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26 févr. 2010

L'art des Dogons 9/9




Bede, le masque de jeune fille
Ces masques représentants des jeunes filles, ne sont pas en bois, mais en fibres tressées recouvertes de cauris. On les reconnait à leur forme de cagoule ou de bonnet, ornés de plumes, de perles, et de coiffes recherchées et des coquillages cauris.
Selon le mythe, la juene Yabêzé fut tuée par un lion. Les hommes de sa famille massacrèrent l'animal et avec l'une de ses épaules construisirent une borne entourée de fibres. De cette borne dépassait un morceau de bois, destiné à retenir le nyama (l'esprit) du lion. Ainsi les chasseurs étaient protégés. Plus tard les chasseurs confectionnnèrent une cagoule de fibres représentant la jeune fille tuée, que l'on nomma Bede afin de protéger les vivants du nyama de la morte.
"Masque Bede sème les arachides, ne cultive pas le mil.
Masque Bede ne va pas de ce côté, sème les arachides" (chant Dogon)
Le masque Yagule représente aussi la jeune femme chez les Dogons. Il se différencie du masque Bede par une abondante chevelure en fibre. Ce masque loue la beauté des femes

Sirige
Dit long haut ou awa domu, ce masque est comparé à une maison à un étage, comme seul les chefs peuvent en posséder. Taillé dans un seul tronc d'arbre, le masque est surmonté d'une planche pouvant atteindre les 5 mètres de haut, alternant des éléments décorés et peints de motifs géométriques rouge et blanc et de parties évidées. Cette planche symbolise soit un sintandu, un esprit, soit un grand serpent. Ce masque est souvent comparé au Grand Masque emblème de chaque village, et sortant lors des sigis.
Selon la légende, un berger suprit une cérémonie Andouboulou (le peuple mythique occupant le pays Dogon). Un des hommes portaient sur leur tête un très long morceau de bois peint. Rentré chez lui, le berger raconta à son père la cérémonie et dessina sur un rocher l'objet. Son père décida de tailler un masque et le décora de lignes géométriques figurant Sintadu, le génie mâle que le berger avait vu danser.
C'est l'un des rares masques dogon qui ne protège pas contre le nyama néfaste d'une créature, mais qui est protecteur de toute la communauté

Lebe
Ce masque représente un crane humain et aussi la tête d'un serpent. Il existe très peu de représentation de ce masque, qui était peint en rouge.
Il est rattaché au mythe de Lébé Sirou, l'un des quatres ancêtres mythiques du peuple dogon. Lébé donna naissance à deux garçons qui furent chacun les ancêtres d'une tribu. A cette époque les hommes étaient immortels : au bout d'un certain temps de vie, ils se transformaient en serpents, puis en génies. Malheureusement l'un des fils de Lebe mourut sous sa forme de serpent, sans avoir pu devenir génie. Plus tard Lebe mourut sans avoir pu devenir serpent et fut enterré. Avant leur grande migration du pays mandé aux falaises maliennes, les dogons souhaitèrent emmener avec eux les ossements de leur ancètre. Mais quand ils ouvrirent la tombe, au lieu de restes humains, ils trouvèrent un serpent vivant qui leur montra le chemin. L'ancêtre Lebe avait ressucité sous cette forme de serpent. Ce mythe est fondateur de l'histoire des dogons. Le masque Lebe a été taillé pour rendre hommage au grand ancêtre.
On nomme aussi Lebe Satimbe des masques surmonté d'une statuette de bois, qui représente la première femme yasigine, c'est à dire "la soeur des masques, sorte de prétresse à avoir un rôle important dans les cérémonies du sigi et dans les rites de l'awa. Son rôle consiste à donner à boire aux danseurs. Selon le mythe, le premier masque fut sculpté par un andoumboulou pour rendre hommage à la beauté d'une jeune fille de son village.


