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25 févr. 2010

Yves Klein, le temps et l'infini 2/2


"Avec le vide, les pleins pouvoirs"

Yves Klein connait un succès grandissant, non seulement en raison des idées novatrices qu'il défend mais aussi par rapport à une certaine originalité dans la façon de se concevoir artiste.

En 1958, avec l'exposition "Le vide", Klein met en scène une vision particulière de l'art qui allait faire école : le concept. Non seulement il vide totalement la galerie, allant même jusquà faire installer le téléphone à l'extérieur, la repeint en un blanc lumineux, mais il soigne l'extérieur : rideaux extérieurs peint du bleu célèbre, et l'obélisque de la Place de la Concorde à Paris est éclairée en bleu. Klein reprend les théories de Duchamp : l'idée est plus importante que l'oeuvre d'art matérielle.
Au passage, il réalise la première installation du siècle.
Mais Klein ne va pas s'arrêter à cela.
Pour l'artiste, la sensiblité picturale "existe au-délà de nous,et pourtant elle appartient à notre sphère". Passionné de judo, qu'il pratiquera toute sa vie, il réalise des premières empreintes de corps en roulant le modèle dans une toile en 1959. Il poursuit en organisant dans les galeries des "happenings" ou "performances artistiques", en badigeonnant des modèles du bleu IKB et en les faisant se projeter sur la toile. La relation entre le modèle (passif) et le peintre (actif) est inversée. Plus d'une soixantaine d'antropométries ont ainsi été réalisée, sur papier et tissus.
Klein fondra dans les années 60, le groupe des Nouveaus Réalistes regroupant le fidèle Arman, Jean Tinguely, Nikki de Saint Phalle, David Spoerri et d'autres créateurs voyageurs et visionnaires.
Les courants d'art actuels : Fluxus, Body art, art conceptuel, installations et performances sont issus de l'oeuvre de Klein.

Klein reste associé à sa couleur, l'IKB. Mais il ne s'est pas limité, dans ses recherches à cette seule couleur.
Toujours à la recherche de l'intensité et de la force de la couleur, Klein, se tourne vers le magenta puis l'or (le jaune), les 3 couleurs primaires. IL avait déjà peint des éponges en bleue et en rose, l'éponge se saturant du pigment. "L'éponge illustre parfaitement l'imprégnation de toute chose avec de la sensibilité picturale". Toute une série de tableaux-reliefs voit le jour entre 1957 et 1960, rappelant les fonds originaux marins ou des paysages lunaireq. Klein veut immerger le spectateur dans un espace de quiétude, l'amener par la contemplation à une transe éveillée, "une force vibratoire créatrice" dit-il.

Klein est faciné par l'or. Il avait suivi une formation de doreur. L'or, valeur suprème et marchande, est ici sublimée en énergie solaire, en feu. Ne lésinant pas sur l'utilisation de feuilles d'or, Klein se réfère à l'art de l'icone, aux enluminures du Moyen-Age ou aux coupoles dorées des mosquées. Autant d'influences religieuses, qui rappellent que Klein était aussi un mystique. Il se rend souvent en pélerinage et vénère Sainte Rita.

Il réalisera d'ailleurs en 1961 un ex-voto au sanctuaire de la sainte, un simple coffrage rempli des 3 pigments, bleu, magenta et or. Le rose, figure de la matière, du sang, de la vie terreste cotoie le bleu spirituel et tous deux se rejoignent dans l'état immatériel ou infini de l'or.
Magenta, Bleu, Or. Ce sont aussi les 3 couleurs de la flamme, sa décomposition chromatique. Klein recherchait à représenter le feu en peinture, l'âme du feu que cela soit la douce chaleur du rayon solaire (le bleu)ou les feux de l'enfer (le rose).
En 1961, il présente l'exposition "Monochromes et Feu". A coté des grands panneaux des 3 couleurs, Klein propose un dispositif pyrotechnique qu'il met en scène lors du vernissage de l'expo. Mais c'est lors du dévernissage qu'il va surprendre une fois du plus le public. A l'aide d'un lance-flammes, il brûle des peintures. Il inaugure alors une série de peinture de feu, en utilisant le feu comme matière picturale. Pour cela, Klein a travaillé avec des ingénieurs de Gaz de France, en multipliant les essais au Centre d'Essais de GDF à Paris.
Il pourra alors enflammer des toiles peintes et travailler jusqu'au vide pictural.
"Il faut être comme le pur feu dans la nature, doux et cruel, on doit pouvoir se contredire. Alors, alors seulement, on est vraiment un principe personnifié et universel".

En 1962, Yves Klein que ses amis ont toujours décrit comme un homme chaleureux, humble et extrêmement sensible décédait d'une crise cardiaque. Prémonition ? Sensibilité aigue de l'artiste. Ces dernières oeuvres représentent l'une un tombeau empreint de poésie et l'autre une photo de lui sous cette oeuvre "Ci-git l'espace".
"Maintenant, je veux aller au-delà de l'art, au-delà de la sensibilité, de la vie. Je veux aller dans le vide. Je veux mourir et on doit pouvoir dire de moi : il est mort, donc il vit"