
"Les images doivent s’inscrire physiquement dans les lieux. Elles ne doivent pas être des affiches en surface. L’espace interne du dessin doit pouvoir dialoguer avec son support réel. Il faut arriver à travailler l’espace intermédiaire qui sépare le plan du mur et l’espace de la rue. Mes images s’inscrivent dans cet interstice" - Ernest Pignon Ernest
Parmi les plasticiens français actuel, Ernest Pignon a sur créer une démarche intéressante, urbaine, en mettant à profil une technique très classique.
De ses études de dessinateur technique, il garde la rigueur et la justesse d'observation. Mais il n'y a pas de sensualité chez Pignon Ernest, pas de courbes harmonieuses, pas d'ode à la sensualité comme chez Ingres (considéré comme le Maître du dessin) mais une démarche qui investit les nouveaux territoires de l'art du 21ème siècle. Dessinateur prodigieux, il va mettre son talent aux services des villes et lieux en apposant dans les rues, de Charleville-Mézières (1978 - Rimbaud), de Paris, Naples, Alger ou Soweto des dessins, sérigraphiés et aggrandis.
Sur Rimbaud : "L’affiche, la fragilité de son papier, le parcours éphémère est précisément ce qui est le plus rimbaldien dans l’histoire. L’in situ est très important dans cette démarche. Si vous lisez son œuvre et sa vie vous comprendrez que lui édifier une statue en marbre est une aberration. A l’inverse, mon image est provisoire, fulgurante. Sa disparition programmée est un des éléments de la proposition"
Ces interventions urbaines, fugaces (elles ne résistent pas aux intempéries, ou aux mains des passants qui en déchirent des petits morceaux) sont aussi une façon de dire que l'art n'est pas forcément figé dans le cadre du musée ou d'une institution mais qu'il appartient à tous.
Pignon Ernest considère que l'oeuvre d'art est constituée à la fois du lieu et du dessin qui lui fait écho. Ainsi il s'inspire du Caravage pour décorer les murs de Naples, ou de la douleur provoquée par les ravages du Sida pour animer les ghettos de Soweto.
Sur son intervention à Naples : " j’ai, scrupuleusement, été attentif à tout cet environnement. Mes images représentaient la mort. Je les ai collées durant mes différents séjours, la nuit du jeudi au vendredi Saint. Rencontrer une telle image le jour de Pâques modifie la perception que l’on a d’elle. Sa lecture s’en trouve renforcée. Elle ne résonnera pas de la même façon dans ce contexte. Même pour moi qui suis athée. Je suis touché par ce genre de représentation dans ce moment particulier de la Passion."
En utilisant des procédés sérigraphiques, Ernest Pignon Ernest fait imprimer des affiches des très nombreux dessins qu'il réalise en vue de l'affichage dans les villes.
"Pour que cela fonctionne dans la rue, il faut faire un gros travail préparatoire. Il faut étayer, corseter, architecturer, construire rigoureusement les dessins, sinon la ville les balaie d’un seul geste. A Naples, il y a un tel foutoir visuel qu’il faut redoubler de précision. Les linges pendent aux fenêtres, les moulures, les cariatides sortent de partout. Pour que les dessins tiennent la comparaison, il faut qu’ils soient solidement structurés. Le trait doit être nourri, étoffé. Pour arriver à l’image adéquate, il faut travailler énormément. Pour Naples, j’ai dû produire plus de mille dessins par exemple."
Ici les cabines téléphoniques revisitées par l'artiste.
"Le travail ne doit pas se réduire à la politique, ni à la question sociale. Ce sont des composantes parmi d’autres que j’assume entièrement. Ma génération a traité la question de l’avortement, des immigrés, des expulsés..., mais il serait maladroit de revendiquer uniquement ces aspects. La lecture de l’œuvre serait unilatérale. Le pathos et les poncifs de l’engagement sont à éviter. Mais cette question se pose insidieusement chez moi, comme vous l’avez relevé, à cause de l’usage de la figuration."
C'est peut-être ce choix de la figuration qui n'a peut-être pas permis à Ernest Pignon Enerst d'entrer dans les très grandes galeries. "Les gens du milieu ont un problème avec la figuration. Ils pensent qu’il y a toujours un débat entre abstraction et figuration ! C’est une vieillerie qui leur trotte encore dans la tête. Ils pensent être d’une grande modernité, mais ils sont gênés par la sensualité, la présence du corps. Pour moi, l'affaire est réglée définitivement depuis Matisse et Picasso".
Artiste de la rue, il a été parmi les premiers à investir notre quotidien, EPE défend aussi les artistes comme Miss Tic (pochoirs), mais sans revendiquer d'appartenances à un courant pictural. On le sait proche de Ben et il fut l'ami du sculpteur Arman.
En 2008, après une exposition au Musée de Montauban, l'artiste a investit la chapelle Saint Charles en Avignon, en proposant 7 portraits de grands mystiques chrétiennes.