Bibliographie non exhaustive
- Marcel Griaude, Masques Dogons, aux édtions Fata Morgana - 1994
- Marcel Griaude, Descente du troisième verbe, aux éditions Fata Morgana - 1996
- Marcel Griaude, Dieu d'eau, aux éditions Fayard - 1966
- Geneviève Calame-Griaude, La parole chez les Dogons - Gallimard 1987. Egalement le délicieux Contes Dogons du Mali, aux éditions Karthala.
- Michel Leiris : Miroir de l'Afrique aux éditions Gallimard
- Anne Doquet, les masques dogons, ethnologie savante et ethnologie autochtone - Editions Karthala - 1999

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Kanaga
Il s'agit d'un des masques les plus importants, en raison des nombreux symboles dont il est l'image, et des nombreuses cérémonies où il est présent. Si la face est sommaire, avec deux évidements occulaires et des oreilles-cornes, elle est surmontée d'une forme évoquant la croix de Lorraine.

Les dogons racontent qu'un sculpteur coupa un arbre pour tailler un masque. L'homme tomba malade. Le devin lui revéla que l'arbre était le siège d'un génie femelle et lui conseilla de tailler le masque à son image. Une autre légende explique qu'un chasseur tua un komolo tebu, un oiseau aux longues ailes. Pour se prémunir du nyama néfaste de l'oiseau mort, il sculpta ses ailes déployées (symbolisées par la croix).
La danse associée est tournoyante et symbolise la vibration de la matière créée par Dieu.
On lui associe aussi Yourougou, le Renard fauteur de troubles dans l'univers. La croix symbolisera alors ses quatre pattes en l'air, implorant le pardon du créateur.

Albarga
Il serait le plus important de tous les masques dogons. Le premier masque taillé l'aurait été par les Andoumboulou, peuple mythique de petits hommes, dont le plus âgé, Albarga fut enlevé par les Dogons auxquels il enseigna l'art de la scupture des masques.
Ce masque représente un veillard, la bouche ouverte ou proéminente, symbole de la parole, de la connaissance.

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A la découverte du graphisme et du symbolisme de quelques masques
Il n'est pas question ici de présenter tous les masques dogons recensés, mais de vous faire découvrir les plus emblématiques.

Gomintogo

Il s'agit d'un des plus anciens masques créé par les Dogons, probablement exécuté par les très jeunes hommes de la société des Masques l'awa. La figure est rectangulaire, percée de deux cavités oculaires et surmontée de deux palmes plates légèrement incurvées à l'avant. Dans certains masques ces palmes sont colorées en blanc et noir. Supposé figurer un animal cervidé, le gomintogo se rattache à un mythe très ancien. Un paysan tue un cerf qui avait ravagé toute sa récolte. Lui ayant coupé la tête, il encastra le crâne dans son autel de chasseur pour se mettre à l'abri des représailles du nyama, l'esprit du cerf. Mais cela ne suffit pas : son fils tomba gravement malade. Les devins conseillèrent alors au paysan de sculpter un masque de bois, auquel il fut offert un sacrifice.
Comme dans toute création de masque dogon, il s'agit de donner un support matériel à une force vitale (le nyama) de tout être vivant ayant trouvé la mort, pour éviter que celle-ci n'erre et venge.
On notera la conception quasi abstraite du masque. Les chants et danses associés permettent d'identifier le masque et son mythe.
Les masques d'antilopes, de gazelle, de lièvre, de bovidé et plus généralement d'animaux sont issus de légendes similaires.

