus, texte autobiographique illustré d'héliogravures de Marcel Moore, éditions du Carrefour, 1930.
Les Paris sont ouverts, José Corti, 1934.
"Prenez garde aux objets domestiques", cahiers d'art I, II, 1936.
"Dossier Claude Cahun "choix de textes réunis par François Leperlier, Pleine Marge 14, 1991.
Le Scrap-book, carnet de notes que Claude Cahun a tenu pendant la guerre (inédit).