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25 févr. 2010

Kandinsky 3/3, les années Bauhaus


« L ‘art abstrait dresse à coté du monde réel, un monde qui n’a rien à voir extérieurement avec la réalité. Intérieurement, il est soumis aux lois générales du monde cosmique. »

Le Bauhaus, fondé par Walter Gropius en 1919 veut fusionner les arts plastiques et les arts appliqués, sans perdre de vue des applications concrètes.

Il est installé à Weimar, la capitale de l’Allemagne d’après la première guerre.

Gropius fait appel à des artistes modernes comme Johannes Itten, Oskar Schlemmer, Paul Klee et Kandinsky chargé de l’atelier de peinture murale et de l’atelier des formes. Kandinsky avait déjà réalisé des fresques murales.

Kandinsky a toujours été reconnu comme un bon pédagogue, n’hésitant pas à engager le dialogue avec ses étudiants. En 1926, il publie « Point, Ligne, Plan » qui traite de l’examen analytique des différents éléments d’un tableau, qu’il complète par une psychologie de la forme (le gestaltisme).

Il avait déjà publié une théorie des couleurs, inspirée par Goethe. Il complète son étude des couleurs, en les opposant et en les classifiant en chaudes, froides, claires, foncées, ce qu’il nomme sonorités principales.


Son travail dans l’atelier de peinture murale lui permet d’explorer de nouveaux matériaux et liants.


Mais c’est sur la forme que Kandinsky va innover.

Il analyse les points, les lignes et les surfaces et leurs rapports. Il oppose lignes droites à lignes courbes et anguleuses. Il tente également de relier les formes et les couleurs, dans un langage particulier, le sien, subjectif et sans application rigoureuse.

Il enseigne également le dessin analytique et pousse ses élèves à rechercher les formes abstraites à partir de natures mortes. Parce que le Bauhaus se voulait aussi une école d’architecture, rationnelle, Kandinsky fit évoluer sa peinture vers des constructions abstraites mais en incorporant des plus en plus de géométrie. Le cercle, symbole de la forme parfaite, est mis en valeur dans les toiles de cette époque. Le cercle évoque aussi le soleil, la lumière et la spiritualité. Kandinsky utilise également les courbes, les angles et les lignes droites, limitant ses couleurs aux primaires, jaune, bleu, rouge et au noir.

Mais les lithographies et les petits formats qu’il peint également à cette époque laissent libre cours à son imaginaire.

Kandinsky donne également des cours aux Etats-Unis où il expose régulièrement.

En 1925, le Bauhaus emménage à Dessau. Kandinsky partage une maison avec son ami Paul Klee. Il ouvre également un cours de peinture. Fasciné par le cosmos et l’espace, il peint une série de toiles qui semblent évoquer des galaxies flottant dans un univers réapproprié.


En 1928, Hans Meyer devient directeur du Bauhaus. Pragmatique et peu attaché à l’esthétisme, et rentra en conflit avec les peintres. Son successeur Mies Van Der Rohe fit renoncer l’école à son engagement idéologique, surtout pour lutter contre les attaques des nazis, qui voyaient dans le Bauhaus une dégénération de l’art.

Kandinsky quitta l’école en 1933, à sa fermeture décrétée par la Gestapo. Il put s’enfuir avec sa femme et s’installa à Paris.


Kandinsky pensait retrouver un cercle amical et intellectuel à Paris. Il n’en fut rien. La scène parisienne artistique était influencée par le cubisme ou par l’abstraction géométrique des peintres tels que Mondrian ou Jean Arp. Exilé et seul, Kandinsky travailla dans une petite pièce atelier modeste de son appartement parisien. Sa peinture connaît alors une dernière évolution, que l’on a nommé « abstraction biomorphe ».

Sa palette s’enrichit de tons et d’harmonies audacieuses, superposées en fines couches, parfois transparentes, sans contrastes colorés violents. Les formes, souvent de couleurs vives semblent flotter, comme dans un monde inconnu, pouvant rappeler les invertébrés marins, des formes embryonnaires primitives, qui ne sont pas sans rappeler les travaux de Miro ou de Arp sur les formes biomorphes.

Proche des surréalistes, il n’est pourtant pas à l’aise dans ce groupe qui explique l’art par l’inconscient et non, comme l’a toujours défendu Kandinsky, à une nécessité intérieure.

Les années de guerre furent matériellement très difficiles pour Kandinsky. Il réussit toutefois à exposer, soutenu par la galeriste Jeanne Boucher.

Jusqu’à sa mort, le 13 décembre 1944, et malgré une artériosclérose sévère, Kandinsky peint des petits cartons pour transposer en peinture la musique de son compatriote Stravinsky.


Kandinsky aura joué un rôle prépondérant dans l’art moderne. Il a réussi à introduire des conceptions radicalement novatrices de la peinture, lui ouvrant de nouvelles portes.

L’art gestuel, l’art géométrique et toute la peinture non figurative lui doivent beaucoup. Des artistes aussi différents que Thomas Muller, Pierre Soulages ou Christian Bonnefoy revendiquent l’héritage spirituel du peintre russe.

« L’art est un langage grâce auquel on parle à l’âme, dans une forme qui n’est accessible et propre à ce langage lui-même ».