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La fabrication des masques
On distingue deux grandes catégories de masques, les masques cagoules en fibres tressées et les masques en bois. Les masques en fibres tressées ont la forme de cagoules, ils sont de moindre importance.
Les masques peuvent être classés en 6 grandes catégories : mammifères, oiseaux, personnages dogons, reptiles, personnages étrangers et êtres mythiques. Il existe pour chaque catégorie une variété de formes et de réalisations impressionnante.
Chaque masque est la propriété personnelle du membre de l'awa, cette société des masques qui regroupe les hommes. Il est sculpté soit par son propriétaire, soit par un artiste renommé. Et si des modèles types existent, chaque artisan y apporte sa touche personnelle, que ce soit dans la forme, dans le choix des couleurs ou dans les accessoires qui l'accompagnent. Le masque doit être élaboré selon un rituel précis pour retenir le nyama, cette notion dogon qui pourrait correspondre à l'âme.


Une fabrication rituelle
Les jeunes gens doivent tout d'abord collecter les matériaux nécessaires à la fabrication du masques (et des costumes de danse). Les costumes se composent le plus souvent des jupes en fibres noires, jaunes ou rouges, et d'un bandeau poitrinaire orné de cauris (les coquillages traditionnels que l'on trouve sur tout le continent africain). Cette tenue est complétée de bracelets et de ceintures en fibres.

Les arbres sont choisis pour leur tendreté. Avant l'abattage, une cérémonie comportant un sacrifice sanglant (souvent une poule) est donnée pour se protéger du nyama de l'arbre. Un fer sera par ailleurs planté dans le front du masque pour prévenir les éventuelles attaques du nyama.
Une fois le masque taillé, l'artisan applique les couleurs. Un masque doit être "beau" et la notion de beauté inclut la couleur. Le noir, le rouge et le blanc obtenus à partir de végétaux et de minéraux sont traditionnellement utilisés. Mais depuis l'apparition des pigments synthétiques, la palette s'est élargie.
Les masques et les costumes sont conservés dans des abris rocheux à l'extérieur du village, loin de la vue des femmes et des enfants. Les masques jugés trop vieux, usés sont abandonnés, et se détruisent, rongés par les vers. On les retrouve toutefois aujourd'hui sur le marché de l'art.


Une liberté d'expression
Hormis les rituels qui tiennent plus du cérémonial que d'une codification précise, nous l'avons dit, les sculpteurs sont libres d'inventer et de renouveller les formes. Ainsi le masque du lièvre sera très différent selon l'inspiration et le savoir faire de l'artisan.
Sensibles à la beauté, les Dogons n'hésitent pas à multiplier les représentations. Leur langue comporte d'ailleurs un vocabulaire très spécifique, se référant à des données esthétiques et plastiques. La beauté d'un masque renforce son pouvoir. Des couleurs éclatantes, des formes originales (certains masques tout en évoquant un animal ou une créature précise sont presque abstrait), des costumes recherchés concourent à la beauté et à l'efficacité du masque, qui sera applaudi et fêter.

On croit souvent que l'art africain est anonyme, parce que les noms des grands sculpteurs ne sont par parvenus jusqu'à nous. Il y a des grands artistes en pays dogon, qui travaillent à renouveler leur art, et à proposer de nouvelles interprétations des mythes et légendes. De plus sachant que leurs masques sont très recherchés sur le marché de l'art ou par les musées, les sculpteurs insistent sur les qualités esthétiques, sans toutefois perdre de vue que la fonction première du masque est religieuse.

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La société des masques, l'awa, composée d'initiés, officie pour de nombreuses cérémonies qui règulent la vie des Dogons. La plus important des fêtes, le Sigi, dure 7 ans, et célèbre le renouveau des générations. Le sigi a lieu tous les 60 ans, le dernier s'est déroulé de 1697 à 1974.
Les Dogons attachent une importance particulière aux rites funéraires. La mort est la plus grande perturbation subie par la société Dogon, et les rites ont pour fonction de rétablir l'ordre social et des bonnes relations entre le monde des vivants et celui des morts.

