
"On me prenait pour une surréaliste. Ce n’est pas juste. Je n’ai jamais peint de rêves. Ce que j’ai représenté était ma réalité."
Elle aurait eu 100ans le 6 juillet 2007. La plus célèbres de peintres mexicaines fascine toujours le public. Est-ce pour son destin tragique ? La puissance et l'originalité de sa peinture ? L'exotisme qui ressort de ces peintures ? Plus de cent ans après sa mort, elle est l'un des peintres les plus côtés du marché de l'Art, après Modiglianni ou Picasso.
Dans l'histoire de l'Art, Frida Kahlo est inclassable. A la fois peintre surréaliste, parfois qualifiée de "naïve", toujours narrative, elle ne se rattache à aucune école, aucun courant artistique, aucune doctrine. Elle est à part, singulière, comme son destin de femme, libre, affirmée dans un monde entre deux guerres, dans un pays continuellement en mutation.
Rien ne prédispose Frida Khalo à la peinture. Née dans un foyer intellectuel - son père est photographe, sa mère s'adonnait à la peinture dit-on-, elle est admise à l' Escuela Nacional Preparatoria, la meilleure école du mexique, parmi 35 autres jeunes filles sur un millier de garçons. Elle se destine à être médecin, et si elle suit de brillantes études, elle n'oublie pas sa rencontre avec Diego Rivera, le futur grand peintre muraliste mexicain.
Sa vie change radicalement après un terrible accident d'autobus, qui lui brise la colonne vertébrale et la condamnera à vie au port de corsets. Pendant sa longue convalescence, pour tromper l'ennui, elle emprunte la boite de couleurs de son père et se met à peindre. Essentiellement des portraits. Les premières oeuvres dénotent d'un sens de l'observation et d'une technique assez honorable pour une femme n'ayant jamais été initiée aux techniques picturales. Elle commence aussi une série d'autoportraits.
En 1928, elle s'inscrit au Parti Communiste Mexicain et retrouve Diego Rivera qui l'encourage à peindre. Ils marient en 1929 et Frida suit son mari à San Francisco.
C'est après un avortement douloureux en 1930 que Kahlo va se tourner vers l'autobiographie par l'autoportait. Elle se met en scène, retraçant sur la toile ses états d'âme, exorcisant ses douleurs physiques et morales. Elle peint son avortement dans le Henry Ford Hospital avec violence. Ses thèmes sont posés : la non-maternité (elle se représentera toujours en compagnie d'un singe, chien ou perroquet ayant adopté des animaux qu'elle materne), la mort, la souffrance et le Mexique. Poussée par son mari, elle va cultiver sans sa peinture comme dans ses toilettes la tradition mexicaine.
Si elle n'est pas reconnue en tant que peintre, elle fréquente toute l'intelligentsia mexicaine, reçoit Trostky et André Breton qui la fera exposer en France. Elle ne pourra cependant y exposer que deux oeuvres, deux portraits convenus, les autres oeuvres étant jugées, par leur représentation d'organes et de sang trop scandaleuses.
La vie n'est pas facile avec un mari volage, qui n'hésite pas à la tromper avec sa propre soeur. Bien que son état de santé soit fragile, Kahlo se met à boire, et se représente avilie ou les cheveux courts (symbole de trahison).
Elle divorce en 1940 pour se remarier aussitôt avec Diego Rivera, en lui imposant un étrange contrat de mariage : pas de relations sexuelles et pas de soutien financier. Il est à penser, si l'on en juge par certaines toiles, que Frida Kahlo se soit tournée vers l'homosexualité.
Sous l'influence de Rivera, qui restera son fidèle soutien, elle agrandit ses formats. Elle jouit aussi d'une petite notoriété, certes pas assez pour pouvoir vivre totalement de sa peinture, mais les autoportraits de cette période la montrent entourée de jungle luxuriante, d'animaux, de tout un exotisme qui est recherché par les acheteurs.
Hélas son état de santé se détériore. Elle subit 7 interventions chirurgicales dans la colonne vertébrale entre 1950 et 1953, puis l'amputation de sa jambe droite. Elle commence un journal, fait de dessins et de notes. Alitée le plus souvent, elle trouve encore la force de peindre, même si son trait n'est plus aussi sur.
Elle meurt le 13 juillet 1954, juste après avoir achevé un dernier tableau "Viva la Vida", un an après sa première grande exposition personnelle à Mexico.
Parce qu'elle n'a jamais peint autre chose que ses émotions, parce qu'elle n'a pas hésité à des représentations peu convenues de la femme, du corps humain, de l'organique, tantôt avec violence, tantôt avec angélisme, Kahlo a imposé un style reconnaissable entre mille. Peut-être aura-t-elle influencé, elle qui ne conceptualisait pas sa peinture car le geste de peindre était une nécessité intérieure, les artistes contemporains qui travaillent sur l'autobiographie. Peut-être aura-t-elle donné aux femmes, elle qui était engagée dans la cause féminine, l'envie de peindre, de dire, d'offrir à la toile l'intime et la force ?
Au delà des marchands d'art qui exploitent les drames de sa vie comme un inépuisable filon, espérons que l'oeuvre parfois faussement naïve, puissante, généreuse traversera encore les siècles, comme une invitation à regarder en nous-mêmes et à oublier par la beauté, nos souffrances.
Bibliograhie
parmi les nombreux livres sur l'artiste
Frida Kahlo : Une peinture de combat (Album) de Magdalena Holzhey (Auteur), Christian Demilly aux éditions Palettes
Diego et Frida par Jean-Marie Gustave Le Clézio au livre de Poche
Frida Kahlo de Rauda Jamis, éditions Babel, 1995.
