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25 févr. 2010

Tamara de Lempicka.


"Je vis en marge de la société. Et les règles de la société normale n'ont pas cours parmi les marginaux".

Excessive Tamara de Lempicka. Celle qui fut une star dans l'entre-deux guerres, naviguera toute sa vie entre la Jet-Set et son atelier de peinture, où elle dessine la femme "moderne" à la fois élégante mais libre, objet ou sujet.

Amigüe aussi, que cela soit dans une affichée mais peu réelle homosexualité ou dans le détournement de sa biographie. Elle est née en 1898, à Varsovie dit-elle, certains de ces biographes penchent pour Moscou. Enfance dans un mileu bourgeois, son père est avocat, marqué pour une passion pour l'Art, après un voyage en Italie.
En 1916, elle épouse un avocat Tadeuz de Lempicki. Le couple s'installe à Saint Pétersbourg et mêne une vie luxueuse stoppée par la Révolution Russe. Son mari est arrêté mais le couple arrive à quitter la Russie pour Le Danemark puis Paris en 1923 où elle dit avoir 16 ans.

Tamara suit des cours de peinture, tout d'abord avec Maurice Denis, peintre nabi, qui aime répéter à ses élèves qu'une toile "n'est jamais qu"une surface plane recouverte de couleurs dans un certain ordre agencées". Malgré cette déclaration moderne, Maurice Denis est un peintre "décoratif", mais un enseignant exigeant.
Plus importante est la rencontre avec Andre Lhote, inventeur d'un cubisme mondain, réconciliant les thèmes de la peinture classique avec les avancées cubistes de Braque et Picasso. Nommé aussi cubisme synthétique, il reste largement figuratif et peu innovant.
Inspirée par son maitre, Tamara expose en 1925 au salon des Tuileries et au Salon des femmes et connait un succès immédiat. Affiliée au mouvement Art déco, elle peut mener la vie qu'elle aime : la dolce vita, de palaces en soirées mondaines avec le tout Paris.

Avec son style inimitable, ses portraits raffinés, appuyés par une composition rigoureuse, Tamara de Lempicka crée une peinture finalement très classique, "une peinture nette, achevée" dit-elle. Elle sort le soir, rentre tard et finit la nuit à peindre. Peu conciliante avec l'art de son époque, elle dirait à sa fille Kizette : "Je recherchais un métier qui n'existait plus, j'étais en quête de technique, de simplicité et de bon goût. Mon but, ne pas copier, mais créer un nouveau style, des couleurs lumineuses et brillantes, retrouver l'élégance de mes modèles".

Certes Tamara ne copie pas, mais réinterprète. Elle voue une grande passion à Ingres, et se lance dans des nus féminins raffinés et subtilement érotiques. Elle n'hésite pas à peindre des couples de femmes, à suggérer, et à utiliser la "rime plastique". La presse s'enchante, les acheteurs affluent.

Alors que son couple bat de l'aile - Tadeusz n'arrivera jamais à se faire une situation à Paris, Tamara de Lempicka rencontre Gabriele d'Annunzio, homme vieillissant mais pouvant ouvrir les portes italiennes de la célébrité à Tamara. Pas vraiment une liaison, ni une folle passion, mais un jeu amoureux subtil, surtout destiné à alimenter la presse à sensation. Et le portrait du poéte italien ne verra jamais le jour.
En 1928, elle divorce.
Elle épousera en secondes noces le Baron Raoul Kuffner, qui était déjà l'un de ses acheteurs, en 1933, alors qu'elle est à l'apogée de sa réussite, refusant des commandes.
Le titre de Baronne, et la fortune de son mari vont lui permettre de travailler un peu moins. Avec la montée du nazisme, elle enjoint son époux de s'exiler aux Etats-Unis.
Tamara essaye aussi de renouveler ses sujets. Portraits de religieuses, de veillards. Si elle peut exposer sans problème à New York, les temps ont changé. Si elle fréquente les stars d'Hollywood, son art est passé de mode "Elle est drôle et ses toiles sont si amusantes" écrit une chroniqueuse mondaine.
Tamara continue à peindre des portraits, de facture plus simple, plus épurées. Mais c'est plus sa vie mondaine qui retient l'attention. En 1960, elle tente de travailler dans l'Abstraction délaissant le pinceau pour le couteau. Mais le mouvement abstrait était aux USA sur le déclin, les années 60 célébraient le Pop Art et toute une nouvelle génération de peintres.
Enfermée dans sa façon de faire, n'arrivant pas à se renouveler, Tamara de Lempicka, après la mort du Baron Kuffner se retire au Mexique. C'est désormais sa fille qui gère les affaires familiales. Gravement malada, elle meurt le 18 mars 1980. Conformément à ses voeux, sa fille répand ses cendres au dessus du cratère de Porpocatepelt.

Dernier souhait d'une artiste qui n'aura pas su oublier son heure de gloire, ni se détacher d'une technique qui a fait sa renommée. Eprise de classicisme, trop préoccupée par une vie mondaine rassurante, Tamara De Lempicka est toujours restée en marge des courants artistiques du siècle passé. Mais la force de ses portraits, la façon qu'elle a de figer sur la toile le sujet, sans compassion en font une artiste unique.