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24 févr. 2010

Théorie de la couleur 2/3


La révolution Industrielle et la couleur

Après la découverte de la polarisation de la lumière (Newton, Young) , les théories scientifiques de Goethe sont mises à mal. Toutefois son influence fut prépondérante pour les peintres de la seconde moitié du XIXe siècle.

Au XVIIIe siècle, en France, les expérimentations sur le tissage et les teintures dans le cadre de la manufacture des Gobelins permirent de classifier les couleurs apparues sur le marché puis de coordonner et de réglementer la production des teintes classiques et nouvelles. Les découvertes des couleurs à l'aniline, dont la production industrielle se développera massivement au XIXe siècle permirent d'élargir les palette des peintres. Toutefois, l'industrie chimique ne cherche pas à mettre au point des pigments rares.

La découverte du procédé de blanchissement des tissus va également remettre au gout du jour le blanc comme couleur stable et le valoriser dans les arts, sans doute pour s'opposer aux villes industrielles et enfumées. Le blanc domine dans la sculpture et l'architecture néo-classique, on le retrouve aussi dans l'art dit "Pompier".
C'est aussi à cette époque que reprennant les études de Goethe, les couleurs vont devenir symboliques (le noir évoque la mort, le blanc la paix etc...).
L'apparition de la photographie (en noir et blanc) va également bouleverser la couleur dans l'art.

Le chimiste Eugène Chevreul (1786-1889) propose en 1864, avec un répertoire de 14 400 tonalités chromatiques, un catalogue universel de la couleur, à l'époque même de la prolifération des colorants industriels et synthétiques (aniline, mauvéine, fuchsine, méthylène). Il entendait ainsi définir les couleurs, rendre compte des mélanges et indiquer les effets de leurs contrastes pour discipliner « l'assortiment des objets colorés » dans l'industrie de la couleur.
Mais surtout Chevreul découvre les perceptions optiques de la couleur, notamment la perception des tons côte à côte : ce ne sont pas les pigments qui sont en cause, mais les tons colorés qui se trouvent à proximité. Le chimiste démontre qu’une couleur donne à une couleur avoisinante une nuance complémentaire dans le ton : les complémentaires s’éclairent mutuellement et les couleurs non-complémentaires paraissent ”salies”, comme lorsqu’un jaune placé près d’un vert prend une nuance violette. Cette théorie influencera toute la peinture impressionniste, les fauves, le cubisme orphique et les travaux de Robert et Sonia Delaunay.
Dès lors, le tableau devient le seul support de la couleur, opposé au noir et blanc de la photo. L'artiste utilise la couleur non pas comme restitution de la réalité ou comme un moyen pictural mais comme sujet à part entière.

Art moderne et couleur

Avec les impressionnistes, un premier pas avait été franchi, en rupture totale avec la peinture classique. Les arbres n'allaient plus être déclinés en verts, mais en nuances riches allant du jaune au violet. L'ombre ne serait plus peinte dans des tons sombres, mais dans sa couleur complémentaire. Rappelons que la peinture officielle, reconnue par l'Académie des Beaux-Arts restait classique, aussi bien dans la façon de peindre que dans le choix des sujets (portraits, scènes mythologiques). Les impressionnistes quittent l'atelier de travail pour peindre "sur le vif". Les coups de pinceaux qui jusqu'alors devaient rester invisibles se font plus présents. On parlera alors de "touches" qui permettent de renvoyer la brillance de la couleur.

Avec le fauvisme, la couleur allait être le seul sujet du tableau. Les couleurs se font intenses, peu nuancées et le principe de complémentarité des couleurs de Chevreul s'exprime sur la toile. La forme se simplifie, la touche picturale s'intensifie, la perspective est malmenée au profit de la richesse de la couleur. Les fauves font scandale en ce début d'un 20ième siècle qui allait enchaîner les ruptures et bouleversements dans le domaine de l'Art.

n 1911, le "fondateur de la peinture abstraite", Wassily Kandinsky reprend les théories de Goethe sur la couleur, pour instaurer un langage entre son art et le spectateur. Ainsi selon lui, le bleu apaise, le vert renvoit à l'immobilité, le rouge à la chaleur et au mouvement, le noir est symbole de "silence éternel". Non sans une certaine poésie, Kandinsky utilise la palette comme un musicien.

En 1922, Paul Klee, ami de Kandinsky et enseignant au Bauhaus développe une théorie de la couleur qui reprend la complémentarité, les oppositions des couleurs mais développe une notion de symbolique cosmique où chaque couleur s'équilibre par rapport au gris. Klee fait aussi un usage poétique de la couleur. Il ne parle pas de couleurs sombres et claires, mais de jour/nuit. Il expérimente des compositions inédites de couleurs.
Johannes Itten, également enseignant au Bauhaus synthétise toutes les théories de la couleur et son ouvrage 'L'art de la couleur'" est la référence pour tout artiste.

Et aujourd'hui ?
Notre monde se part d'acier, d'aluminium, de matières plastiques. Le gris domine (on recence 200 tonalités de gris), rejoint par le vert (la nature) dans un monde en perpétuel bouleversement.
L'artiste ne se limite plus à l'utilisation du simple pigments, mais utilise tous les matériaux possibles selon son imaginaire.
Il n'existe pas de théorie définitive de la couleur, chaque civilisation, chaque artiste aussi va privilégier l'emploi des tons qui lui conviennent. Mise à mal par l'art contemporain, l'esthétique classique du "beau" n'est plus une philosophie mais un moyen de plus mis à la disposition de l'artiste, selon sa sensibilité, son discours ou ... ses envies.