Le journal de Frida Kahlo, préfacé par Carlos Fuentes, aux éditions du Chêne, 1995
Elle aurait eu 100ans le 6 juillet 2007. La plus célèbres de peintres mexicaines fascine toujours le public. Est-ce pour son destin tragique ? La puissance et l'originalité de sa peinture ? L'exotisme qui ressort de ces peintures ? Plus de cent ans après sa mort, elle est l'un des peintres les plus côtés du marché de l'Art, après Modiglianni ou Picasso.
Dans l'histoire de l'Art, Frida Kahlo est inclassable. A la fois peintre surréaliste, parfois qualifiée de "naïve", toujours narrative, elle ne se rattache à aucune école, aucun courant artistique, aucune doctrine. Elle est à part, singulière, comme son destin de femme, libre, affirmée dans un monde entre deux guerres, dans un pays continuellement en mutation.
Rien ne prédispose Frida Khalo à la peinture. Née dans un foyer intellectuel - son père est photographe, sa mère s'adonnait à la peinture dit-on-, elle est admise à l' Escuela Nacional Preparatoria, la meilleure école du mexique, parmi 35 autres jeunes filles sur un millier de garçons. Elle se destine à être médecin, et si elle suit de brillantes études, elle n'oublie pas sa rencontre avec Diego Rivera, le futur grand peintre muraliste mexicain.
Sa vie change radicalement après un terrible accident d'autobus, qui lui brise la colonne vertébrale et la condamnera à vie au port de corsets. Pendant sa longue convalescence, pour tromper l'ennui, elle emprunte la boite de couleurs de son père et se met à peindre. Essentiellement des portraits. Les premières oeuvres dénotent d'un sens de l'observation et d'une technique assez honorable pour une femme n'ayant jamais été initiée aux techniques picturales. Elle commence aussi une série d'autoportraits.
En 1928, elle s'inscrit au Parti Communiste Mexicain et retrouve Diego Rivera qui l'encourage à peindre. Ils marient en 1929 et Frida suit son mari à San Francisco.
C'est après un avortement douloureux en 1930 que Kahlo va se tourner vers l'autobiographie par l'autoportait. Elle se met en scène, retraçant sur la toile ses états d'âme, exorcisant ses douleurs physiques et morales. Elle peint son avortement dans le Henry Ford Hospital avec violence. Ses thèmes sont posés : la non-maternité (elle se représentera toujours en compagnie d'un singe, chien ou perroquet ayant adopté des animaux qu'elle materne), la mort, la souffrance et le Mexique. Poussée par son mari, elle va cultiver sans sa peinture comme dans ses toilettes la tradition mexicaine.
Si elle n'est pas reconnue en tant que peintre, elle fréquente toute l'intelligentsia mexicaine, reçoit Trostky et André Breton qui la fera exposer en France. Elle ne pourra cependant y exposer que deux oeuvres, deux portraits convenus, les autres oeuvres étant jugées, par leur représentation d'organes et de sang trop scandaleuses.
La vie n'est pas facile avec un mari volage, qui n'hésite pas à la tromper avec sa propre soeur. Bien que son état de santé soit fragile, Kahlo se met à boire, et se représente avilie ou les cheveux courts (symbole de trahison).
Elle divorce en 1940 pour se remarier aussitôt avec Diego Rivera, en lui imposant un étrange contrat de mariage : pas de relations sexuelles et pas de soutien financier. Il est à penser, si l'on en juge par certaines toiles, que Frida Kahlo se soit tournée vers l'homosexualité.
Sous l'influence de Rivera, qui restera son fidèle soutien, elle agrandit ses formats. Elle jouit aussi d'une petite notoriété, certes pas assez pour pouvoir vivre totalement de sa peinture, mais les autoportraits de cette période la montrent entourée de jungle luxuriante, d'animaux, de tout un exotisme qui est recherché par les acheteurs.
Hélas son état de santé se détériore. Elle subit 7 interventions chirurgicales dans la colonne vertébrale entre 1950 et 1953, puis l'amputation de sa jambe droite. Elle commence un journal, fait de dessins et de notes. Alitée le plus souvent, elle trouve encore la force de peindre, même si son trait n'est plus aussi sur.
Elle meurt le 13 juillet 1954, juste après avoir achevé un dernier tableau "Viva la Vida", un an après sa première grande exposition personnelle à Mexico.
Parce qu'elle n'a jamais peint autre chose que ses émotions, parce qu'elle n'a pas hésité à des représentations peu convenues de la femme, du corps humain, de l'organique, tantôt avec violence, tantôt avec angélisme, Kahlo a imposé un style reconnaissable entre mille. Peut-être aura-t-elle influencé, elle qui ne conceptualisait pas sa peinture car le geste de peindre était une nécessité intérieure, les artistes contemporains qui travaillent sur l'autobiographie. Peut-être aura-t-elle donné aux femmes, elle qui était engagée dans la cause féminine, l'envie de peindre, de dire, d'offrir à la toile l'intime et la force ?
Au delà des marchands d'art qui exploitent les drames de sa vie comme un inépuisable filon, espérons que l'oeuvre parfois faussement naïve, puissante, généreuse traversera encore les siècles, comme une invitation à regarder en nous-mêmes et à oublier par la beauté, nos souffrances.
Bibliograhie
parmi les nombreux livres sur l'artiste
Frida Kahlo : Une peinture de combat (Album) de Magdalena Holzhey (Auteur), Christian Demilly aux éditions Palettes
Diego et Frida par Jean-Marie Gustave Le Clézio au livre de Poche
Frida Kahlo de Rauda Jamis, éditions Babel, 1995.
Le journal de Frida Kahlo, préfacé par Carlos Fuentes, aux éditions du Chêne, 1995