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25 févr. 2010

Leccia, l'Ange de la vidéo


"Pour moi, il y a l’idée que l’œuvre peut encore se modifier, qu’elle a encore un peu de sa propre vie que des choses peuvent m’échapper. "

Projeté sur les murs d’un ancien haut fourneau, un homme déplie le bras, lentement. Simple me direz-vous. Mais l’homme a des allures d’ange et sa silhouette ralentie envahit l’espace, et mon écran de télévision. Je découvre Ange Leccia, un artiste vidéo et j’ai toujours en mémoire les images de ce corps au ralenti, christ et ange déchu (VIDEO IM, Kunsteverein, Cologne, Allemagne), monumental sur le mur de cette ancienne usine reconvertie en lieu d’art contemporain.

Plus tard j’ai découvert la Mer, œuvre achetée par la ville de Paris, toute aussi empreinte de poésie. Rares sont les artistes vidéos qui arrivent à m’accrocher, mais il faut bien le dire, les images sont grandioses. Une vague sans cesse projetée à la verticale, ralentie, qui monte et descend en boucle (à voir bien sur tel que l’artiste l’a conçue, pour écran géant), infinie, ralentissant le temps et lui donnant sa propre respiration.

Ange Leccia est né le 19 avril 1952 à Minerviu en Corse.

Après des études de peinture et de dessin, il se tourne vers la photo et la vidéo. Il commence à exposer dès 1980 en présentant des installations qu’il nomme « arrangements ». Reprenant l’idée du ready made de Marcel Duchamps, il dispose des objets, face à face ou cote à cote et présente des vidéos.

Il enchaîne très vite les expositions et connaît le succès assez vite. Pour prendre ses distances avec le monde artistique, Leccia voyage au Japon en 1990, avant de revenir en France où il expose au Musée d’Art moderne. Il est pensionnaire de la Villa Médicis en 1996, puis enseigne à l’Ecole des Beaux-Arts de Grenoble.

Par le biais de l’image filmée, Leccia veut inviter le spectateur à une réflexion sur la fragilité. A coté d’objets simples, la technologie numérique utilise des effets de ralentis, et les enregistrements successifs jusqu’à ce que l’image devienne illisible ou dissolue car largement pixellisée. . L’idée de l’immatériel (ici l’image étirée) dépassant le matériau (les objets présentés) n’est pas nouvelle, mais l’utilisation des procédés cinématographiques est poétique, fragile, se positionnant sur le terrain de l’affectif.

Leccia aime filmer les éléments naturels : nuages, mer, fumées qui deviennent informels, par des mouvements de flux et reflux, d’apparition et de disparition. Le temps devient insaisissable, étiré par le ralenti et par le procédé de « boucle » (la même image montée en continu). Les éléments ne sont plus de simples images mais des matières vivantes, des formes, dans un mouvement quasi-infini.

« Arranger, c’est trouver la relation, le point juste. Une fois cet emplacement découvert, la rencontre des objets, des éléments, devient autre chose, une oeuvre d’art. »

En 2003, Ange Leccia présente le mur, une installation regroupant photos contrastées entre noir et blanc formel et visages de femme dans des couleurs chaudes. La vidéo qui est projetée dure 20 mn et mêle images documentaires et de visions personnelles. Elle reprend son long métrage Azé - 1999 (le récit d’un terroriste parti se réfugier au Moyen-Orient). Elle est projetée sur un mur fait de parpaings. Leccia a voyagé dans les pays du Maghreb, en Palestine et en Syrie. Il mêle l’histoire des peuples dans des contextes politiques difficiles, des images pixellisée de mosquée, de foule, de soldats, de prisons blafardes. La bande son retrace la vie dans ce pays arabe imaginaire : bruits de klaxons ou de mitraillettes. Seuls les visages des femmes rayonnent comme un espoir de paix et forment un contrepoint esthétique à un montage très rythmé. Seul constante, le mur qui sert d’horizon. On pense bien sur au mur construit entre Israël et la Palestine, au mur de Berlin. « L’engagement politique de l’artiste est de montrer que tous les hommes s’aiment, de démontrer la richesse de la philosophie, la force de l’amour. Mon propre engagement est d’être un artiste qui s’imprègne du monde qui l’entoure et donne un regard sur la société.

Ange Leccia travaille également sur des œuvres plus abstraites, comme la série des Introspections. Il propose un temps autre, un temps de méditation, un peu comme dans la Mer.

"Cette attitude d’intériorité est une philosophie de l’anti-consommation."


Reconnu dans le monde entier, Ange Lecchia dirige le Pavillon, atelier expérimental au Palais de Tokyo à Paris. Actuellement, il présente une installation au Musée Bourdelle à Paris (jusqu’au 30 août 2009). Un film vidéo de 15 minutes, en noir et blanc avec des images colorisées est projeté. Leccia, une fois de plus, en scrutant les sculptures de Bourdelle, dévoile une immatérialité, révèle les lignes et semble « animer » les corps de pierre.

Dans ce dialogue avec la sculpture de Bourdelle, puissante et souvent monumentale, la caméra scrute les surfaces, insiste sur les détails. Comme les corps inertes dévoilent, sous l’effet d’une dramaturgie de la lumière, leur qualité charnelle, les figures s’estompent jusqu’à sembler immatérielles. La présence intermittente d’un personnage féminin, tout à la fois modèle et guide, vient souligner les contrastes entre tension et repos, passion et sérénité que dégagent les oeuvres du sculpteur.

Ange Leccia prépare également un autre long métrage.

un portrait d’Ange Leccia : http://www.vodeo.tv/18-22-2965-ange-leccia.html

son site ou vous pourrez retrouver les vidéos La mer, et Fuméees http://www.clinicaaesthetica.com/leccia/leccia.html