Les funérailles
Les funérailles ont pour but d'éloigner provisoirement la question de la mort. Le cadavre, élément de contagion, est éloigné de la communauté, mais l'âme du défunt continue de vivre dans la communauté pendant la temps du deuil.
Les masques sont conviés lors des cérémonies d'inhumation qui seront d'autant plus importantes que le défunt était célèbre : prêtre, veillard, chef. Les cérémonies sont accompagnées de chants rituels, d'oraisons en langue secrète, de combats, de prières pendant deux jours et deux nuits.

Le dama
Considéré comme la fin du deuil, il a lieu plus tard dans le temps, jusqu'à deux ans après le décès. Il s'agit de restaurer l'ordre des choses dans le groupe qui subit le deuil, mais aussi d'accompagner l'âme du défunt dans l'Au-delà. Le dama marque aussi la fin des interdits sociaux liés au deuil. Selon les croyances des Dogons, il n'est pas bon de laisser des âmes errer dans le village ; elle pourraient entrainer sur le chemin de la mort les humains.
Si le dama est une cérémonie obligatoire pour tous les morts, il est codifié selon la position sociale.
Le grand dama, organisé pour la mort des hommes et de quelques femmes célèbres, sera faste : profusion de nourriture et d'alcool, cérémonies nombreuses et fabrication obligatoire de nouveaux masques.
Le petit dama concerne les pauvres et se limite à quelques cérémonies.
Cérémonie coûteuse en denrées et en bières de mil, les familles se regroupent pour organiser les damas, tous les 3 ou 5 ans.


Un rite codifié
Le dama comporte trois phases : l'organisation matérielle, notamment la préparation des repas et des boissons qui seront offerts à la communauté, la taille des masques et la confection des costumes de danse, et la cérémonie proprement dite. Le dama peut durer de quelques heures à 6 jours.
A chaque phase correspond des prières et des offrandes pour s'assurer des protections divines.
Le début du dama est annoncé par des rythmes joués sur les tambours. Puis les hommes sortent avec leur masque et se déplacent dans le village, en dansant et en chantant en langue secrète.
Pendant la période de dama, les interdits sont nombreux : interdiction de relations sexuelles pour les danseurs, interdiction de prononcer le nom du danseur et même de l'identifier sous son masque et autres interdits permettent de s'assurer de l'engagement de la communauté.

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De l'étude des masques rituels.
On doit la découverte des fabuleux masques dogons aux missions de recherches archéologiques et ethnographiques qui commencèrent au début du 20ième siècle.
En 1931, à l'initiative du Muséum national d'Hisoire Naturelle, une mission d'envergure font confiée à Marcel Griaude (la mission Djibouti-Dakar), et a donné lieu à un minitieux travail d'ethnologie. Le Docteur Griaude publia en 1938 une thèse sur les Masques Dogons, des mythes au langage spécifique des initiés le sigi so. Il a aussi étudié les différentes catégories de masques en les replacant dans leur contexte mythique et symbolique, mais sans nier le pouvoir créateur des sculpteurs. Marce Griaude explique aussi la théorie dogon de l'aura, qui à travers des rituels et des croyances diverses donne un sens spirituel à la vie et assure la cohésion sociale et la pérennité de peuple. Les artistes sont initiés à l'aura, ce qui ne les empêche pas de renouveler leur savoir faire et de rechercher d'autres formes plastiques.
Conscients de la mort, de la décomposition des corps, les Dogons cherchent avant tout à durer. En ce sens, comme l'a démontré Marcel Griaude l'art est une lutte contre la pourriture, le temps qui passe, la mort, physique et spirituelle de l'âme.
Marcel Griaude retournera en 1935 et en 1937 au Mali pour poursuivre ses études.

