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25 févr. 2010

Lucio Fontana 1/2


« Toutes les conceptions artistiques prennent leur source dans l’inconscient » - Manifesto Blanco.

Des toiles perforées ou lacérées d’une grande fente, telles sont les œuvres les plus connues du sculpteur Lucio Fontana. Ce qui peut sembler commun ou facile aujourd’hui ne l’était pas en 1949, quand les premiers Buchi (trous) ont commencé à être exposés. La toile ou la feuille de dessin perforée, repoussée, jette des ombres sur la surface du tableau et par là-même intègre l’espace réel dans l’œuvre d’art. On peut aussi parler d’un travail sur le vide, qui inspirera l’art minimal.


Rien ne prédispose Lucio Fontana a devenir le créateur du spatialisme et l’une des figures marquantes de l’art de la seconde partie du 20ième siècle.

Il est né le 19 février 1899 en Argentine. Son père, émigré italien, est sculpteur de monuments et de sculptures funéraires. Envoyé faire ses études en Italie, il suit les cours de l’école du bâtiment à Milan, et obtient un diplôme d’ingénieur en 1918. Il travaille deux ans dans l’atelier de son père, et décide de continuer sa formation par un cursus à l’Académie des Beaux-Arts de Milan. Il retourne en Argentine en 1923 et ouvre son propre atelier en 1924.

Si l’importation de marbre de carrare et l’invention de Fontana lui assurent un succès matériel, il ne souhaite pas rester artisan.

Il repart à Milan suivre des cours de sculpture auprès d’Adolfo Wildt, le grand maître du marbre. Il obtient son diplôme en 1930, il a 31 ans. Si Wildt voit en lui son successeur, Fontana souhaite explorer d’autres pistes et d’autres formes. Ses premières sculptures, en plâtre a des volumes massifs et grossiers et se rapproche d’un primitivisme que Fontana va explorer dans une série de bas-reliefs.


Fontana a hésité longtemps peinture et sculpture. « J’aurai aimé être un bon peintre comme mon grand-père, mais je sens un artiste spatial » écrit-il. Mais c’est la rencontre avec des artistes du mouvement « Abstraction-création » qui vont lui faire prendre un autre parcours. Il adhère au mouvement (fondé en 1931 à Paris) et exposera régulièrement avec eux.

Parallèlement, Fontana s’intéresse aux techniques de la terre cuite et de la mosaïque qu’il détourne de sa vocation décorative pour en recouvrir la tête sculptée de sa femme. Il doit aussi se défendre contre les préjugés : « je suis un sculpteur, pas un céramiste » dit-il en 1939.


De 1937 à 1940, Fontana doit se plier aux conditions de la dictature fasciste. Le régime soutient la création artistique quelle que soit sa tendance pour éviter une résistance intellectuelle. Cela lui permet de participer à l’exposition universelle de 1937 et de faire un stage à la manufacture de Sèvres. Mais en 1940, il repart pour l’Argentine où il vivra jusqu’en 1947. Il espère y implanter un mouvement d’art moderne et, s’il se contente d’un travail classique pour assurer sa vie matérielle, il fonde à Buenos Aires, une école d’art « Altamira » où il enseigne la sculpture. Regroupant des artistes divers, organisant des expositions, Altamira se veut non seulement un centre créatif mais une école de pensée, tournée vers les possibilités nouvelles de l’Art.

En 1946, Fontana et ses étudiants rédigent le premier Manifesto Blanco, qui prône l’utilisation de technologies inédites en sculptures mais aussi un allègement de la forme que l’on peut traduire dans un primitivisme inspiré de la nature.

Hélas, le Manifesto blanco ne rencontre pas un grand succès dans une Argentine qui vient de porter au pouvoir Péron. En 1947, Fontana quitte l’Argentine pour revenir en Italie.


Les œuvres que Fontana avaient laissées dans son atelier de Milan ont été détruites par les bombardements alliés. Quelques œuvres ont pu subsister grâce à des collectionneurs, mais pour Fontana, c’était un nouveau départ.

Avec ses premières toiles trouées, Fontana séduit la critique qui voit en lui le peintre de l’après-guerre, et le début d’un art nouveau. Fontana, tirant les leçons du passé proche, écrit en 1949 : « L’art ne se développe pas, car si c’était le cas, l’art grec ou l’art de la Renaissance auraient suffit pour mener l’homme à la perfection. En vérité, l’Art servait et sert de propagande. A chaque idéal son arc de triomphe, des monuments pour les généraux et les héros. De la propagande réalisée par des artistes, que l’on nous présente comme œuvre d’art. Si chaque artiste était toutefois stimulé par la beauté d’un art purement abstrait, cela servirait le bien de la communauté.