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17 févr. 2010

L'&volution de la notion de "Beau"


« La peinture tend toujours plus à l’idée de beau qu’à toutes les autres ». Nicolas Poussin.
Est-ce encore aujourd’hui l’interrogation de l’artiste ?
La Beauté est un concept qui évolue avec le temps, en fonction des goûts dominants ou en réaction contre les goûts dominants, ce qui provoque une rupture. Dans l’histoire de l’art, elles sont nombreuses et toujours en évolution.
Aujourd’hui, le concept de beauté n’est pas non plus considéré comme une recherche ou un absolu capable de ravir les sens et l’âme. Avec les prises de conscience politique, l’artiste recherche une représentation ou une satire de la société. Même si les artistes du Land Art, avec peu d’intervention, cherchent à révéler la beauté de la nature, l’esthétisme change et mute comme nous.
Petite revue des différentes évolutions.
A la Renaissance, sous l’influence des peintres italiens, la beauté n’est plus destinée à magnifier le divin mais le monde. Même si le sujet représenté est religieux, la sensualité est présente. La création picturale, avec ses règles de composition et ses harmonies chromatiques n’est là que pour servir l’univers sensible, voire le rendre plus beau.

Avec Le Caravage (XVIIème siècle), on cesse de croire en la beauté du modèle pour produire une belle œuvre picturale. Les modèles sont issus des couches populaires, et l’on peut représenter des scènes religieuses sans modèles parfaits et éthérés. Le clair-obscur permet un contraste saisissant et renforce l’intensité dramatique. En Espagne, Velázquez n’embellit pas ses royaux modèles, et les frères Le Nain en France n’hésitent pas à peindre des paysans. Vermeer peint lui sa servante ou une dentellière.
Avec Chardin(1699 – 1779), la beauté allait encore évoluer. Le peintre français peint de natures mortes, soigneusement mises en scène mais aussi des chairs d’animaux. Il révèle la beauté là où on ne l’attend pas, une raie morte, un lièvre tué à la chasse. Chardin est le peintre de l’intimiste, de la vie domestique, mais avec une maîtrise de la forme et la couleur inégalée.

Les thèmes religieux ne sont plus au goût du jour. Le nu féminin n’a plus besoin de saintes pour s’affirmer. Avec Ingres (1780-1867), la ligne et la courbe deviennent le sujet du tableau. Dans la célèbre Grande Odalisque, il n’hésite pas à étirer la colonne vertébrale (et rajouter donc une vertèbre) à son modèle, pour une harmonie et une composition originale. La démarche de Ingres, qui était un grand dessinateur n’est pas de représenter son modèle mais de jouer avec l’arabesque – la fameuse courbe de la colonne vertébrale – qui renvoie à l’orientalisme du décor. Une démarche qui sera reprise par les peintres abstraits.

Avec Courbet(1819-1877), cela en est fini de la représentation religieuse, place est donnée à la réalité. Considéré comme le fondateur de l’école réaliste, Courbet peint ses modèles tels qu’ils sont, sans rechercher la perfection du trait, la ligne parfaite. La matière picturale laisse apparaître la touche, la couleur se fait intense, ouvrant la voie aux Impressionnistes qui vont chercher à sublimer, par un travail de matière picturale, la réalité.
Le beau est toujours bizarre. Je dis qu’il contient un peu de bizarrerie naïve, non voulue, inconsciente, qui le fait être particulièrement beau - Charles Baudelaire.
Avec le 20ième siècle, les représentations humaines s’éloignent de plus en plus de la réalité.
Avec Picasso(1881-1973à, la ligne se brise. Si Picasso était déjà à 16 ans un maître de peinture classique, il va passer le reste de sa vie à détruire la forme, à la recherche non plus de la beauté sublimée, mais d’une beauté intellectualisée, celle des formes et du geste pictural. Le sujet du tableau n’est pas un objet, une personne, un paysage, mais bien la peinture et une esthétique nouvelle.

Que restait-il du figuratif, après l’irruption de l’art abstrait, et la multiplication des courants d’arts aussi divers qu’innovants ? Des parcours individuels, comme Balthus, Lucian Freud, Rustin ou Bacon.
Avec Francis Bacon (1909-1992), la figuration devient crue, inquiétante ou maladive. Le concept classique de la beauté vole en éclat. Sur la toile, figure l’indicible, la violence, l’accident pour provoquer chez le spectateur un malaise ou une interrogation. Constates violents de couleurs, rythme et composition viennent soutenir cette vision d’un monde infernal. « La meilleure part de la beauté, c’est celle qu’un tableau ne peut exprimer » écrit le peintre irlandais.
Après tout, pourquoi n’y aurait-il pas autant d’art possible dans la laideur que dans la beauté ?C’est un genre à cultiver, voilà tout. – Louis Ferdinand Céline

Biographie
Histoire de la beauté d’Umberto Ecco – Flammarion
Charles Baudelaire – Ecrits sur l’art – livre de poche
Francis Bacon – Essais – Aubier Montaigne
Traité d’esthétique – Hegel – Livre de poche