La société des Masques
Dans les régions de la falaise, tous les hommes adhèrent à la religion traditionnelle, l'awa. Ce terme désigne à la fois les costumes, les masques et l'ensemble des sociétaires.
Après la circoncision, le jeune homme est initié aux mythes des masques par ses aînés. Il ne pourra commencer à porter le masque qui lui correspond qu'après deux ans d'initiation, vers l'âge de 15 ans.
La société awa est hiérarchisée par l'âge. Les vieillards (mulono) forment un conseil de sages et transmettent leurs savoirs aux initiés (Olubaru) qui sont les chefs de la société des masques et qui assureront la pérennité des savoirs après la mort des anciens. Mais si les jeunes sont en bas de la hiérachie, pour maintenir un équilibre, ils ont rôle important de danseurs. L'awa est interdit aux femmes, à l'exception de la yasigine. On raconte que la femme mythique Yagemme introduisit les masques chez les hommes.

La légende de l'apparition des masques
Avant la migration qui fit quitter le pays mandé aux Dogons, une jeune fille s'éloigna du campement. Elle surprit les Andoumboulous, très petits hommes aujourd'hui disparus, qui fétaient leurs morts. Ces hommes étaient vétus de fibres rouges et portaient des masques en écorces ou en bois. La jeune femme chassa les petits hommes, et blessa le plus âgé, Albarga, qui ne peut s'enfuir. Elle vola les masques et les costumes. Rentrée chez elle, elle cacha son butin mais son mari lui reprit de force. Les hommes pensèrent que les masques des Andoumboulous étaient un moyen de domination sur les femmes. Ils se rendirent au camp des petits hommes et emmenèrent le viel Albarga qui délivra sa connaissance des masques.
Albarga expliqua aux jeunes dogons le danger de revêtir des masques sans initiation. Transformé en serpent, il surprit des jeunes en train de transgresser l'interdit et les insulta en utilisant la langue dogon et non la langue des esprits. Transgressant lui-même l'ordre établi, il perdit son pouvoir surnaturel et mourut, introduisant la mort dans le monde. Il envoya sur terre son "fantôme", le nyama. Pour le conjurer, il fallut tailler un grand masque, faire des offrandes et danser. Ainsi eut lieu le premier sigi.

Le nyama est une énergie impersonnelle, inconsciente, repartie dans toute chose : humains, animaux, végétaux, esprits. On pourrait parler d'âme même si le concept du nyama est plus subtil, parce qu'il comporte une notion d'équilibre et d'harmonie. Le nyama augmente avec l'âge.
Quand les hommes ont cessé d'être immortels, ils devinrent susceptible d'impureté et leur nyama perdit de sa force. Il ne fut plus capable de se défendre contre les nyamas des animaux chassés par les hommes. Sur les conseils des devins, les Dogons fabriquèrent alors des masques à l'image des animaux pour se protéger et faire circuler le nyama. De même lors des guerres, des masques de ennemis défunts furent sculptés. Pour fixer le nyama des défunts, les dogons sculptèrent aussi des masques pour les cérémonies du Dama qui est un rite funéraire qui a lieu après les cérémonies de funérailles et qui vise à accompagner le défunt dans l'au-délà, auprès de ses ancêtres.

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La révélation de la parole
Les premiers humains s'exprimaient par des cris et des grognements. Ils reçurent la parole de Nommo, le fils du dieu créateur Amma. La légende raconte que Nommo tissait des fils de coton en utilisant sa langue fouchue comme navette. Ce faisant , il parlait et sa parole se fixa dans le tissu, soy en dogon qui veut aussi dire parole. Le premier prêtre Binou Sérou la repercuta sur son tambour et la communiqua aux hommes.


Les dogons ont une conception très précise de la manière dont la parole se forme dans le corps. Ils assimilent les dents à la navette du tisserand. La parole est composée des quatres éléments primordiaux (feu, terre, air, eau). Elle chemine dans l'air suivant une ligne hélicoïdale qui est celle de la vibration. Elle entre ensuite dans l'oreille de l'auditeur se condense et devient eau qui irrigue le corps.
Les Dogons attachent une grande importance à la voix, et les échanges verbaux sont codifiés : formules de politesse, emploi réglementé des noms de famille, interdits. La parole "douce" résoud les conflits, et facilite la vie sociale. Ue voix nasale est associée à la mort, la mort étant la non-parole.