Bibliographie
- le très beau livre d'Elisabeth Couturier sur l'artiste aux éditions Hersher
- l'homme habite poétiquement, entretiens avec M. Pleynet aux éditions Actes Sud
Parmi les plasticiens français actuel, Ernest Pignon a sur créer une démarche intéressante, urbaine, en mettant à profil une technique très classique.
De ses études de dessinateur technique, il garde la rigueur et la justesse d'observation. Mais il n'y a pas de sensualité chez Pignon Ernest, pas de courbes harmonieuses, pas d'ode à la sensualité comme chez Ingres (considéré comme le Maître du dessin) mais une démarche qui investit les nouveaux territoires de l'art du 21ème siècle. Dessinateur prodigieux, il va mettre son talent aux services des villes et lieux en apposant dans les rues, de Charleville-Mézières (1978 - Rimbaud), de Paris, Naples, Alger ou Soweto des dessins, sérigraphiés et aggrandis.
Sur Rimbaud : "L’affiche, la fragilité de son papier, le parcours éphémère est précisément ce qui est le plus rimbaldien dans l’histoire. L’in situ est très important dans cette démarche. Si vous lisez son œuvre et sa vie vous comprendrez que lui édifier une statue en marbre est une aberration. A l’inverse, mon image est provisoire, fulgurante. Sa disparition programmée est un des éléments de la proposition"
Ces interventions urbaines, fugaces (elles ne résistent pas aux intempéries, ou aux mains des passants qui en déchirent des petits morceaux) sont aussi une façon de dire que l'art n'est pas forcément figé dans le cadre du musée ou d'une institution mais qu'il appartient à tous.
Pignon Ernest considère que l'oeuvre d'art est constituée à la fois du lieu et du dessin qui lui fait écho. Ainsi il s'inspire du Caravage pour décorer les murs de Naples, ou de la douleur provoquée par les ravages du Sida pour animer les ghettos de Soweto.
Sur son intervention à Naples : " j’ai, scrupuleusement, été attentif à tout cet environnement. Mes images représentaient la mort. Je les ai collées durant mes différents séjours, la nuit du jeudi au vendredi Saint. Rencontrer une telle image le jour de Pâques modifie la perception que l’on a d’elle. Sa lecture s’en trouve renforcée. Elle ne résonnera pas de la même façon dans ce contexte. Même pour moi qui suis athée. Je suis touché par ce genre de représentation dans ce moment particulier de la Passion."
En utilisant des procédés sérigraphiques, Ernest Pignon Ernest fait imprimer des affiches des très nombreux dessins qu'il réalise en vue de l'affichage dans les villes.
"Pour que cela fonctionne dans la rue, il faut faire un gros travail préparatoire. Il faut étayer, corseter, architecturer, construire rigoureusement les dessins, sinon la ville les balaie d’un seul geste. A Naples, il y a un tel foutoir visuel qu’il faut redoubler de précision. Les linges pendent aux fenêtres, les moulures, les cariatides sortent de partout. Pour que les dessins tiennent la comparaison, il faut qu’ils soient solidement structurés. Le trait doit être nourri, étoffé. Pour arriver à l’image adéquate, il faut travailler énormément. Pour Naples, j’ai dû produire plus de mille dessins par exemple."
Ici les cabines téléphoniques revisitées par l'artiste.
"Le travail ne doit pas se réduire à la politique, ni à la question sociale. Ce sont des composantes parmi d’autres que j’assume entièrement. Ma génération a traité la question de l’avortement, des immigrés, des expulsés..., mais il serait maladroit de revendiquer uniquement ces aspects. La lecture de l’œuvre serait unilatérale. Le pathos et les poncifs de l’engagement sont à éviter. Mais cette question se pose insidieusement chez moi, comme vous l’avez relevé, à cause de l’usage de la figuration."
C'est peut-être ce choix de la figuration qui n'a peut-être pas permis à Ernest Pignon Enerst d'entrer dans les très grandes galeries. "Les gens du milieu ont un problème avec la figuration. Ils pensent qu’il y a toujours un débat entre abstraction et figuration ! C’est une vieillerie qui leur trotte encore dans la tête. Ils pensent être d’une grande modernité, mais ils sont gênés par la sensualité, la présence du corps. Pour moi, l'affaire est réglée définitivement depuis Matisse et Picasso".
Artiste de la rue, il a été parmi les premiers à investir notre quotidien, EPE défend aussi les artistes comme Miss Tic (pochoirs), mais sans revendiquer d'appartenances à un courant pictural. On le sait proche de Ben et il fut l'ami du sculpteur Arman.
En 2008, après une exposition au Musée de Montauban, l'artiste a investit la chapelle Saint Charles en Avignon, en proposant 7 portraits de grands mystiques chrétiennes.
Bibliographie
- le très beau livre d'Elisabeth Couturier sur l'artiste aux éditions Hersher
- l'homme habite poétiquement, entretiens avec M. Pleynet aux éditions Actes Sud