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25 févr. 2010

Yves Klein, le temps et l'infini 1/2


"Un peintre doit peindre un chef d'oeuvre unique : lui-même, constamment, et devenir ainsi une sorte de pile atomique, une sorte de générateur à rayonnement constant qui imprègne l'atmosphère de toute sa présence picturale, fixée dans l'espace après son passage. C'est ça la peinture, la vraie, celle du 20ème siècle."

Complexe Yves Klein.
Celui qui allait conquérir la scène artistique internationale avec ses happenings, mettre au point une couleur désormais aussi classique que le rouge cadmimum ne faisait pas les choses par hasard ou par pur opportunisme.

Né le 28 avril 1928, Yves Klein passa son enfance entre Paris, Cagnes-Sur-Mer et les amis artistes de ses parents. Imprégnation précoce d'idées de liberté, de réflexions sur l'Art (le débat entre art abstrait et art figuratif est très actuel, il se lie d'une amitié durable avec celui qui allait devenir le sculpteur Arman.

Yves Klein ne suit pas des études dans une quelconque école d'art. La forme et la ligne ne le passionnent pas, il y voit une limitation de modes de pensées trop rigides. Klein privilégie la couleur, plus spirituelle, plus sensible. Imprégné de philosophie asiatique, sa pratique intensive du judo, et un séjour au Japon, on peut aussi voir dans l'oeuvre de Klein, minimale, un clin d'oeil à l'esthétique zen.

La couleur repésente donc quelque chose en elle-même dit Klein. Mais il recherche une couleur "pure". Après avoir travaillé sur une série de monochrome, l'artiste se trouve limité par la perte de luminosité du pigment due à son mélange avec les liants traditionnels de la peinture. La sensibilité propre de la couleur ne peut vibrer.
"Pour moi les couleurs sont des êtres vivants, des individus très évolués qui d'intègrent à nous, comme à un tout". Klein décide alors de travailler sur une seule couleur, le bleu, symbole du ciel, de l'horizon. ou de l'océan. Avec l'aide du chimiste Edouard Adam, il met au point un outremer saturé "la parfaite expression du bleu". Il peut ainsi travailler avec les liants classiques sans perte selon lui d'intensité. D'ailleurs, il travaillera désormais au rouleau, pour une meilleure uniformité de la couleur. Klein veut plonger le spectateur dans l'océan de son bleu. Il va donc privilégier les formats verticaux, accrocher ses toiles à 20 cm du mur, pour donner une liberté spatiale à l'oeuvre. Avec Klein, il n'y a plus de point à fixer, l'oeil du spectateur n'est pas distrait par une ligne, une forme, un détail.
Le bleu, couleur de l'esprit, de la paix intérieure rencontre la matière. Le physique rencontre le spirituel, le temps, l'infini.

Evidemment, dans les années 50, les toiles de Klein, qui l'on considère aujourd'hui comme des chefs d'oeuvre, sont choquantes. D'une part parce que le grand public reste perplexe, de l'autre parce que l'abstraction des années 50 reste axée sur la ligne. De plus, en brevetant l'IKB (l'international Klein Blue), Klein rompt avec la tradition qui sépare l'artiste du monde marchant. Certes, il voulait protéger son invention, mais également diffuser à l'international son pigment.
"On ne devient pas peintre, on découvre tout à coup que l'on l'est"

Contre toute attente, son exposition 'Proclamation de l'époque bleue" à la Galerie Apollinaire à Milan en 1957 est un succès. Le titre bien sur est un clin d'oeil à la période bleue d'un autre rénovateur de l'Art, Picasso (qui va déconstruire la forme et la ligne). Klein y expose 11 oeuvres absolument identiques mais propose des prix différents pour chaque. C'est le tabou de la valeur de l'oeuvre qui explose. L'exposition fut reprise à Paris, à Londres et à Dusseldorf, avec le même succès.
Klein s'amuse alors à repeindre des objets du quotidien de son bleu, assiette, globe, tapis bleu, voire même une Victoire de Samothrace bleue.

"L'art n'est plus une sorte d'inspiration qui vient de je ne sais quoi, qui marche au hasard et ne présente que l'extérieur pittoresque des choses. C'est la raison elle-même, mais suivant une marche nécessaire, et contenue par les lois supérieures".

à suivre.