La parole et la voix sont aussi régulateurs des relations hommes-femmes. La femme est vénérée en raison de son pouvoir fécond. Elle est donneuse de vie, pourvoyeuse d'eau et de nourriture. Mais on la considère aussi comme responsable des conflits et des querelles qui troublent l'ordre social, en liaison avec l'inceste de la légende. Toutefois le peuple dogon préconise la "bonne parole" entre les époux, l'harmonie. Les bijoux rituels (anneaux de nez, de lèvres, boucles d'oreilles) protègent contre les mauvaises paroles. Culturellement les Dogons sont bigames, avoir plusieurs femmes et donc plusieurs enfants assurant la survie du clan.

L'organisation totemique
Les 4 jumeaux descendus avec l'Arche fondèrent le peuple dogon, et ces quatre institutions.
Le premier jumeau Amma Sérou, représentant l'élément air fonda l'ordre des patriarches ou du chef, qui doit honorer l'autel des ancêtres qui est présent dans sa grande maison.
Le second jumeau Binou Sérou, élément eau, fonda l'ordre des prêtres qui honoreront les ancêtres totemiques.Chaque clan doit respecter un "ancêtre" symbolisé par un animal ou un végétal.
Le troisième jumeau Lébé Sérou qui mourut et ressucita sous la forme d'un grand serpent est associé à la terre et au cycle des saisons. Son prêtre, le Hogon est le plus vieil homme de la tribu, sorte d'autorité morale et religieuse qui veillera aux respects des cultes des semaillles. Même si son autorité est vaste, il protège et conseille l'ordre des cultivateurs.
Enfin le dernier jumeau Dyongou Sérou, élément feu, est aussi le premier humain à avoir fauté. C'était aussi le dépositaire de la médecine (et donc des plantes médicinales et autres rites de soin) qui fondera l'ordre desguérisseurs. Son culte est célébré par la société des Masques. Chaque garçon entre dans la société des masques après la cérémonie de la circonsition. Les femmes en sont exclues. Dyongou est associé à Yourougou, le Renard Mythique, qui provoqua le désordre. L'anniversaire de la mort de Dyongou est commémoré tous les 60 ans, lors d'une cérémonie spectaculaire nommée Sigui. La dernière a eu lieu en 1974. Elle marque le renouvellement des générations. Chants, danses, port des masques rituels se succèdent.

Enfin le Renard Yourougou est également fêté et honoré dans sa fonction divinatoire. Il possède son autel et des tables de divination que consultent les devins.

L'équilibre du monde
Pour les Dogons, le monde est porteur de sens. La parole a été donnée à l'homme par le Dieu Créateur. Il y aussi l'autre parole, la "parole invisible" qui s'exprime dans les formes de la nature et que l'homme doit apprendre à connaître et interpréter.
Les dogons répartissent les éléments du monde en 24 familles, ce chiffre étant fondé sur un découpage symbolique du corps humain. Il y a 24 familles de plantes, d'animaux, d'insectes, mais aussi de tissus ou de rythmes musicaux. Les voix humaines sont aussi classifiées, les 24 bonnes paroles sont associées au jumeau Nommo (les voix douces, les remerciements, les confidences), les 24 mauvaises à son frère Yourougou (les mensonges, les fausses promesses, les voix nasales, les contradictions). Chaque parole est associée à un animal, à une plante, à un mythe et à un signe graphique.

Les Dogons pensent que le dieu créateur a mis un ordre dans l'Univers et que cet ordre est régi par des lois que l'homme doit respecter, pour maintenir l'équilibre. Tous les mythes, toutes les cérémonies visent à préserver le grand équilibre cosmique, mais aussi à expliquer à l'homme la place qu'il occupe dans ce monde.